Et la lumière fut

Publié le 25 août 2023 par Eric Acouphene

A la manière de Jean Klein ci-dessous pour décrire un changement d'état, Arnaud Desjardins utilisait l'image d'une lampe dont le cordon d'alimentation était trop éloigné de la prise, jusqu'au moment où en se rapprochant, la lumière pouvait alors apparaître.

Question.---Cette approche vers le Soi se fait-elle par paliers ou est-elle abrupte ?

   


 R.--- Le pas d'un monde conditionné dans un monde non qualifié est abrupt. Il n'y a pas de pont, mais la démarche jusqu'à ce pont se fait par paliers.

     La progression est en spirale. Il y a d'abord accumulation, augmentation d'énergie, précipitation vers un point culminant, véritable éclatement, épanouissement, effet en force de courte durée ou effet étalé en largeur, puis descente, ralentissement, avec déperdition d'énergie, jusqu'à arrêt, repos, formation d'énergie nouvelle et redépart. Dans cette observation, il faudrait surtout porter son attention sur le moment du repos lors de la formation d'énergie souvent accompagnée de fatigue et de dépression. Ceci amène l'individu immédiatement à compenser ce vide aux dépens de l'énergie qui a besoin de se reformer. Ainsi, il empêche le départ en flèche, limite la montée et, de ce fait, abrège la période, ce qui affecte le mouvement ascensionnel tout entier.

     Chaque faculté mise en jeu crée un rappel sur tous les plans, que ce soit dans un sens positif ou négatif. Il faut être très lucide pour percevoir le rythme de ces invitations. Du point de vue de l'élimination, il ne faut pas succomber à leur tentation, et du point positif, il ne faut pas manquer à leur sollicitation. Si dans les deux sens, on les respecte, dans le premier cas les rappels s'espacent de plus en plus et, dans le deuxième cas, ils deviennent de plus en plus rapprochés. 

     Plusieurs fois dans la journée, prenez distance vis à vis de vous-même, de vos émotions, de vos pensées. Recommencez-le le lendemain, etc. jusqu'à ce que vous sentiez le réveil du rappel. Cette désidentification par laquelle vous cessez de ressasser vos mécanismes habituels, de vous remémorer vos échecs et vos succès, vous économise une force considérable. C'est celle-ci qui va servir à votre éveil, vous aidant à distinguer entre le Réel et le non-Réel.

Jean Klein, "L'homme et la connaissance ", tradition, liberté, entretiens, 1965

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