Magazine Culture

"Poezibao a reçu", n° 84 (dimanche 14 juin 2009)

Par Florence Trocmé


Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.

Cette semaine Poezibao a reçu :
Marie-Claire Bancquart, Terre énergumène, Le Castor astral
Reiner Kunze, Nuit des tilleuls, Calligrammes
Jacques Lèbre, L’autre Musique, Atelier la Feugraie
Peter Huchel, Chaussées chaussées, Atelier La Feugraie
Revue Action Poétique, n° 196
Armand Robin, Le Combat libertaire, Jean-Paul Rocher éditeur
Marc Blanchet, L’Éducation des monstres, La lettre volée
Jean-Claude Martin, Le beau Rôle, Wigwam
Claude Ber, Cyrille Derouineau, Vues de Vaches, L’Amourier
Christiane Dufourquet, Je la Nuit, L’Arachnoïde
Robert Nédelec, Double tour, journal de campagne, Rafael de Surtis
Amendine Marembert, Valérie Linder, Du Baume stick dans la douceur, La yaourtière éditions
Revue Les Cahiers du Sens, 2009
Revue Comme en poésie, n° 38

Notes détaillées sur chacun de ces livres dans la suite de note

Marie-Claire Bancquart
Terre énergumène
le Castor Astral, 2009
13 €

« Terre énergumène : en donnant ce titre, j’ai désiré marquer la violence à laquelle nous convie une existence vouée à la mort, mais ouverte aussi aux révélations d’un accord avec le monde et les autres. Équilibre instable entre centre et absence, qui part des profondeurs du corps, de ses organes si souvent méconnus. « Énergumène » est proche d’ « énergie » et d’ « organique », mais avec une nuance d’excès qui traduit l’aspect singulier et parfois brutal de cet engagement dans l’éphémère. Au langage de le dire avec le plus de rigueur possible, comme un « rituel d’emportement » (Marie-Claire Bancquart, dos du livre)

Reiner Kunze
Nuit des Tilleuls
Traduction Mireille Gansel et Gwenn Darras
Calligrammes Bernard Guillemot, 2009
18 €

Quand les hirondelles se rassemblaient pour partir
sur les fils entre les poteaux électriques
un barbelé d’hirondelles
séparait le village du ciel

« Je le porte depuis mon enfance sans jamais m’être dit que ce serait un poème. J’avais dix ans, en 1943, c’était la guerre, ma mère ramassait des orties pour faire de la soupe. Il y avait un talus. C’était considéré comme un vol. Elle devait faire attention. J’étais assis, des centaines d’hirondelles se pressaient sur un fil électrique et je lui ai dit : le barbelé. Il a fallu soixante ans de vie pour comprendre ce qu’il y avait derrière cette image. On était condamné à rester là, sur la terre, livré à l’hiver et à sentir ce vide en nous quand ce chant merveilleux serait parti. (Rainer Kunze, dos du livre).
Rainer Kunze est né en 1933 en ex-RDA. Poète surveillé, dans un pays soumis à deux régimes totalitaires, il pratique l’écriture comme « acte de survie » depuis ses premières publications en 1952. Il passe à l’Ouest en 1977 et vit désormais près de Passau, en Bavière.

Jacques Lèbre
L’Autre Musique
Atelier La Feugraie, 2009
13 €

Un recueil de notes au jour le jour, où la lecture tient une grande place. Jacques Lèbre participe activement à la rédaction de la revue Rehauts, avec Jean-Pierre Chevais et Hélène Durdilly.

