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Anthologie permanente : Granaz Moussavi

Par Florence Trocmé

Soleil dans le placard

Ils arrivent !
Les verres
  Fuient vers les puits
Les filles
  Sous les petites fleurs des foulards
Les pommes à moitié mordues
  Jetées de la véranda
  Par une fenêtre dérobée
Deviennent des petites étoiles et crient dans la nuit

Le soleil
Dans un placard qui n’a jamais dansé
Me dit à l’oreille :
« Je ne sortirai plus »

*

En guise de berceuse

Tu escalades en vain l’échelle
Ta main ne touchera pas la lune rousse

La forêt
N’est pas le dessin
Sorti de ton crayon vert

Tu cries en vain
Tu n’épouvantes que les moineaux

Regarde !
Personne n’a posé de compresse
Sur le front de la lune

Où t’enfuis-tu ?
Le destin a noué tes nattes

On te ramènera
On te ramènera

Fillette
En vain ton corps se transforme
Derrière le voile et les paillettes tu disparaîtras

Et longtemps il te faudra attendre
Que fleurisse le désert

Finies les terres illimitées de l’enfance
Ici, même le brouillard ne traverse pas les barbelés.

*

Faute

Alors qu’un peu plus loin
Le monde se résume
A la pomme qu’Ève offre à Adam

Ici
Commettre une faute
C’est trouver le calme dans tes bras
Et dire que je suis fatiguée
D’entendre
La hache,
La hache abattre la forêt.

Granaz Moussavi, Les rescapés de la patience p.31, 63-64, 65 (Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire, 2006), traduit du persan par Farideh Rava.

Contribution d’Ariane Dreyfus


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