Album - The Bluesbones – Unchained

Publié le 03 mai 2023 par Concerts-Review

Album - The Bluesbones - Unchained

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THE BLUESBONES 'Unchained' 2023

'Bluesbones', un nom pareil sent la profession de foi à plein nez.
Je ne connaissais ce groupe que de nom, pourtant une pointure bleue à en faire pâlir bien d'autres.

Walter exprime, en néerlandais, son admiration pour ses compatriotes ici
Je rappellerai juste qu'ils se sont formés en 2012 et qu'ils ont 6 albums à leur actif dont la moitié en live!
Ça fait beaucoup... un indice? Oui, d'autant que l'enregistrement analogique, en prise directe, est leur cheval de bataille, et tout se déroule en une seule prise sur cet album studio gorgé d'un son organique qui respire l'authenticité.

Sous la lumière, un passage s'entrouvre, au milieu de barres verticales, pour laisser passer la silhouette d'un homme en plein contre-jour.
L'intérieur de la pochette mentionne 'We dedicate the song "I cry" to Koen Mertens', batteur du groupe de 2016 à 2019.
Le titre de l'album 'Unchained' (écrit en lettres reliées entre elles par un maillon) vient confirmer ce sentiment de libération qui peut prendre plusieurs sens.

Profession de foi? Réponse enchainée dans 'Chain gang' (pas la version de Sam Cooke ni le 'back' déjà pris par les Pretenders) sorti en single.
La basse de Geert pose un groove ondoyant maintenu par une batterie métronome. Les doigts du pianiste se promènent sur les touches avec liberté et légèreté.
Tranchante la guitare de Stef pourtant jouée avec discrétion.
La voix, puissante et rocailleuse juste ce qu'il faut, prend possession du morceau. Elle m'évoque d'emblée Chris Rea ou Nick Van Delft de Zodiac (que j'apprécie particulièrement).
Après un dernier 'ouh ououh', comme un sifflet de train, une accélération ouvre un duel entre piano et guitare.

Cette fois 'Changes' s'entend sans bégaiement d'autant que le mot reste peut prononcé! Bowie le caressait.
Une profondeur soul creuse ce morceau très dansant. La section rythmique, arrosée de cymbales, se pose là avec une basse insistante.
Sur une démarche de félin, la guitare donne des coups de griffes pendant que l'Hammond de Edwin apporte nombre de couleurs chatoyantes.
La modestie des musiciens les font s'interrompre à 3'30 alors qu'on en réclamerait plus...

Les premières notes au piano ne laissent aucun doute planer, on va entendre un très grand morceau, à la hauteur de la douleur liée à la perte d'un ami.
'I cry' vous pénètre, tel le gel en hiver glaçant les os, sauf qu'ici, impossible de rester de glace justement, on fond!
On ne connait ni l'histoire ni les personnages et pourtant l'émotion monte à son comble; le cœur et même les chœurs en frissonnent.
La rythmique reste plaquée au sol, sur lequel flotte une brume d'orgue. Le chant, transperçant, fait dresser le duvet et c'est la guitare qui pleure comme jamais.

Je suis sidéré par cette rythmique implacable d'une harmonie inébranlable entre la droiture de la batterie et la basse dodue increvable dans sa boucle.
Cette puissance fusionnelle libère les autres instruments plein d'expressivité naturelle. Chaud le son tant la voix s'y prélasse avec grâce.
Quant au riff récurrent de guitare, infatigable, il s'enfonce en vrille dans votre oreille pour ne plus en ressortir.
L'instrument donne toute sa variété, en milieu de morceau, où ses congénères s'éteignent presque.
'Time to learn' ça s'appelle, je le renomerai bien 'Time to teach'!

'Moving on', léger, s'étire avec la souplesse d'un chat. Les claviers nappent un matelas confortable survolé de chœurs féminins.
Les musiciens se paient le luxe d'introduire une section de cuivres, pleine d'allégresse, qui explose au final.

'Talking to the lord' balance un blues rock aussi simple qu'efficace.
La qualité du son, clair sur tous les instruments, et chaleureux fait toute la différence.
Un solo de slide s'enflamme sur des braises.
L'orgue doorsien s'offre de brèves bulles de plaisir qu'on aimerait voir s'envoler.

'The road ahead' fait taper du pied, ce n'est pas le seul.
Le rythme têtu vous envahit totalement. Déjà entendu évidemment, mais tellement bien joué avec une (ré)jouissance partagée.
Le chant de Nico prend son temps et roule sur un grain serré qui parcourt l'échine. Beau solo de gratte au son saturé.

Les échanges à rebonds, sur cymbale et toms, installent une ambiance moite.
Nico passe en spoken word pour raconter une histoire touchante 'The Tale Of Big Tim Brady'. Il module ensuite laissant trainer les mots.
Guitare et piano s'entremêlent avec douceur et bonheur.
On peut penser au blues poisseux des Doors ou ZZ Top... ce sont les Bluesbones avec un 'B' majuscule.
Solo de guitare étincelant et pourtant sans esbroufe. 'Bang bang bang', déclamé au final, touche en plein cœur.

Voici venir ma seule petite interrogation... pourquoi 2 versions de 'I cry'?
Oui l'orchestration symphonique resserre encore un peu plus l'étreinte mais cette composition magistrale, tellement bouleversante, se suffit à elle-même et peut (doit?) s'écouter en boucle.

Classe et simplicité parcourent ce disque d'une technicité irréprochable et d'une efficacité redoutable.
Cerise sur le gâteau, l'émotion germe dans chaque sillon au son rutilant.
Je comprends parfaitement le ressenti de Walter dans sa review; cette musique prend réellement aux tripes et traverse les os... qui finissent par devenir bleus!

01. Chain Gang
02. Changes
03. I Cry
04. Time To Learn
05. Moving On
06. Talking To The Lord
07. The Road Ahead
08. The Tale Of Big Tim Brady
09. I Cry (symphonic version)
Nico De Cock: Voix
Stef Paglia: Guitare
Edwin Risbourg: Hammond, Rhodes, Saxophone
Geert Boeckx: Basse
Jens Roelandt: Batterie
Whitney Tai: choeurs
Arrangements Cuivres et cordes Tim Janssens
Enregistré par Jannes Van Rossom Dunk!Studios
Mixé par Tim Janssens
Masterisé par Laurens Grossen