À La Recherche Du Temps Perdu*********Hamlet de William Shakespeare

Publié le 27 avril 2022 par Hunterjones

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour la cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire, c'est s'ouvrir les sens. C'est plonger dans la tête d'un(e) autre. C'est accepter d'explorer des univers et des gens qui ne nous sont pas nécessairement familiers. C'est aussi s'exposer à des visions, découvrir des mondes, sentir de nouvelles sensations, c'est tester ce à quoi on croit, c'est changer sa manière de penser, valider ou pas des choses déjà réfléchies. C'est apprendre à respirer sur le rythme d'un(e) autre. 

Et respirer, c'est vivre.


HAMLET
de WILLIAM SHAKESPEARE.

(Ou Francis Bacon, Christopher Marlowe, Edward de Vere, 17ème compte d'Oxford).

Écrit entre 1599 et 1601, on se serait inspiré d'une saga légendaire scandinave du XIVème siècle. Hamlet est visité par le fantôme de son père qui lui parle de la raison de sa mort, son assassinat par son propre frère, Claudius, qui a ensuite épousé la mère (veuve) d'Hamlet et pris le trône. Il lui suggère de le venger. 

Shakespeare est aussi poète que formidable des mots. Les jeux de mots, dans la langue originale anglaise, sont multiples. Les références, partout. L'humour contient plusieurs degrés. Will est maitre des intrigues parallèles. Il n'écrivait pas de livres, de pamphlets ou des épopées. Il écrivait des tragédies, des comédies, des pièces de théâtre. Le rythme est succinct et rapide. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, ça vient de là. Will écrivait en respectant l'intelligence de son public. Il faut aussi comprendre l'aspect politique de ses écrits. Ceux qui connaissent le climat politique de l'époque comprendront que Hamlet peut être aussi vulgaire et frondeur qu'un épisode de South Park ou des Simpsons l'aura été de nos jours

Et il était coquin comme dans cet extrait:

Hamlet: Shall I lay on your lap ?, Ophélia: No, my Lord. Hamlet: I mean, my head upon your lap ? Ophélia: Ay, my Lord. Hamlet: Do you think I meant country matters ? Ophelia: I think nothing, my Lord. Hamlet: That's a fair thought  to lie between maid's legs. Ophélia: What is, Lord ? Hamlet: Nothing

Il fait aussi régulièrement référence à la mythologie, mais il ne faut pas s'y connaitre pour savourer son intrique qui place Hamlet dans trois phases distinctes. Il ne commence pas la pièce psychopathique, mais le devient. Il vit aussi un sentiment de désir (envers sa propre mère) réprimé. Freud en fera sa salade quand viendra le moment d'exposer ses théories du Complexe d'Oedipe. Et au final, il est en lutte envers sa propre conscience, doit-il faire ce qu'il s'apprête à faire ? est-ce moral de le faire ? la remise en question est totale. Et intense. Le schéma narratif de Hamlet a été reproduit des milliers de fois depuis plus de 420 ans. Shakespeare est inspiré et inspirant pour ce titre. Ce sera le plus grand succès qu'il connaîtra de son vivant. Son talent pour l'aphorisme ne peut pas être continuellement nié. 
Trois versions ont été écrites, voilà pourquoi on pense que plusieurs ont signé ces oeuvres. Des scènes entières sont parfois omises, ajoutées, des personnages. On attribue souvent la version à Will à celle qui inclut le King James. C'est la plus belle version.

Son approche indirecte, dans son univers parfois gris, fait de son écriture la parfait représentation d'un monde incertain et injuste. Personne n'est réellement ni bon, ni mauvais. Et même si ils l'étaient , il n'y aurait aucune manière de le prouver dans son texte. 


Je ne sais pas si ça fait de lui le moins poignant des auteurs, ou encore si l'absence de la présence trop sentie de l'auteur, dans le texte, en fait le plus brillant et futé des observateurs. En fait je penche largement pour la seconde option. 

Astucieux, intelligent, ingénieux, judicieux, amusant, existentiel ("Être ou ne pas être? telle est la question" )et même nettement sale.

Un régal. 

Indémodable.