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Samedi 13 et dimanche 14 septembre 2008, Milan : dans un aéroport

Publié le 25 octobre 2008 par Memoiredeurope @echternach

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Je ne pensais pas que la vie d’un aéroport pouvait être aussi intéressante. En fait je n’avais rien planifié au départ. Simplement, pour des raisons d’économie, j’avais choisi de passer par Zürich et d’emprunter des vols Swiss. De Luxembourg cela reste pour l’instant la meilleure solution, quand ce n’est pas Amsterdam. C’est probablement la cinquième fois que je transite par Milan depuis le début de l’année et si je compte les allers et retours, la dixième…alors je commence à avoir une petite idée de la géographie des lieux. Les publicités pour Lavazza rivalisent avec celles pour Armani et sur le petit kilomètre du parcours longitudinal la vie est luxuriante. Elle se déplace selon les heures plus massivement en sous-sol des arrivées et au premier étage des enregistrements, sans compter les espaces de bureau et de restauration du second, et l’énorme espace des attentes des avions dans les parties A et B, correspondant aux espaces Schengen et non-Schengen avec l’extension des voitures de location et l’entrée vers le train.

Je mentionne Lavazza puisque cette année Annie Leibovitz a réalisé le calendrier et que mois après mois, les affiches déclinent une sorte de série de poncifs sur l’Italie, sublimés par la madone des photographes. Je garderai toujours un souvenir ému de cette photographe aperçue le soir de son vernissage au musée d’art moderne de la ville de Paris, au milieu d’un capharnaüm de buffets plus somptueux les uns que les autres, où les chauds froids de poulet en cascades blanches voisinaient des étranges monceaux de pains noirs entourés de gelées multicolores. Ou bien est-ce un rêve dû aux années écoulées ?  

Milan Malpensa est une petite ville, une ville plus petite que Madrid Bajaja, ou que les terribles aéroports de Franckfurt ou d’Amsterdam, mais elle mérite la visite…et on y trouve une chapelle confortable pour les services et les confessions !

Je n’ai pas calculé, mais je passe au moins quinze jours de ma vie par an en équivalents horaires à l’intérieur des aéroports, sinon plus.Mais là en effet, j’ai choisi la solution d’un nocturne milanais un peu étrange, à la fois parce que je devais enregistrer à cinq heures du matin et que les menaces de cessation d’activité d’Alitalia étaient en l’air, si je puis dire, avec la posibilité que la compagnie ne puisse plus aujourd’hui ou demain acheter de combustible - je pensais à une émeute…et Milan Malpensa est le « hub » de la compagnie, un aéroport qui perd autant d’argent que les avions eux-mêmes. 

Au fond je m’étonne encore que les Italiens n’aient pas pris leur Président du Conseil par les oreilles pour le mettre dans un avion de la compagnie qu’il est en train de tuer à force de prétendre la défendre, un avion à destination du pôle nord. Mais si la baraka se poursuit, il va peut-être trouver une réserve de pétrole et un mécène qui aime le vert tendre du sigle et l’atmosphère tout aussi verte du terminal 1. Malpensa va fêter son 10e anniversaire le dimanche 26 octobre prochain. Déjà ! En fait, je n’ai pas vu le temps passer. J’avais l’habitude des brouillards de l’aéroport de Linate, si proche de Como où je me rendais souvent il y a quinze ans pour les routes de la soie, et où je rencontrais les créateurs de mode parisiens venus voir leurs soyeux préférés…une autre époque vraiment.

Bref. Revenons à Malpensa ! Comme il existe sur le site de l’aéroport la possibilité d’effectuer une visite virtuelle, je laisse à chacun le plaisir de découvrir les restaurants rapides, l’équivalent du Harry’s bar, les zones de tranquillité où on peut dormir un instant et celles où il vaut mieux se regrouper pour la nuit.Bon courage !

