Solène Bakowski – Il faut beaucoup aimer les gens

Par Yvantilleuil

Eddy Alune est un homme taciturne et solitaire, voire même limite antisocial. Gardien de nuit, il passe ses nuits en compagnie de la voix de Luciole, une animatrice radio qui accompagne les âmes solitaires de 1h à 5h du matin. À la mort de son père, Eddy se souvient d’un autre cadavre, celui d’une SDF dont il a découvert le corps dans la rue en se rendant au collège vingt ans plus tôt. Alors âgé de onze ans, il lui avait dérobé ses effets personnels avant l’arrivée de la police… et les retrouve en vidant l’appartement de son père. Poussé par la culpabilité, il décide de restituer l’histoire de cette femme morte dans l’indifférence générale et enterrée sous X…

Armé d’un magnétophone, il part d’abord à la recherche de personnes qui auraient pu la connaître, puis décide d’envoyer les cassettes des interviews à cette animatrice radio qu’il écoute chaque nuit, en espérant pouvoir combler les blancs…

Au fil de cette enquête, Solène Bakowski (« Une bonne intention », « Sans elle / Avec elle ») tisse des liens entre les personnages qui ont côtoyé cette inconnue, tout en la sortant progressivement de l’anonymat. Invisible au moment de sa mort, cette vieille dame sort doucement de l’ombre, reçoit un nom et prend de l’épaisseur à travers les souvenirs de ceux qui ont croisé son chemin… pour finalement constater qu’avoir une vie riche, n’empêche pas forcément de mourir seule et sans rien.

Ce que j’aime chez Solène Bakowski, c’est rencontrer les personnages qu’elle met sur ma route et, à ce titre, ce nouveau roman offre à nouveau une galerie de portraits foncièrement humains et attachants, avec une petite préférence pour ces deux jumeaux qu’Eddy croise tout au long de son enquête. Au niveau de la forme, je trouve par contre que le fait de narrer une grande partie des rencontres à travers des cassettes enregistrées par Eddy et diffusées via une émission radio ajoute une distance inutile entre le lecteur et les personnages. Même si je préfère quand l’autrice reste au plus près de ses protagonistes, sa plume sensible et délicate est de nouveau parvenue à me séduire, tout comme ses personnages.

Il faut beaucoup aimer les gens, Solène Bakowski, Plon, 364 p., 18€

Elles/ils en parlent également : Yvan, Audrey, Valmyvoyou, Cassiopée, Jess, Mavic, Aurore

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