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Domaine de la Mordorée: retour du cheval

Par Elmarco

Nous vous invitons à découvrir un article de Christophe Delorme à propos de l’année 2008 au domaine de la Mordorée et plus particulièrement sur le retour du cheval dans le vignoble.

Merci JOYEUX !

2008 aura été, pour nous tous, chaotique.
Il faut bien reconnaître que les mauvaises nouvelles se sont enchaînées et que l’espoir d’un monde meilleur paraissait quelque peu décalé par rapport au quotidien.

Et pourtant, parfois, l’optimisme renaît grâce à un événement dont on n’imaginait pas la portée :

le printemps 2008 a été terrible pour nous : pluie, humidité, chaleur tropicale, le mildiou qui est l’un de nos pires ennemis a proliféré comme jamais : le service de protection des végétaux (organisme d’Etat qui existe depuis le début du xxème siècle) n’avait jamais enregistré des conditions aussi propices à ce champignon qui détruit le feuillage et les grappes.

Reconnaissons-le, nous avons failli tout perdre. Le fait de refuser d’utiliser certains produits de traitement chimiques, que nous considérons comme extrêmement néfastes pour les équilibres naturels, nous a évidemment mis une pression supplémentaire.

Au mois de juin nous étions au bord de la rupture, car la situation se dégradait rapidement et la récolte semblait en grand danger. Aucune bonne nouvelle ne venant nous réconforter, le moral était au plus bas.

L’éclaircie est venue d’une décision dont nous n’imaginions pas la portée :
il y a plusieurs années que je souhaitais faire un essai de labour à cheval, et j’ai trouvé un « cocher- laboureur » qui a pu venir mi-juin labourer nos vignobles de Châteauneuf-du-Pape.

Ce fut une révélation ! Non seulement le travail réalisé était remarquable : il ne restait plus un brin d’herbe, mais cela se faisait en silence, sans énergie fossile, avec une précision chirurgicale, un respect absolu de nos vieux ceps centenaires, qui parfois ne survivent que grâce à une petite racine.

Merveilleux…, enchanteur…, une évidence !

Le cheval, qui a 7 ans, est un magnifique comtois de 600 kilos, obéissant au doigt et à l’œil à son cocher.

Un moment d’éternité qui tranche avec cette sensation de chaos qui nous saisissait.

Alors oui, merci JOYEUX ! ( c’est le nom du cheval ) pour nous avoir redonné l’espoir d’un monde meilleur dans lequel il serait possible de vivre en harmonie avec la nature même lorsqu’elle s’acharne.

J’ai donc décidé d’acheter un cheval et d’apprendre à labourer, car cela fonctionne mille fois mieux que ce que l’on pouvait espérer. Ce n’est pas du folklore, c’est une réalité étonnante et même déstabilisante car tellement à rebours du monde moderne. Le progrès n’est pas toujours là où on le pense !

Finalement, mi-juillet, le temps s’est mis au beau et le mildiou a disparu, laissant derrière lui beaucoup de cicatrices : une récolte sensiblement diminuée et un épuisement des hommes et du matériel.

Puis fin août, début septembre, des épisodes orageux se sont succédés avec une rare violence ; à nouveau nous avons pensé que la récolte allait être perdue, mais notre travail acharné au vignoble durant juillet et août avec un ébourgeonnage et un effeuillage parfaits de façon à aérer au maximum les grappes, a fait toute la différence. Nous avons pu attendre patiemment le retour du beau temps avec des températures très fraîches et beaucoup de Mistral à partir de mi-septembre.

Les raisins sont restés extrêmement sains, ont mûri tout doucement et ont pu être récoltés à maturité parfaite.

Tout cela a été bien sûr facilité par notre respect du sol, qui le rend extrêmement perméable et capable de se remettre de tels événements de façon très naturelle, on voit vraiment que le sol est vivant et réagit !

Finalement, donc, nous avons une toute petite récolte : moins 25%, mais de très bonne qualité : les mourvèdres sont magnifiques et les autres cépages sont excellents.

Tous les vins sont très équilibrés, avec beaucoup de parfums. Et si la structure tannique s’avère moins ferme qu’en 2005 ou 2006, elle est tout de même au-dessus de la moyenne et les vins seront plus souples tout en étant concentrés.

Les vendanges se sont terminées le 7 octobre alors qu’elles avaient commencé le 1er septembre, soit les plus longues et les plus tardives que nous ayons connues.

Bien sûr la crise financière a rajouté sa dose de stress aux difficultés de l’année, mais la qualité remarquable du millésime 2008, qui suit les excellents 2007, nous permet de rester optimistes, car avec de tels vins en cave, nous sommes certains de faire plaisir à nos clients, et, se faire plaisir en ces temps compliqués, reste indispensable

2008 est aussi l’année des nouveautés :

- Nous commençons à produire au compte-goutte notre fameux CONDRIEU, planté en 2004 ; le coteau commence à produire de toutes petites quantités de ce nectar unique, qui ne sera pas commercialisé mais disponible à la dégustation au caveau pour ce premier millésime ; nous considérons que le vignoble est encore un peu trop jeune pour exprimer suffisamment son terroir.

- Nous créons une cuvée Reine des Bois de TAVEL, car, au plus le temps passe, au plus nous sommes fiers de nos TAVEL qui expriment désormais des qualités de complexité et d’harmonie qui méritent amplement de rentrer dans le club de la « REINE DES BOIS ».

Dans l’attente du plaisir de vous recevoir en nos chais de Tavel, veuillez agréer l’assurance de nos chaleureuses salutations.

Christophe DELORME

Article lié: Interview de Christophe Delorme pour le guide du vin Vinogusto


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