Une fois épuisée la lecture de « Dans la tête de Shéhérazade » de Stéphanie Janicot, un roman de la rentrée fait pour peupler les mille et nuits des aéroports, roman plutôt convaincant dont je vais certainement parler bientôt, et après avoir écrit quelques paragraphes sur l’ordinateur, j’ai en effet réussi à dormir. L’atmosphère recueillie de la salle des ventes de billets y aidant certainement.

Il me revient alors que j’ai oublié un ministre dans ma liste d’hier. Mais il est vrai qu’il n’était plus ministre quand j’ai déjeuné avec lui, mais un sénateur qui songeait déjà aux élections suivantes. C’était il y a bientôt un an, lors de la réunion interconfessionnelle de Vercelli. Rocco Buttiglione avait été invité par mon amie Maria Ritta Balossino. Il s’agit là certainement de la personnalité la plus complexe, parmi tous tous ceux dont j’ai dressé la liste. Proche, même très proche de Jean-Paul II, il a fait partie et irrigué un ensemble de cercles de pensée philosophiques navigant entre libéralisme et doctrine de la Foi. Philosophe de la politique, il ne veut pas entendre parler d’intégrisme religieux, mais défend bec et ongle les bases morales de la religion catholique, quitte à avoir été un des rares candidats commissaires de la commission européenne désavoué par le Parlement Européen qui n’a pas voulu qu’il occupe la fonction « Justice, liberté, sécurité » après ses déclarations tranchées contre l’homosexualité et pour le statut d’une femme mère de famille avant tout. Maria Ritta voudrait qu’il joue un rôle plus important pour la Via Francigena. J’ai quelques doutes, bien que sa connaissance des langues européennes soit exceptionnelle et que sa connaissance des sources culturelles de l’Europe soit impressionnante. 

Voilà un ministre dont je ne vais pas citer des considérations sur la vie privée, mais sur l’essence de sa Foi et sa relation au pèlerinage par un extrait d’un texte qui n’est pas encore publié sur le site de notre Institut. Une avant-première en quelque sorte : 

« In tutta la storia dell’Europe l’esperienza del pellegrinaggio rinnova questo sentimento fondamentale della vita del cristiano e più in generale dell’uomo occidentale. L’uomo non si identifica con una terra, con un gruppo parentale, con un contesto geografico e culturale dato fin dall’inizio. In un certo senso l’uomo ocidentale vive una originaria esperienza di « essere senza patria », in esilio. La patria vera, infatti, non è su questa terra ma nel cielo. Questo non vuol dire che il cristiano non ami la sua terra, la sua nazione, la sua famiglia, il contesto naturale della sua esistenza. Esso non deve però essere subito come un peso imposto dall’esterno, deve essere scelto di nuovo con un atto di libertà. Deve essere riscopertocome vocazione, come luogo in cui si vive la compania di quella presenza che la tratto Abramo dalla terra sei suoi padri. Il pellegrinaggio è l’atto con cui ci si allontana dalla case per poterla ritrovare e scegliere e possedere daverro. »

Que peut-on offrir de plus que le retour à Abraham comme figure commune aux trois religions et que peut-on dire de plus sur l’importance de la notion d’exil dans nos existences terrestres ?

De toutes les figures contestées qui se sont succédées dans le champ de la culture italienne, Paolucci et Sgarbi dans le domaine de l’histoire de l’art et Buttiglione dans l’exploration des racines de l’Europe sont de vrais écrivains, même si Paolucci est le plus brillant dans l’analyse de l’art religieux.

Mais je ne sais pas vraiment ce qu’ils pensent des images d’Annie Leibovitz sous lesquelles je viens de les incrire ! Après tout ce sont deux faces d’une même médaille qui font que l’on apprécie l’Italie dans le baroque de ses hommes et de son histoire et dans son rapport éternel à l’Eglise.  

Photographies d’Anie Leibovitz pour le calendrier Lavazza 2008. 

Conversation entre Rocco Buttiglione et Masimo Tedeschi, Vercelli octobre 2007.


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