Le marché du conseil et des études réinvente son modèle à l'aune de nouvelles réalités

Publié le 08 juin 2022 par Vincentpaes
Le monde du travail, profondément bouleversé par la pandémie de Covid-19, se réinvente depuis 2 ans autour d'une nouvelle normalité, dans laquelle les modèles d'organisation hybride sont devenus la norme. Confrontées à la pénurie de talents, ainsi qu'aux nouvelles aspirations des consultants et exigences RSE de leurs clients, les sociétés de conseil et d'études sont entrées dans une phase de transition. Dans le cadre de son étude annuelle, Syntec Conseil a choisi de les interroger sur les défis auxquels elles sont actuellement soumises, ainsi que les orientations qu'elles suivent pour les relever. Mixant une méthodologie à la fois qualitative et quantitative, ce travail éclaire et nourrit la réflexion engagée par le secteur dans de nombreux domaines. Avec près de 12 % de croissance en 2021 et une prévision 2022 autour de + 10 %, le monde du conseil et des études se porte bien. Les effectifs devraient également augmenter de 10 % en moyenne dans les branches du conseil, excepté pour les études, qui ne tablent que sur 3 % de progression. L'an dernier, la demande a été impulsée par un effet de rattrapage et le besoin de transformation des clients. Le marché a toutefois été freiné par sa capacité à disposer des ressources pour produire.

Malgré l'attentisme traditionnel qui précède les périodes électorales (présidentielle et législatives), la demande de conseil continue d'être soutenue par les besoins clients en ce début d'année. Toutefois, la confiance des dirigeants dans l'avenir perd presque 2 points, à 6,9/10 au 1er trimestre 2022 contre 8,4/10 à la même période en 2021. Sans doute est-ce dû aux risques associés aux différentes crises actuelles (énergie, inflation, guerre en Ukraine), qui rendent incertaines les prévisions sur les prochains mois.

  Dans les métiers du conseil et des études, comme chez la grande majorité de leurs clients, la tension sur les ressources humaines est palpable. Les candidats sont sursollicités et se montrent particulièrement exigeants. Cette situation a pour conséquence directe d'entrainer une tension sur les rémunérations.

Par ailleurs, la quête de sens est toujours aussi prégnante et les jeunes talents plus volatils que jamais. À cette difficulté s'ajoute celle de la fidélisation des consultants déjà en poste, qui font part, à leur tour, de nouvelles exigences. Ceux qui ne se retrouvent plus dans le modèle salarié se lancent à leur compte pour retrouver une forme de liberté professionnelle et personnelle, quand d'autres choisissent de se reconvertir dans une autre voie. Nombreux sont également ceux qui font le choix de quitter les grandes agglomérations pour apprécier une vie plus paisible dans des villes moyennes ou à la campagne. Aujourd'hui 30 % des salariés de sociétés de conseil et d'études de moins de 100 personnes sont domiciliés en région. 
Cette nouvelle organisation du travail oblige les sociétés de conseil et d'études à remettre en question leurs modes de fonctionnement, pour redevenir attractives. Elles encouragent la mobilité de leurs consultants, favorisent l'intrapreneuriat ou encore promeuvent l'actionnariat.
Conscientes de l'importance de se mettre à l'écoute de leurs consultants, les sociétés de conseil et d'études renforcent encore leur processus d'onboarding pour le rendre toujours plus efficient et engageant. Le parrainage et l'intégration des jeunes dans les équipes de travail sont systématisés, afin de les placer, dès le départ, dans une dynamique collective. Enfin, le management par la confiance, qui redonne de l'autonomie aux équipes, s'installe durablement.

 
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Challengées par leurs clients, ainsi que par leurs collaborateurs, les sociétés de conseil et d'études se remettent en question pour agir concrètement en matière de RSE. 36 % d'entre elles déclarent ainsi avoir formalisé cette démarche pour limiter les impacts internes : politique sociale, réduction des transports et mécénat de compétences. De fait, les actions menées dans ce domaine apparaissent comme une réponse à la quête de sens des collaborateurs pour renouer avec la valeur travail et adhérer à la culture de l'entreprise. Outils de mobilisation en interne, elles servent aussi la demande croissante en matière d'engagements sociaux et environnementaux dans les appels d'offres. Ainsi, les chantiers autour de la raison d'être et le travail sur la réputation se renforcent. Les sociétés du conseil et des études veillent à se situer en bonne place dans les baromètres et sites de notation d'entreprises, très consultés par les nouveaux talents. 

La RSE se présente également comme une nouvelle terre d'opportunités business, avec un besoin d'accompagnement qui se renforce chez les clients sur ces sujets (empreinte carbone, taxonomie, impact du numérique). L'occasion pour les sociétés de conseil et d'études de renouveler leurs contenus dans ce domaine, afin d'aider les entreprises à progresser sur ces problématiques. Certaines intègrent nativement à leur réflexion et à leurs offres cette dimension RSE. Dans cette démarche, les grosses structures sont clairement plus avancées que les autres. Sur le total de l'activité des sociétés de conseil et d'études, la part relative des missions à forte composante RSE pourrait atteindre 10 % en 2022 en moyenne, contre 5 % en 2020.
  Paradoxalement, alors que ces 18 derniers mois les entreprises n'ont jamais autant douté, leur intérêt pour les prestations de conseil a été renforcé. Plutôt que de les challenger, les entreprises ont préféré s'appuyer sur leurs partenaires historiques pour traverser la crise et répondre aux mutations profondes qui secouent la société. 

Des liens plus étroits se sont tissés, qui ont conduit à de meilleurs anticipation et cadrage des besoins, permettant ainsi d'apporter des réponses toujours plus adaptées. Ce rapprochement a également conduit les entreprises-clientes à solliciter leurs partenaires sur d'autres compétences, contribuant à maintenir, voire à développer l'activité de ces sociétés.
Dans le conseil en stratégie et management, on assiste également à une remise à plat du mode de facturation. Une réflexion s'amorce sur l'abandon du mode régie au profit du mode forfait. Enfin, on voit également émerger une rémunération plus variable sur les gros projets, qui va cette fois dépendre du résultat des missions. Un modèle qui renforce la collaboration autour d'objectifs financiers partagés, avec néanmoins un risque identifié au niveau de la marge. 
 
« Face à un choc de culture et de générations, notre étude annuelle démontre que les sociétés de conseil et d'études font tout ce qu'elles peuvent pour s'adapter. Nous devons faire en sorte que nos métiers continuent de faire rêver les jeunes diplômés mais aussi ceux qui évoluent à nos côtés depuis plusieurs années. Cela nous oblige à repenser nos process et notre management, afin de les rendre plus flexibles et engageants. Au sein de Syntec Conseil, nous envisageons de lancer prochainement un grand chantier autour de l'attractivité de nos modèles, dans le but d'apporter des réponses concrètes à nos membres pour relever ce défi majeur. En parallèle, nous souhaitons continuer à mobiliser les acteurs du conseil et des études sur la RSE, tant en interne qu'en externe », conclut Matthieu Courtecuisse, Président de Syntec Conseil.