Un vignoble n’est jamais à vendre

Il est très difficile de trouver de l’information sur les propriétés viticoles à vendre. Et pour cause : ceux qui les détiennent les protègent de toute publicité, et s’efforcent de les garder aussi secrètes que possible. Pourquoi ? Et, si c’est vraiment le cas, comment les ventes se concluent-elles ?

Les risques du vendeur

Un changement de propriétaire, pour un domaine viticole, n’est pas une chose anodine. Les principaux risques encourus sont du côté de la distribution et de la vente des vins, et ce pour deux raisons. La première, c’est qu’une mise en vente signale aux distributeurs des difficultés financières probables, qui pourraient se ressentir sur la qualité du vin (moins de moyens, donc plus forcément les moyens d’assurer la même qualité). La conséquence directe est une baisse des ventes.

La seconde raison, c’est l’inquiétude associée au changement de propriétaire : il peut en effet arriver que le changement de propriétaire s’accompagne d’un changement des hommes dans la vigne et au chais faisant peser une incertitude sur la qualité des vins à venir. Face à ce risque, les acheteurs des vins du domaine risquent de se montrer au début prudents, ce qui entraîne une baisse des ventes et un problème de liquidités : les fournisseurs du domaine auront donc peur de ne jamais être payés, et ont une certaine réticence à faire affaire avec le domaine.

Les précautions de l’acquéreur

Par conséquent, le marché immobilier de la filière du vin est un marché protégé, les agents et courtiers qui s’en occupent sont très peu nombreux, et gardent un secret absolu sur leurs activités. Ils vont jusqu’à garder leur identité aussi protégée que possible, pour éviter d’être suivis lors de visites de propriétés. En outre, une autre particularité est qu’ils sont agents “doubles”, à la fois au service du vendeur et de l’acheteur.

Ils sont aussi très rigoureux vis-à-vis de leurs acheteurs, évaluent leur potentiel avant de donner une quelconque information sur les biens en vente, puis demandent la signature de clauses de confidentialité très strictes. L’acquéreur doit donc présenter toutes ses garanties, et tenir le courtier au courant de tout aléa qui surviendrait durant le processus (qui peut durer un an), avant de devenir propriétaire.

La vente d’une propriété viticole est donc un procédé long et tenu secret jusqu’à la signature de l’acte final, mais on comprendra que les risques sont importants, et que vendre un domaine, pour son propriétaire, est une décision qui ne se prend pas à la légère, à la fois d’un point de vue financier et affectif.