Peter Huchel
chaussées chaussées
traduit de l’allemand par Maryse Jacob et Arnaud Villani
édition bilingue
Atelier la Feugraie, 2009
16 €

« Peter Huchel est né en 1903 près de Berlin au cœur de la Marche de Brandebourg dont les paysages d’eau, de lande et de forêts ont nourri l’essentiel de son univers poétique. Il émigre à l’Ouest en 1972. Pas moins de quatre générations de poètes se réclament de son œuvre ou lui rendent hommage depuis Johannes Brobowski jusqu’à Durs Grünbein en passant par Wulf Kirsten, Sarah Kirsch et tant d’autres. Chausseen Chausseen exprime le présent d’une Allemagne meurtrie par la guerre, ses routes bordées de cadavres et de fermes éventrées, voies qui ne servent plus à la communication et ne sont plus que des lieux de fuite. Peter Huchel meurt en 1981. » (Extraits de la préface de Maryse Jacob et Arnaud Villani)

Revue Action Poétique
n° 196, juin 2009
13,50 €

Au sommaire de ce numéro, des textes et contributions de Florence Pazzottu, Cozette de Charmoy, Bruno Cany, Maria Sabina, un ensemble sur Die Wiener Gruppe (Achleitner, Artmann, Bayer, Rühm, Wiener), un autre sur Clara Elliott poète punk (avec un entretien avec Liliane Giraudon) et Sylvain Courtoux transformiste, et d’autres textes encore d’Alain Lance, Geneviève Huttin, Matthieu Mével, Peter Swanborn, Anibal Cristobo.

Armand Robin
Le Combat Libertaire
Édition établie par Jean Bescond
Introduction de Anne-Marie Lilti
Jean-Paul Rocher éditeur, 2009
24 € - sur le site de l’éditeur

« Souvent ignorés, méprisés, dévalués, les textes d’Armand Robin qui composent Le combat libertaire ne sont évidemment pas un simple cri de rage occasionnel comme on l’a cru trop longtemps par facilité: bien mis en perspective, ils permettent de suivre la genèse de son engagement et sa constance sur toute une vie. Ils ont été organisés selon cinq ensembles : un premier regroupe les écrits antérieurs à l’adhésion à la Fédération Anarchiste en 1945, et notamment la longue lettre à Jean Guéhenno du 18/07/1935 qui marque l’entrée de Robin en «anarchisme». Les Poèmes Indésirables constituent la deuxième partie: écrits en 1943-44 et constamment réédités, ils étaient épuisés depuis trop longtemps. Les articles parus de 1945 à 1955 dans le quotidien Le Libertaire, forment la troisième partie. Les traductions des poèmes d’Ady et de Pasternak dans leurs versions originales de 1946, autre facette peu connue du militantisme de Robin, constituent le quatrième ensemble. Enfin, on a regroupé des textes de 1945 à 1958, qui, par leur tonalité, nous ont semblé participer de ce parcours libertaire. Ainsi organisé, ce volume apparemment disparate, correspond en fait très fidèlement aux souhaits d’Armand Robin pour qui poèmes personnels, articles de journaux, traductions, voire écoutes de radios ressortissaient de la même veine, de la même logique, du même travail, bref d’un même combat. Ce parcours qui fut le sien, Robin le résume et l’assume parfaitement: ″Les poètes de ce siècle, on les reconnaîtra au fait qu’ils auront tout fait en toute circonstance pour être le plus mal possible avec tous les régimes successifs, avec toutes les polices, avec tous les partis, cela même au péril de leur vie et, bien entendu, au prix de gigantesques campagnes de haine et de calomnie déferlant de tous côtés.″

Marc Blanchet
L’éducation des monstres
La lettre volée, coll. Lettres
15 €

« ″Surtout pas de traité ! Juste des cabrioles. Jusqu’à présent on n’a pas assez espéré de la Littérature qu’elle fasse des cabrioles. Des livres de cabrioles : n’est-ce pas ce dont nous avons le plus besoin ? Il faut que nous fassions quelque chose qui ne soit pas un objectif mais soit là, derrière la Vérité, sans être pour autant derrière les apparences. Tout le monde rêve ici de faire de la Littérature sans faire de livres. Mais qui pense à penser la Littérature en faisant des cabrioles ? ″
De l’apparition d’un jeune prince autrichien en exil à la révélation de « vertes vallées » à l’aube de tout texte, les vingt-trois monologues, aux accents scéniques, de L’Éducation des monstres s’inscrivent comme une suite de « proses fantasmatiques » où l’on invente un monde, le détruit pour le pur bonheur d’une théorie dont l’acceptation est avant tout un consentement demandé au lecteur. L’ouvrage, tel un théâtre de marionnettes, marque une nouvelle étape dans une œuvre singulière commencée avec la poésie, poursuivie par des fictions, des essais et un travail photographique. »  (dos du livre)

