Solitaire (2006)

Par Eric Culnaert

 

Ah ! Ce n’est certes pas un baroudeur comme Gérard Holtz, ce Pete McKell, bien que journaliste (joué par Michael Vartan, le neveu de Sylvie, qui fut pendant cinq ans la vedette de ce feuilleton idiot à la gloire de la CIA, Alias). En fait, il est plutôt spécialisé dans les reportages sur les hôtels de tourisme et les excursions, ce qui explique que son rédacteur-en-chef l’ait envoyé dans la région la plus sauvage de l’Australie pour en rapporter un papier sur un circuit touristique à bord d’un petit bateau qui explore chaque jour un canyon (durée prévue : deux heures !), frêle esquif piloté par la très jolie et très maîtresse d’elle-même Kate (Radha Mitchell). À bord, des touristes du genre familial, armés d’appareils photos et de caméscopes, comme partout.

Consigne de Kate, ne faire allusion qu’une seule fois à la chaleur et aux mouches, d’où la seule vanne du film lancée par un touriste : « Elles sont chaudes, les mouches ? », fine plaisanterie fort propre à dérider une âme simple comme ton (très humble) serviteur, qui en rit encore à gorge d’employé (merci Béru !).

Mais on n’est pas là pour rigoler, car il y a les crocodiles. Certes, prétend Kate, ils n’attaquent pas les proies plus grosses qu’eux, mais la suite va démontrer que ses fiches tourisme ne sont pas à jour, car le bateau va précisément être attaqué par un énorme saurien, et s’échouer sur une île qui ne mesure pas plus de quelques mètres carrés, au milieu du fleuve. Or la marée fluviale monte ! Problème : comment regagner la rive avant d’être submergés, et comment traverser sans être happé par le monstre, qui est toujours là ? Car ces animaux, paraît-il (je n’en sais rien, je ne connais pas de crocodile assez intimement, hormis mon voisin de palier), sont des « territoriaux » : s’ils ont l’impression que quelqu’un s’installe sur leur territoire, ils ne lèvent jamais le siège. Ces bêtes-là n’apprécient pas les squatters et rêvent volontiers d’une reconduite à la frontière, ou d’un hébergement dans leur garde-manger personnel.

La traversée, sur une corde tendue entre l’île et la rive, se passe mal, car, tu t’en doutes, lecteur futé, les touristes se sont précipités, ont voulu passer à plusieurs en même temps, et la corde a évidemment cassé. S’ensuit quelques dégustations de touristes de la part de notre ami reptile, mais les survivants parviennent à traverser pendant qu’il transporte la dernière victime dans le fameux garde-manger dont je t’ai parlé au paragraphe précédent, et où va d’ailleurs se retrouver la jolie Kate, qu’on croit alors morte.

Par chance, Pete, resté seul, tombe dans un trou qui ouvre sur une caverne où le croco entasse ses provisions de bouche, et retrouve Kate, mal en point, évanouie, mais encore vivante. Mais survient le monstre, qui parvient à blesser Pete à la main. L’avantage des humains dans ce traquenard, c’est que le croco est si gros que les couloirs de la caverne sont parfois trop étroits pour lui, et tu devines que Pete va en profiter pour lui tendre un traquenard et le transpercer avec un épieu, ce qui est peut-être un peu dur à avaler (au spectateur d’avaler quelque chose, c’est bien son tour). Mais enfin le monstre est mort, et les deux survivants sont secourus par… euh… les secours, alertés par leurs compagnons touristes qui les ont précédés sur la route du salut. Ouf ! Ils vont pouvoir lire un bref compte-rendu de leur aventure, comme on dit à la StarAc’, sur la page idoine d’Allocine.

Choisis ton arme et flingue la fin du film