Eurockéennes, je vous aime.

Publié le 17 août 2008 par Julien Bé

L’été, c’est la saison des festivals, c’est bien connu. Les Vieilles Charrues, les Solidays, Rock en Seine, les Eurockéennes… Que serait un été sans festival ? Peu être un peu comme un été sans soleil. Quoique, les festivals n’ont pas toujours droit au soleil. Qu’à cela ne tienne, on a bravé le soleil radieux et la pluie battante pour se rendre aux Eurockéennes de Belfort qui fêtaient cette année leur 20ème édition. Et après le très long temps de la réflexion, que reste-t-il de ces 3 jours ?

La fin du festival laisse cette espèce d’impression d’avoir vécu un truc énorme en communion avec des milliers de personnes. 3 jours, 5 scènes, 85 concerts (on l’aura entendu, cette bande annonce…) et du monde, beaucoup (trop ?) de monde. Plus de 33 000 personnes sont venus assister aux différents concerts, chaque soir. 3 jours à guichets fermés. Et puis malgré tout une ambiance bon enfant. De la bonne humeur, de l’alcool, mais pas trop, des odeurs d’herbes folles, mais pas trop… Tout le monde est pote, tout le monde se parle. Décidément, la musique, ça rapproche.

Et musicalement ces Eurockéennes étaient énormes aussi. Malgré une programmation un peu différente des années précédentes, qui paraissait décevante, avec peu de têtes d’affiches légendaires, moins de groupes français, et moins de groupes locaux, les groupes présents ont assez bien assuré.

Les meilleurs concerts n’étaient pas forcément ceux des têtes d’affiche, même si la plupart sont venus pour ça. D’autres groupes ont également beaucoup plu. Des groupes comme Moriarty qui vous envoûtent avec des choses simples, leur guitare, leur harmonica, et la magnifique voix de la chanteuse. Et vous vous laissez embarquer dans un univers de vieux saloon enfumé où ils auraient très bien pu jouer. On s’y croirait. La voix douce de Cat Power, elle aussi vous embarque en ballade, plus folk cette fois-ci. Et des petits groupes peu connus comme Yules ont réussi à bien faire adhérer le public à leur musique.

Les Eurocks 2008, c’était aussi le concert de La Bande Originale, qui a vu défiler sur scène tous ceux qui voulaient faire une répétition avant les Enfoirés. Camille, Didier Wampas, Olivia Ruiz et sa magnifique (sublime, merveilleuse, éblouissante) robe rose, Arno, Amadou et Mariam, Nosfell, etc… Mais dommage, le résultat n’était pas très convaincant. L’énergie de certains était débordante, l’idée n’était pas mauvaise, l’envie y était, la bonne humeur aussi, mais le résultat était assez… hasardeux.  Un peu comme une répèt’ générale. Des moments géniaux il y en avait, mais des ratés aussi. Et la reprise de Redemption Song m’a fait déguerpir.

Déception encore plus forte du côté de MGMT (”Management”) qui étaient bien sur scène mais qui étaient carrément absents. Leur album prometteur n’a pas donné grand chose en live. Le son était moyen, mais surtout, les membres faisaient leurs trucs chacun dans leur coin, le minimum synidical, un peu comme s’ils ne se connaissaient pas. Aucune dynamique. A éviter leurs prochains concerts ! Heureusement que Calvin Harris a rattrappé tout ça, dans un style beaucoup plus électro mais tout aussi barge. Ces mecs là sont déjantés.

Comme quoi, les Eurockéennes, ça ne se limite pas qu’aux têtes d’affiches, mais elles étaient là quand même, et bien là. A commencer par Babyshambles et Pete Doherty qu’on pensait ne jamais voir après le lapin qu’ils ont posé au festival des Artefacts à Strasbourg au printemps dernier. C’était pour une raison valable (Pete derrière les barreaux) mais bon. L’ambiance y était, le son y était et Pete était là. Que demander de plus…

Massive Attack peut être ? L’ambiance mystique de leur concert était fabuleuse. Les musiques magnifiques, les voix, les jeux de lumière ont créé un ensemble assez particulier. Les effets visuels, une succession de citations sur la liberté et les droits de l’homme et des lumières magnifiques baignant la scène et la foule, étaient très réussis. Moi qui hésitait à aller le voir ce concert, ça aurait été dommage. Les légendaires Offspring ont quand à eux ravivé de très bons souvenirs dans les esprits de tous ceux qui ont grandi aux rythmes de leurs chansons. L’ambiance était énorme.

Ben Harper, accompagné des Innocent Criminals, a lui aussi enthousiasmé la foule massée devant la Grande Scène, grâce à sa musique mais aussi son personnage tout entier. Avant de commencer son concert, il a tout simplement remercié les gens d’être venus le voir pour passer un bon moment avec lui. C’est là tout le personnage : son humilité, sa générosité… Musicalement et humainement, ce concert était un grand moment. Humainement avec un hommage à Jeff Buckley, un moment d’intenses échanges avec le public au moment de “With my Own Two Hands”, où il nous demande d’agir pour le bien, et musicalement avec ses magnifiques chansons très bien accompagnées par les Innocent Criminals, de “Jah Work” à “Diamonds on the Inside” et “Better Way” en rappel.

Enfin, en clôture du festival, la tête d’affiche principale, le DJ New Yorkais Moby, pour son concert “Live : Remixed”, c’est à dire ses propres morceaux remixés… par lui même et ses musicos. C’est à dire ps un DJ Set. En gros, pas le Moby “Hits Music Only”, le Moby plus underground qui a joué comme dans sa petite boite New-Yorkaise. Un show énorme, de l’énergie à revendre, puisque Moby a parcouru des kilomètres sur scène, et là encore un show lumineux, et des feux d’artifice lancés par le public lui-même. Un concert d’anthologie pour finir en beauté ces Eurockéennes, 20ème édition.

Finalement, la programmation n’était pas si mauvaise, comme on a pu l’entendre il y a quelques mois. Bien au contraire. C’était un de ces moments où tu peux te dire, “Putain, gars, j’y étais !”. Vivement l’an prochain, pour de nouvelles découvertes, de nouveaux moments uniques et de nouvelles rencontres !

A se demander pourquoi j’ai attendu tes 20 ans (et les miens), cher festival, pour commencer à te fréquenter. On est faits l’un pour l’autre je crois.

Photos par Ron sur le-hibOO.com