Le Bournat, village musée

Publié le 12 août 2008 par Argoul

Le Bournat est un village périgourdin paysan où l’on a reconstitué les scènes de la vie traditionnelle de la fin 19ème. Une locomobile sert par exemple de batteuse à vapeur ; elle devait être tirée par six chevaux lorsqu’on la déplaçait. Les paysans l’avaient surnommée « l’Ardente » pour ses halètements au travail. Ils avaient de l’humour, nos paysans - mes ancêtres- en lorgnant les Fanchons.

Quelques invraisemblances sentent la reconstitution clinique : un jeune chercheur d’écrevisses porte une blouse qui n’a jamais roulé dans l’herbe ;

 

l’enfant pêcheur de grenouilles a encore tous ses boutons de chemise ; un paysan dépoitraillé se protège du soleil sous sa charrette à foin au lieu de se barricader contre « les vents mauvais » ; dans l’école, les élèves sont trop propres et trop neufs, trop appliqués pour leur âge.

Nous pouvons voir une tablée paysanne, une chambre à coucher, une noce, des instruments aratoires, d’autres d’artisans, et toutes ces choses sur le thème à la mode – mais qui est beaucoup cultivé en Périgord - du « bon vieux temps ». L’âge d’or est un mythe régressif. Comme si le travail était une morale, les fruits de la terre une récompense pour suivre religieusement l’ordre régulier des saisons et les commandements des dieux. Il serait exigé d’y participer par sa peine, le savoir étant une démesure punie par la souffrance. L’agriculture, un paradis ? C’est un fantasme d’intellectuel urbain qui rêve d’écologie utopique, du mythe de la bonté sauvage, d’une fin à l’histoire. Ceux qui sont nés paysans et ont vécu à la terre tout petits n’ont qu’une aspiration : fuir. Tous ceux qui l’ont pu se sont empressés de laisser « la terre » et « la campagne » à ceux qui ne pouvaient pas. Ainsi mes deux grands-pères.

Ils désiraient « évoluer », s’élever dans la société certes, mais surtout sortir de l’ignorance et de la superstition des campagnes. Pour cela, il fallait acquérir le certificat d’études primaires et partir travailler à la ville. C’était un déracinement car tout y était différent, la langue, les mœurs, le vêtement, l’habitat. Mais ils s’en sont sortis, comme les immigrés peuvent le faire aujourd’hui, contrairement au paternalisme de bon ton dans l’ambiance « catho de gauche » qui imbibe les élites françaises. Mes deux grands-pères l’ont pourtant réussi, dont l’un né à Bussière-Galant et marié à La Coquille, dans le nord du pays d’ici.

On peut donc aller à ‘Pécoreland’, mais comme on va au musée, pas comme on va au Club Méd ! Le Bournat est un site intéressant et bien fait pour montrer aux enfants comment vivaient leurs vieux d’avant 14, ceux qui ont fait la Grande Guerre.

Le Bournat site officiel
Le Bournat autre site
Le Bournat, gentille vision scolaire