Jean-Claude Martin
Le beau rôle
Wigwam
site des éditions

L’eau ici cicatrise vite. Jetez-lui une pierre, elle recoud sa blessure avec la rapidité des sables mouvants. Sont pleins de secrets, ces marais. N’y plongez pas la main, vous en retireriez un souvenir…

Un nouvel opus dans la petite collection rouge de Wigwam, disponible par abonnement.

Claude Ber, Cyrille Derouineau
Vues de Vaches
L’Amourier, 2009
25 € - site de l’éditeur

Dans ce titre à double sens, il est question de regard. Du regard porté sur les vaches, et du point de vue des vaches elles-mêmes. Oui, elles nous regardent autant qu’on les regarde, les vaches de Claude Ber et de Cyrille Derouineau, poussées par une irrésistible curiosité. Elles existent dans le charnel, dans l’empan de leurs corps et les mots et les images sous nos yeux les exaltent. Où la photographie de Cyrille Derouineau cultive la présence et le relief dans une belle sobriété, les textes de Claude Ber bouillonnent d’ingéniosité et d’érudition mêlées, de détails insolites où se côtoient l’humour et le sensible. La rencontre est heureuse et l’acuité partagée.
Partir à la rencontre de celles qui traversaient le village à pas lents, balançant leurs têtes pensives comme plongées dans une méditation inaccessible à nous tous (…) nous invite à changer de regard.

Christian Dufourquet
Je la nuit
L’Arachnoïde, 2009
13 €

Pourrissoir du Temps et petites mouches
de la mémoire

Ce livre est la réédition d’un recueil paru il y a vingt ans chez Guy Chambelland. Il a été complété de quelques poèmes et d’un texte plus récent, sur la poésie.

Robert Nédélec
Double tour
Journal de Campagne
Un dessin de Henry Lejeune
Éditions Rafael de Surtis, coll. Pour une Terre interdite
14 €

Des pages écrites dans l’entre deux tours de la dernière élection présidentielle, pages à propos desquelles Emmanuel Malherbet a évoqué « le journal d’une clôture, d’une prise au piège, d’une agression après tout, et d’un enfermement ». Idée d’enfermement qui est aussi soulignée par l’allusion à l’opéra de Benjamin Britten à partir de la nouvelle d’Henry James à laquelle est empruntée l’épigraphe.

Amandine Marembert, Valérie Linder
Du baume stick dans la douceur
La yaourtière éditions
10 €

Une nouvelle parution (deux par an sont prévues) proposée par l’Association 3 petits points de suspension animée par Magali Thuillier et Denis Guitton et qui travaille toujours à faire se rejoindre dans un même esprit un artiste et un auteur.

Revue les Cahiers du Sens
édition 2009
« La Parole »
Le Nouvel Athanor, 2009
18 €

Très nombreuses signatures pour la forte édition annuelle de cette revue parmi lesquelles on peut relever celles de Colette Nys-Mazure, Thomas Szasz, Françoise Thieck, Jean-Luc Maxence, Gérard Pfister, Francesca-Yvonne Caroutch, Dany Moreuil, Evelyne Morin, Marie-Ange Sebasti, etc.

Revue Comme en poésie
n° 38, juin 2009
« La Poésie, aujourd’hui dans tous ses états »
site de l’éditeur

Parmi les 28 poètes présents dans ce numéro, Jean-Pierre Lesueur, Patricia Laranco, Yves Plamont, Guy Chaty, Jeanpyers Poëls, Gwénola Morizur, Thomas Vinau, Claude Vercey, Philippe Blondeau, etc.


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