Une lettre de la poète Claire Ceira à propos des Excursions Poétiques

Par Etcetera

Voici une lettre (par mail) que la poète Claire Ceira m’a adressée, et que je suis très honorée et heureuse d’avoir reçue. Un grand merci à elle !
Cette lettre concerne mon dernier recueil, Excursions poétiques, paru début mai 2023 chez Z4 Editions.

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Vendredi 16 juin 2023 à 18h49

Bonjour Marie-Anne,

J’ai bien reçu votre livre, merci beaucoup, et je l’ai lu avec un très grand plaisir (d’ailleurs j’en ai commandé deux pour les offrir à des amis, dont Ivar Ch’Vavar, car je sais qu’il lui plaira).

   Je voulais approfondir un peu le plaisir de cette lecture, plaisir évident devant la créativité de la langue, la malice du regard, la justesse du ton, la variété de ces « voyages ». 

Il y a autre chose que j’ai mis du temps à saisir, quelque chose dans la tonalité, la position de la narratrice, qui vient vous chercher assez loin. 

   En fait, j’avais lu d’autres récits de ce type, où l’humour, le charme, la finesse des descriptions font tout le sel de la lecture.
Mais là il y a autre chose, qui vient vous atteindre, vous conduire dans la place même de celle qui parle, et on partage alors un questionnement sous-jacent, sur ce que vivent les passants, et peut-être leur douleur, leur difficulté à exister dans le monde social, leurs masques un peu dérisoires, leurs misères, leur besoin de « faire groupe »comme on dit. Et on partage aussi ce qui est ressenti par celle qui écrit, sa propre difficulté à être au milieu des autres à certains moments. Il y a quelque chose de dur, quelque chose qui tient, une question souterraine qui m’a ramenée à mes propres expériences, et particulièrement à cette période intermédiaire, douloureuse et malléable où on hésite entre adolescence et âge adulte.
   Il se trouve que j’ai vécu à Paris de ma naissance à 8 ans ( dans le XXème), puis en banlieue, puis je suis revenue vivre à Paris, dans le XIIIème, chez ma grand-mère, pendant ces années-là : études de médecine, de 17 à 25 ans. 

Bien sûr je reviens régulièrement y passer quelques jours.
   Et donc je connais la plupart des endroits que vous avec évoqués, la plupart ont fait ressurgir un souvenir, et je me revois, dans le même genre de solitude attentive, errant un peu perdue en attendant d’être prise par le courant de « la vraie vie », qui évite les questionnements sur soi trop taraudants. Quand on se promène dans une ville, qu’on est seul il devient assez tentant de devenir invisible, surtout si on n’est pas trop assuré de son identité, de son apparence. Combien de gens sont assurés devant le regard d’un inconnu ? Pas tellement je crois, et on sent cela tout le long du livre.

   Sinon, j’ai beaucoup aimé aussi la dimension poétique, sans aucune idéalisation, qui tient en particulier au fait que les règnes se confondent ou se répondent : les gens, les animaux, les végétaux, les bâtiments et la météo, tout ça semble parfois avoir une vie et une volonté propre, dialoguant avec la réalité urbaine, et s’adressant à celle qui parle.

  Voilà, j’ai écrit tout ce commentaire assez vite, mais vraiment je trouve ce livre remarquable et assez unique dans son genre. J’imagine que vous avez pris beaucoup de plaisir à l’écrire.

  Bien amicalement

Claire

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Pour vous procurer Excursions poétiques – ou, simplement, pour davantage d’informations -, rendez-vous sur le site de Z4 Editions en suivant le lien ici !

Couverture du recueil