Récit de l'éclipse du 1er août 2008 en Altaï, Sibérie

Publié le 12 août 2008 par Jazzon

Ce séjour organisé par le voyagiste GNGL était fabuleux, et je raconte ici seulement ce qui concerne l'astronomie, les paysages grandioses et autres histoires fabuleuses appartenant à mon souvenir.

Après trois jours trois nuits de transsibérien sous la canicule (jusqu'à 38°C), nous arrivons à Biisk.

La veille de l'éclipse, nous visitions la ville et nous avons essuyé une tornade, les branches d'arbres volèrent, les nuages se vidèrent d'un coup, la poussière volait et empêchait presque de voir le côté opposé de la rue.
Ce n'était pas de très bonne augure pour l'éclipse du lendemain, et pourtant...

Le jour J, quelques deux heures de route pour se rendre à 80km au sud de Biisk où les statistiques annoncent 55% de chance de beau temps.
Effectivement, le ciel bien dégagé jusqu'à midi s'est comme à l'accoutumée empli de nébulosités nous laissant ainsi plus qu'une chance sur deux d'observer l'éclipse.

Nous étions seuls, les dix personnes du groupe : les sept touristes Alain, Anne, Guy, Caroline, Martine, Gérard et moi-même, le chauffeur fou et as du volant Yevguéni, la guide sur-énergisée Natalia, et la ravissante interprète Yana.
Seuls sur ce site d'observation, dominant la campagne environnante et les montagnes au loin, dans un isolement jouissif.

Légèrement en altitude à 361m selon mon GPS, alors que le matériel déjà en place attendant l'instant ultime, je me rappelle m'être dit à ce moment là : "quel pied d'être ici".


Puis la phase partielle débute vers 16h40 locales, j'utilise ma lunette. Et Guy observe les protubérances solaires avec son PST Coronado.

La lune grignote peu à peu le disque solaire, mais les nuages gagnent du terrain. Le vent est régulier est je l'estime entre 20 et 30km/h. Dix minutes avant la totalité, le soleil est complètement obscurci par les nuages (obscured by the clouds chanterait Pink Floyd).
Le stress et le désespoir s'intensifient, les paroles deviennent pessimistes, mais le ciel bleu arrive à trouer ces nuages par endroits multiples.
A 3 minutes de la totalité, le ciel est alors très sombre, la température n'a pas trop diminué, le vent tombe, les nuages autour du soleil agonisant donnent une dimension surréaliste et post-apocalyptique au spectacle.

Puis les nuages se dispersent un peu, mais restent très présents, quand la totalité débute par la vision du fameux diamant ( le dernier rayon de soleil avant la totalité ), j'entends des cris de joie, je suis alors scotché, tremblant, plein de frissons, la gorge nouée presque l'envie de pleurer... le soleil noir.

La planète Venus apparaît très brillante et assez proche du Soleil, vision céleste unique encore une fois.
Notre site d'observation nous permet d'avoir ce panorama à 360° si unique, l'horizon se pare d'une couleur orange fluorescente, tout ce paysage est sublimé finalement par la présence des nuages, c'est la nuit diurne, ou le jour nocturne comme vous préférez.

Les interjections volent de nos bouches, tout le monde est très enthousiaste et l'émotion est à son comble, je prends des photos avec mon Kodak Bridge P850 Easyshare à l'aveuglette préférant profiter du spectacle.
Puis j'en profite pour jeter un oeil dans ma lunette 80ED où le soleil m'apparait dans sa globalité.
La couronne solaire est alors parfaitement visible, et une vision féérique d'une protubérance solaire à la couleur rose orangée, ce jet de flammes s'éjectant du Soleil, je ne regarde que 15 secondes environ laissant la place à Martine, Alain, et Guy (qui ne s'est plus à quelle optique se vouer jumelles, lunette, ou les yeux simplement ?) et se régalent à leur tour.

Mes yeux sont fixés sur l'éclipse, passage nuageux de dix secondes, le couple lune-soleil réapparaît, puis le spectacle prend fin en nous montrant le deuxième diamant (premier rayon de soleil ayant la forme de diamant juste après la totalité), et les 2mn16s de totalité s'achèvent ainsi.
La phase d'éclipse partielle continue donc, le vent se relève, la lune terminant de passer devant le Soleil. Cependant, nous n'avons le loisir de n'observer cela que très peu de temps car les nuages sont dorénavant bien là, et nous ne verrons plus le Soleil jusqu'à la fin.

Autant dire que la chance était avec nous ce jour-là (ou cette nuit-là).


C'est de loin ma plus belle éclipse à ce jour, j'en suis encore frissonnant à y repenser. Deux minutes belles à pleurer...


Vous pouvez récupérer les deux fichiers compatibles avec Google Earth :

- le tracé de l'éclipse issu du site de Xavier Jubier
http://dl.free.fr/pGyQKcMbm/TSE_2008_08_01__4867be138908c.kmz
- le site exact de l'observation enregistré à l'aide de mon GPS
http://dl.free.fr/qzLMtf30F/2008-08-01Siteobservation.kml

Dans Google Earth, il faut faire Fichier / Ouvrir et sélectionner les fichiers souhaités.
Attention ces fichiers ne sont disponibles que provisoirement (durée de 30 jours). S'ils ne sont plus accessibles, contactez-moi directement.

- et ici les circonstances exactes de l'éclipse sur le site d'observation (cliquez pour agrandir)


Je vous invite vivement à lire le récit de Guy alias Jeff Hawke sur le forum Webastro avec sa plume inimitable.
Partie 1
Partie 2
Partie 3 bientôt disponible

J'espère que vous serez alors convaincu de la beauté du phénomène qui est avant tout un spectacle de la nature, nul besoin d'être passionné d'astronomie pour l'apprécier.