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Notes sur la poésie : Victor Hugo

Par Florence Trocmé

[L’opposition entre prose et poésie était très forte au xixe siècle et elle est longtemps restée vivante. Les comparaisons de Victor Hugo appartiennent à une manière de considérer les populations non européennes très commune à cette époque.]

« La prose et le vers ne sont que des matières dont se sert le poète, fondeur et ciseleur, pour faire les figures de ses idées. Le vers, c’est le marbre ; la prose, c’est l’airain.

Matières admirables, cire pour l’artiste créateur, granit pour la postérité ; aussi précieuses d’ailleurs l’une que l’autre devant la pensée ; le métal de Corinthe vaut le marbre de Carrare. Tacite vaut Virgile. Cependant le vers a plus de chances de durée que la prose, parce qu’il se vulgarise plus difficilement et qu’il ne se dissout jamais en monnaie. On ne peut faire des sous avec une figure de marbre ; on en peut faire avec une statue de bronze, avec une idée en prose.

Il y a des sujets qui peuvent indifféremment être traités en prose ou en vers, taillés dans le bloc ou coulés dans la fournaise. Ce sont ceux où se mélangent dans une proportion quelconque l’humain et le divin, l’idéal et le réel. Il y a d’autres idées qui exigent impérieusement le marbre blanc, transparent et rêveur du vers. La beauté pure veut le vers. Une Vénus en bronze serait une négresse.

La poésie dramatique admet la prose ; la poésie lyrique l’exclut.»

Victor Hugo, Le Tas de pierres, dans Œuvres dramatiques et critiques complètes, réunies et présentées par Francis Bouvet, Jean-Jacques Pauvert éditeur, 1963, p. 1556.

contribution de Tristan Hordé


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