Greta a ressuscité Einstein, de Jean-Paul Oury

Publié le 25 octobre 2022 par Francisrichard @francisrichard

Dans le volume précédent de cette trilogie, dont le prochain se propose de dire où s'arrête la science des ingénieurs et où commence celle des législateurs, Jean-Paul Oury expliquait qu'en appelant à la grève des cours, Greta Thunberg envoyait un signe fort de protestation à l'égard de notre civilisation basée sur la connaissance.

Quatre technologies étaient particulièrement ciblées et présumées coupables: les OGM, l'énergie nucléaire, les mauvaises ondes, le glyphosate. Or, dans ce volume, l'auteur prend acte que Greta semble avoir opéré un revirement: elle est allée prêcher devant les instances internationales en les suppliant d'écouter la science.

Or, malheureusement, ce revirement n'était qu'une manoeuvre: Si Greta (et son entourage) a décidé de ressusciter Einstein, c'est parce qu'elle s'est rendu compte, en fine politique, qu'il était astucieux de parler en se recommandant de la science. Ce n'était donc pas une conversion, hélas, mais bien une instrumentalisation.

LES SOPHISMES UTILISÉS POUR INSTRUMENTALISER LA SCIENCE

Dans ce volume, l'auteur imagine cinq types de régimes politiques: la Climatocratie, la Covidocratie, la Biodiversitocratie, la Collapsocratie et l'Algorithmocratie. Ces régimes, chacun dans son domaine (climat, Covid, biodiversité, effondrement, mise en place d'algorithmes), utilisant les mêmes sophismes:

- Affirmer l'existence d'un consensus ou d'une vérité indépassable afin de faire taire toute opposition

- Moraliser le débat et diaboliser le camp adverse

- Repousser indéfiniment les limites sans donner d'ordre de grandeur précis

- Biaiser l'expérience afin d'accroître le sentiment de peur.

- Réduire les problèmes à un seul.

LE CONSENSUS

Pour le climat, le consensus ne se discute pas: il y a une doxa climatique catastrophiste (l'homme étant à l'origine du changement climatique par ses émissions de CO2) en dehors de laquelle il n'y a point de salut, sinon des coups à prendre, parce que ce serait de la désinformation que de la contredire, ce qui est pourtant la marque de toute démarche scientifique.

Pour la Covid, le consensus ne se discute pas non plus : pour lutter contre la pandémie, il n'y a pas d'autres moyens que les mesures de contrainte, telles que les confinements, et la vaccination, en dehors desquels il n'est pas d'autres solutions, sauf à être considérés comme des négationnistes ou des complotistes.

Pour la biodiversité, le consensus de la sixième extinction ne se discute pas davantage: des espèces disparaissent tous les jours à cause de l'homme et le phénomène s'accélère. Il n'est pas question de laisser dire que d'autres espèces apparaissent et que des prédictions catastrophistes passées ont été démenties par les faits. 

Pour les collapsologues, l'effondrement de la société industrielle est indiscutable, même si, pour leur démonstration, ne sont retenues que les données qui le corroborent et sont rejetées toutes celles qui, au contraire, ne confirment pas du tout que la civilisation occidentale mène les hommes à leur perte.

Pour ce qui est des algorithmes, ils seraient indiscutablement p.ex. la meilleure façon de permettre aux individus de mieux consommer pour leur santé en matière de diététique, en édictant des règles applicables à tous, alors que, de plus en plus, il s'avère que l'individualisation, c'est-à-dire le sur-mesure, lui est de loin préférable.

LE BIEN ET LE MAL

En matière de climat, il y a les bonnes et les mauvaises énergies. Bonnes sont celles qui - c'est subjectif - ont le moins d'impact de l'homme sur la nature, mauvaises, les autres. La démarche n'est donc pas scientifique, mais politique.

En matière de pandémie, il y a les bons et les mauvais traitements: les nuances ne sont pas de mise. Se poser des questions sur ceux qui sont présentés comme bons, tels que les vaccins, c'est s'exposer à être traités de complotistes. S'opposer aux passes, quels que soient les arguments, c'est s'exposer à être traités d'irresponsables.

En matière de biodiversité, la principale menace est le méchant profit, ce qui est un déni de la réalité économique: Si le souci du profit est mesquin et ridicule, on doit donc conclure qu'il est noble et intelligent de monter une affaire pour perdre de l'argent. Et sans se demander qui finalement comble le déficit (Raymond Ruyer, in Éloge de la société de consommation)

En matière d'effondrement, les collapsologues appartiennent au camp du bien et les industriels à celui du mal: pour le collapsologue, l'objectif est moins la résolution desdits problèmes [environnementaux] que de blâmer notre civilisation, voire de contester à la science et à la technologie la capacité de résoudre ces problèmes parce qu'elles en seraient à l'origine.

En matière d'algorithmes, il s'agit de rééduquer les hommes pour qu'ils adoptent des comportements vertueux définis par l'État moderne, l'empreinte carbone étant un de ces paramètres qui permet de les évaluer et qui est calculé de telle sorte que seule une attitude décroissante permet d'en avoir de tels. 

CONCLUSION

Les trois derniers sophismes découlent des deux premiers: quel que soit le domaine, l'homme n'en fera jamais assez parce que tout ce qu'il fait est mal, par définition; en lui refusant de chercher des solutions différentes et en ne lui laissant le choix que de faire des sacrifices plutôt que d'être créatif, l'homme ne peut qu'avoir peur de catastrophes à venir contre lesquelles il est empêché d'agir; en réduisant les problèmes à un seul, en définitive le salut de la planète, l'homme n'est pas près de se sauver.

Aussi Jean-Paul Oury n'est-il guère optimiste quand il constate que l'élite mondiale (majoritairement européenne, mais pas seulement) a pour objectif:

Gouverner grâce à la Science afin de bloquer l'humanité dans toutes ses initiatives, car elles ont toutes un impact négatif sur le système terre.

Il y a toutefois une lueur d'espoir. Car il n'est pas dit que les classes moyennes et le peuple se laisseront domestiquer par cette élite qui veut légiférer au nom de La Science, et au mépris des libertés. Encore faudrait-il qu'ils se réapproprient les règles de la science et de la raison... Ce n'est pas gagné...

Francis Richard

Greta a ressuscité Einstein, Jean-Paul Oury, 256 pages, VA Éditions

Volume précédent:

Greta a tué Einstein (2021)