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29 août 1862/Naissance de Maurice Maeterlinck

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


   Le 29 août 1862 naît à Gand (Belgique) Maurice Maeterlinck.


Maeterlinck

Source


  Issu d’une vieille famille flamande, Maurice Maeterlinck se passionne très tôt pour la nature et la poésie. En contact avec les milieux littéraires parisiens (dont le salon de Mallarmé), le poète-philosophe belge d’expression française accède à la notoriété poétique avec le recueil des Serres chaudes (1889), encensé par Octave Mirbeau. Suivent une série de drames ― La Princesse Maleine (1889), Les Aveugles et L’Intruse (1890), Pelléas et Mélisande (1892), Ariane et Barbe-bleue (1902).
  À partir de 1896, année de publication des Douze chansons, il ne cessera de rédiger des ouvrages sur la vie des animaux : La Vie des abeilles (1901), La Vie des termites (1926), La Vie des fourmis (1930).
  Davantage connu pour son œuvre dramatique, Maurice Maeterlinck est considéré comme le plus grand représentant du symbolisme au théâtre. Cet « homme du Nord très positif, chez qui ― selon André Gide ― le mysticisme est une manière d’exotisme psychique », voit l’ensemble de son œuvre récompensée en 1911 par le Prix Nobel de littérature.


EXTRAIT DE LA VIE DES FOURMIS

Communications et orientation

  Comment les fourmis presque aveugles, rencontrant dans leur nid une sœur de leur race mais d’une autre famille, savent-elles qu’elles ont affaire à une étrangère ? C’est un des problèmes les plus compliqués et les plus obscurs de la fourmilière. Une patiente et ingénieuse myrmécologue, Mlle Adèle Field y a consacré des années sans parvenir à le résoudre d’une manière tout à fait satisfaisante. D’après ses expériences, le sens olfactif, qui chez la fourmi domine tous les autres, réside principalement dans les sept derniers articles de son funicule qui est l’extrémité de ses antennes. Chacun de ces articles est consacré à une odeur particulière ; par exemple l’odeur du domicile est perçue par le dernier segment, le pénultième discerne l’âge des ouvrières dans les colonies formées de diverses familles de la même espèce, et l’antépénultième capte le fumet dont la fourmi imprègne le chemin qu’elle parcourt. Quand on enlève le dernier segment, elle entre dans n’importe quelle fourmilière et s’y fait massacrer, quand on coupe l’antépénultième, elle ne retrouve plus sa piste. Dans un autre article se localisent les effluves de la reine-mère ; l’ouvrière qu’on en prive ne s’occupe plus de la pondeuse ni de la progéniture. Une autre articulation est réservée à l’odeur spécifique ; lorsqu’on la supprime, on peut mêler les espèces les plus différentes sans qu’elles se battent, etc.
  Notez que l’odeur du domicile n’est pas le même que l’odeur de l’espèce ; la première est assez variable et dépend de l’âge des habitants et d’autres circonstances, la seconde est presque indélébile. L’odeur héréditaire est encore différente, c’est l’odeur maternelle que toute fourmi porte depuis l’œuf jusqu’à la mort et qu’il ne faut pas confondre avec l’odeur de la reine qui peut ne pas être la mère de la fourmi en question.
  Mais il serait téméraire de limiter aux antennes le sens olfactif des fourmis […]
Ajoutez à tout ceci la vie des odeurs dans la mémoire des fourmis. Elle est également variable. En certains cas elle persiste durant une dizaine de jours, en d’autres durant trois mois, en d’autres encore, notamment quand il s’agit de l’odeur héréditaire, elle se maintient pendant plus de trois ans. Ajoutez-y enfin les mélanges et les superstitions inévitables, ajoutez-y surtout le rôle électrique, magnétique et peut-être éthérique et psychique que jouent ces inépuisables organes et vous voyez à quelles incroyables complications aboutissent les moindres investigations dans ce petit monde que nous croyons beaucoup plus simple, plus rudimentaire, plus déshérité, plus dénué d’intérêt et d’imprévu que le nôtre.

Maurice Maeterlinck, La Vie des fourmis, Fasquelle Éditeurs, 1930, pp. 129-130.



Voir/écouter aussi :
- (sur le site du musée provincial Félicien-Rops de Namur) une fiche-audio sur Maeterlinck ;
- (sur Terres de femmes) 30 avril 1902/Création de Pelléas et Mélisande de Debussy.



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