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Anthologie permanente : Ludovic Janvier

Par Florence Trocmé

Ramuz écrit que la pensée remonte les fleuves. Qui les descend, c’est la rêverie.
Sans doute quelque part un gourmand de rivière et de langue aura-t-il déjà dit que rivière et rêverie (presque anagramme et mieux qu’anagramme) sont comme les deux faces opposées d’un bruit semblable et qu’on aurait accolées pour jouer avec. Mises en regard pour se laisser descendre au fil du rêve.
Le silence, il y a des jours où on dirait que c’est un gaz. Et que, devenu liquide, il forme la rivière.
Elle fait du bruit, d’accord, mais un bruit qui passe au-dessous des autres, une espèce de bruit par défaut, basse fondamentale mais enfouie, un sous-bruit, un rien de bruit, un bruit à blanc, un silence de bruit.
Un bruit qui froisse tous les autres et les broie, mais par la douceur. Et les crible. Et les vanne.

Réfléchir écoute l’herbe
le silence a goût de froid
le pays tient sa femme d’eau
la rivière qui scintille
éternelle au long de l’instant

Courcelles sur Voire                                              Étrelles sur Aube

Ludovic Janvier, Des rivières plein la voix, l’Arbalète / Gallimard, 2004, p. 14.

Ludovic Janvier dans Poezibao :
extrait 1, extrait 2

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