Le voilà donc, comme souvent les très grands talents, au centre d'un petit cercle d'amis qui l'entourent et le confortent et de quelques rabbins et médecins qui l'accompagnent dans ses échappées intellectuelles. Par bonheur, par miracle, il traduit ces divagations en tableaux tous plus surprenants les uns que les autres. Il distend alors les formes avec un brio qu'on n'a pas connu depuis le Greco, hystérise les êtres avec une force qu'on ignorait depuis Goya ou Picasso. Décidément il y a du génie espagnol chez ce Français.
A cela s'ajoute une inventivité de chaque élément de ses oeuvres, une liberté absolue de ton et de composition, une exigence du moindre détail.
Sans doute me trouvera-t-on exagéré mais peu importe : Gérard Garouste est, parmi tous ceux dont j'ai pu voir les oeuvres, l'artiste vivant le plus original et puissant. C'est un fulgurant talent expressionniste digne des Espagnols précédemment mentionnés, de Van Gogh et même de Bosch avec qui il partage la minutie dans le délire.
Combien de temps faudra-t-il pour que la France réalise qu'elle abrite l'artiste le plus important au monde?