Mission spatiale Phoenix, Tucson Arizona et la NASA

Publié le 14 août 2008 par Raymond Viger

Mission spatiale Phoenix, Tucson Arizona et la NASA
Denise Proulx – Agence Science-Presse

(Tucson, Arizona) « Fabuleux, extraordinaire, incroyable! C’est un moment unique de ma vie », lance après une hésitation, l’un des membres du groupe d’ingénieurs de l’Imperial College de Londres, ayant travaillé à l’ajustement des deux caméras qui assureront la retransmission des images captées par la sonde Phoenix. « Nous l’avons fait, nous l’avons fait! » s’est exclamée en larmes Sara Hammond, responsable des relations avec le public pour l’Université de l’Arizona (UA).
Il ne restait plus rien du silence tendu qui avait subitement recouvert la grande salle du Science Operations Center, quelque 1 h 35 avant l’atterrissage de Phoenix sur la planète Mars. Les cris, les applaudissements, les accolades réunissaient en une seule grande famille les 300 scientifiques, leurs familles et les journalistes invités à assister à l’événement. Certains ont sorti le champagne et l’ont partagé sans distinction avec tous, amis ou collègues. « Je viens de trouver un emploi », répétait en sautillant un scientifique qui visiblement en déduisait que son contrat de recherche serait renouvelé. « La mission de Phoenix va faire connaître la ville de Tucson à toute l’humanité, même si c’est une toute petite ville perdue au milieu du désert de l’Arizona », se réjouissait deux heures auparavant Joaquin Ruiz, le recteur de la Faculté des sciences de l’UA, alors qu’il circulait dans les salles du Musée des arts qui, complice avec les scientifiques, avait organisé des activités pour le public.

Éduquer à l’astronomie

Dans les faits, l’Université de l’Arizona, grand maître d’œuvre de la recherche réalisée par Phoenix et où seront concentrées les données brutes recueillies par la sonde spatiale, avait orchestré la tenue de dizaines d’événements afin que le public puisse sentir l’importance de cette mission, jugée tout aussi importante que la conquête de la Lune en 1968. « L’atterrissage de Phoenix est une occasion exceptionnelle pour nous de créer un engouement pour les sciences chez les enfants. C’est très important d’éveiller leur conscience et leur imagination quant à la recherche spatiale », enchaîne le recteur de la faculté des sciences.
Tucson, installée en plein désert de l’Arizona, surfe sur sa réputation de lieu exceptionnel pour l’observation des étoiles. La pollution nocturne est bloquée par les montagnes qui entourent la ville et certaines, comme le Mount Lemmon, offrent des lieux de qualité pour y installer des observatoires de recherche. C’est aussi à l’UA que la recherche en astronomie est à son meilleur sur le territoire américain. Ce sont ses chercheurs qui ont développé le télescope Hubble et c’est dans ses laboratoires que se poursuivent les expériences de seconde génération.

Le recteur Ruiz s’intéresse donc à renouveler le bassin de chercheurs en ce domaine. « Nous avons des relations privilégiées et nous développons des dizaines de projets avec les écoles primaires et secondaires de la municipalité. Nous sommes aussi très ouvert à partager nos informations avec le milieu des arts, qui nourrit l’imaginaire des enfants et de leurs parents », complète le chercheur.

Pas étonnant donc que l’animation, le jour de l’atterrissage de Phoenix, que ce soit au Planétarium ou au Musée des arts, ait été confiée à des adolescents. « Lorsque je rentrerai à l’université, j’irai en astronomie », a d’ailleurs spontanément lancé Marcos, un jeune de 14 ans, à la fin de sa journée au Planétarium.

Des artistes se sont mêlés aux festivités. L’auteur de livre pour enfants, Chriss Gall, a profité de l’atterrissage de Phoenix sur Mars pour présenter en prélancement son livre « There is nothing to do on Mars », lequel raconte l’histoire d’un jeune garçon qui déménage sur Mars avec sa famille. Dans une autre salle du Musée des arts, un groupe d’enfants découvraient la collection de timbres des différentes missions spatiales, entreprises par les États-Unis depuis le milieu des années 1950. L’artiste peintre Robert McCall offrait, de son côté, une série de tableaux imaginant la vie de terriens sur Mars. 

Des événements grand public, il y en avait pour tous les goûts et ils venaient s’ajouter aux vidéos présentés en continu sur les écrans de télévision. Les départements de médecine, de géologie, de biologie avaient tous organisé des activités de vulgarisation destinées à attirer les familles. « Certes, ce n’est pas demain que nous aurons une présence humaine sur Mars et je crois même que ce sera difficile d’en installer une. Mais si nous découvrons qu’il y a de l’eau sur Mars et comment sa présence a évolué, cela pourrait être logique que ce soit analogue sur la Terre. Nous voulons intéresser les jeunes à se passionner pour ces recherches et nous planifions que leur présence demeure au cœur de nos relations avec le public », conclut le recteur Joachim Ruiz.

Crédit photo: isouthpawi

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