A travers une introspection d’une grande humilité, l’artiste nous livre combien il souffre de perfectionnisme, à la fois une qualité nécessaire au dépassement de soi et un défaut car source d’insatisfaction chronique et d’immenses angoisses (la vague de trac).
Danser à l’Opéra de Paris, c’est passer des heures devant un miroir, épouser la vie d’un sportif de haut niveau, accepter les critiques, se remettre en question, rebondir, se réinventer dans un souci permanent de l’esthétique, chercher la fluidité d’un geste, cultiver une sincérité à toute épreuve pour incarner les différents rôles du répertoire classique ou contemporain, et par-dessus tout dissimuler toute forme d’effort ou de travail sur scène. Hugo Marchand explique très bien la dureté de la compétition et des concours (il est toujours dans l’ombre de Germain Louvet), la solitude, les heures d’ennui assis dans les coulisses, l’espérance de remplacer un danseur blessé comme le footballer attend, sur son banc de touche, d’entrer dans la lumière ... Le moment le plus émouvant est celui où il danse en parfaite harmonie avec Dorothée Gilbert (extase inégalée ressentie lors de la représentation du ballet « Manon »). A l’issue de cette lecture, je retiens qu’il faut chercher la meilleure version de soi-même, et rêver GRAND ! (Hugo mesure 1,92m, ce qui est plutôt un handicap pour un danseur).
Le parcours acharné d’un gosse singulier qui a gravi tous les échelons pour devenir danseur
étoile en 2017 à Tokyo.