Magazine Culture

Anthologie permanente : César Vallejo

Par Florence Trocmé

  Temps Temps

Midi stagnant dans les brumes
La pompe monotone de la caserne écope
temps temps temps temps.

  Était Était

Des coqs chansonnent creusant du bec en vain.
Bouche du jour limpide qui conjure
était était était était.

  Demain Demain

Le repos tout chaud encore d’être,
Le présent pense garde-moi pour
demain demain demain demain.

  Nom Nom

Comment s’appelle tout ce qui hérisse nous ?
Cela s’appelle Lemême qui reçoit
nom nom nom nOm.

César Vallejo, Poésie complète 1919-1937, traduit de l’espagnol (Pérou) et présenté par Nicole Réda-Euvremer, Flammarion, 2009, p. 118
(version originale du poème dans la suite de note)

xxxiii
S’il pleuvait cette nuit, je me retirerais
à mille ans d’ici.
Ou plutôt à cent ans tout au plus.
Comme si rien n’avait eu lien, je m’imaginerais
que je viens encore.

Ô sans mère, sans aimée, sans obstination
à me baisser pour guetter au fond, à la seule force
du poignet,
ainsi cette nuit, je la passerais à démêler
la fibre védique,
la laine védique de ma fin finale, fil
du diantre, trace d’avoir eu
en plein nez
deux battants inaccordés de temps
  dans une même cloche.

Que je m’imagine ma vie,
ou que je m’imagine n’être pas né encore,
je ne parviendrai pas à me libérer.

Sera non pas ce qui n’est pas encore advenu, mais
ce qui est arrivé et s’en est déjà allé,
mais ce qui est arrivé et s’en est déjà allé.

César Vallejo, Poésie complète 1919-1937, traduit de l’espagnol (Pérou) et présenté par Nicole Réda-Euvremer, Flammarion, 2009, p. 153
(version originale du poème dans la suite de note)

Bio-bibliographie de César Vallejo

 

Index de PoezibaoUne de Poezibao
Centre de ressources sur la poésie
Sur simple demande à
[email protected] :
→ Recevez chaque jour de la semaine "l'anthologie permanente" dans votre boîte aux lettres électronique
ou
→ Recevez le samedi la lettre d’information, avec les principales parutions de la semaine sur le site (les abonnés à l’anthologie reçoivent automatiquement cette lettre)
• Merci de préciser "abonnement à l’anthologie" ou "abonnement à la lettre seule″

  Tiempo Tiempo.
Mediodía estancado entre relentes.
Bomba aburrida del cuartel achica
tiempo tiempo tiempo tiempo.
  Era Era.
Gallos cancionan escarbando en vano.
Boca del claro día que conjuga
era era era era.
  Mañana Mañana.
El reposo caliente aun de ser.
Piensa el presente guárdame para
mañana mañana mañana mañana.
  Nombre Nombre.
¿Qué se llama cuanto heriza nos?
Se llama Lomismo que padece
nombre nombre nombre nombre.

Si lloviera esta noche, retiraríame
de aquí a mil años.
Mejor a cien no más.
Como si nada hubiese ocurrido, haría
la cuenta de que vengo todavía.
  O sin madre, sin amada, sin porfía
de agacharme a aguaitar al fondo, a puro
pulso,
esta noche así, estaría escarmenando
la fibra védica,
la lana védica de mi fin final, hilo
del diantre, traza de haber tenido
por las narices
a dos badajos inacordes de tiempo
  en una misma campana.
  Haga la cuenta de mi vida
o haga la cuenta de no haber aún nacido
no alcanzaré a librarme.
  No será lo que aún no haya venido, sino
lo que ha llegado y ya se ha ido,
sino lo que ha llegado y ya se ha ido.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines