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Lisson, la colline aux Iris

Par Olif
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Du haut de sa colline de Lisson, qui domine le superbe village médiéval d'Olargues largué au loin, Iris Rutz-Rudel se sent pousser des ailes.  "Si Jaur est su, Jaur est bienvenu", a du se dire Iris, lorsqu'elle est tombée amoureuse de cette vallée du Jaur, au pied du Mont Caroux et du massif de l'Espinouse. Ce paysage, aux formes de femme couchée, Iris le contemple debout. Cette colline de Lisson, c'est un peu son enfant, à elle et à son mari Claude, décédé en 2001. Ils l'ont accouchée, défrichée, modelée, domptée, terrassée. Et replantée avec la vigne originelle. Pas tout à fait, en fait. Car l'encépagement du domaine de Lisson est plutôt original, essayant de trouver la meilleure adéquation cépage-sol: mourvèdre, sur les sols schisteux juste au-dessus de la maison et dans le grandiose amphithéâtre du Clos des Cèdres, cabernet-sauvignon en terrasse dans les Echelles de Lisson, pinot noir sur les éboulis calcaires du Clos du Curé, mais aussi merlot et petit verdot au Clos des Cèdres. Un travail titanesque à effectuer, non mécanisable du fait de la déclivité. Sans parler de la nécessité de cloturer les parcelles et d'électrifier les clotures, pour tenter de limiter les dégâts occasionnés par les sangliers du secteur, vendangeurs avant l'heure. Et quand il ne s'agit pas de cochons, gare aux autres  maraudeurs! Tous la même engeance, quand le raisin est bon! 2008 sera finalement un millésime de blaireaux, ces sagouins poilus, blancs et noirs, qui ont négocié sur pieds une grande partie de la récolte, assemblée finalement en une seule pièce, à l'exception d'une fillette de Pinot noir de Monsieur le Curé. A noter que de son temps, au début du siècle dernier, le bon père d'Olargues, qui savait vivre et s'y connaissait prou en sang du Christ, y envoyait sa bonne entretenir la parcelle. Une bonne à tout faire, pas du tout folle de la messe à Olargues, préférant de loin la vie au grand large sur la colline de Lisson.
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Pour en revenir au cas Lisson, comme on se plait autant à dire du côté d'Aix en Provence qu'à Saint-Pons, prévoir, pour une visite en bonne et due forme, avec tour complet des différents clos:
- un minimum de temps (deux bonnes heures, au bas mot)
- une bonne paire de chaussures de marche - une gourde bien remplie - un bon appareil-photo - une mémoire de botaniste, pour retenir le nom de toutes les petites fleurs croisées sur le chemin, dont des iris, ça c'est une certitude, d'où le titre du billet,
- en saison, un fusil pour les sangliers et un sac pour ramasser les châtaignes et/ou les champignons.
Et lorsque l'on redescend à la maison, qui joue inlassablement sa jolie petite musique éolienne, si Klaus est dans une phase créative, le bonheur n'est pas loin. Café aromatisé à la fève tonka, biscuit agrémenté de crème chantilly, suivi d'un petit salon de dégustation aux chandelles à la cave. De quoi oublier aisément d'avoir eu à jouer les Iron-Men avec lui pour suspendre une barrique de fleurs sur le devant de la maison!
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Au menu dégustation du jour, flash-back en 2002, avec un Clos des Cèdres bien ouvert, à point, à la trame très fine, très discrètement animal, mais pas de quoi effaroucher une jeune fille de bonne famille. Minéral, légèrement serré, mais frais et gouleyant. Un mourvèdre de fort belle tenue, impeccable pour maintenant et pendant encore quelques années. Les Echelles de Lisson, assemblage bordelais languedocien, cabernet-sauvignon et merlot, offre un nez très bordelais, tabac, cigare et bois de santal. La bouche est encore compacte, marquée par de la mâche, très bien structurée, mais la finale est encore un peu dure, ferme et tannique.
Klaus avait encore envie d'être créatif en cuisine le soir venu, malheureusement, nous avions d'autres obligations, c'est regrettable. Mais le véritable bonheur, en cette première belle journée printanière 2009 du Haut-Languedoc, c'est d'avoir arpenté cette terre de Lisson, d'avoir palpé l'indicible, tout le travail "kolossal" fourni pour produire les merveilleux flacons du domaine de Lisson. Des vins qui ont une chair et une âme, des bouteilles que l'on est fier d'avoir en cave. Pour tout ça, merci Iris et Klaus.
Olif

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