(Note de lecture) Jacqueline Merville, Le courage des rêveuses, par Eric Villeneuve

Par Florence Trocmé


A titre de vie perdue
peut-on sortir du coma
quand on y est tombée
malade de l’inconnu
poignante stupeur
sorte de maître inversé
qui vous laisse
consciente
mais vide
et si oui

comment retrouver
un nom à soi

à travers des plaines
sans mémoire
ni directions
 
faut-il
s’armer de courage
ou bien

passer en mode
rêveuses
à un « soi »
de ralliement
toutes arrivant d’un coup
comme pour offrir l’essence de leurs prénoms
aux plantes de la terrasse     Annie
dont on n’a jamais su le nom     Helena
      Salima
      Yoko
      Myriam
      Lol

et pourquoi pas les deux

« Le courage des rêveuses »
quel vaillant remède
à l’horizon
mais un spectre large
ne doit pas
faire oublier
l’exiguïté de

l’époque partagée par tous

car c’est une
voix qui monte
dans une pandémie
histoire de camp
ombre portée
d’un cataclysme
ce virus sans nom
pure réminiscence
du tsunami
dont on
fut le fétu
ainsi va la contamination
quand elle naît de la démesure
infligée au moindre
espace d’eau
« Black Sunday »
enflement gigantesque des océans
à titre de vie perdue

Eric Villeneuve, d’après Jacqueline Merville

Jacqueline Merville, Le courage des rêveuses, Des Femmes-Antoinette Fouque, 2021, 80 p., 10€.