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Anthologie permanente : Peter Huchel

Par Florence Trocmé

Je remercie vivement Maryse Jacob et Arnaud Villani qui ont entrepris de faire connaître en France le grand poète allemand Peter Huchel et qui ont bien voulu confier à Poezibao des traductions inédites. Je publie ici deux premiers poèmes et en publierai deux autres un peu plus tard.

Subiaco

Ville
mariée
à la lumière heureuse des montagnes,
au bord de l’à-pic des ciels de cloître.
Sous les troncs crevassés
des mûriers dans la cour,
le dur éclat d’une pelle,
pour déterrer les morts.

Le long du mur blanc,
le moine gravit l’escalier,
la sueur perle à ses sourcils.

Tout pâlit dans la lumière et la chaleur :
l’ocre grossier des murs,
la mousse desséchée qui s’émiette sur les pierres,
la verdure clairsemée près du fleuve.
Le sonneur marche dans ses sandales de toile déchirées,
bientôt vont résonner les coups de midi..

La chèvre repousse
de ses cornes le soleil
et cherche l’ombre mince.
Il n’y a pas d’eau dans l’écuelle de Pilate,
il ne peut se laver les mains.

Peter Huchel, traduction inédite de Maryse Jacob et Arnaud Villani, recueil Jours comptés

Matin d’hiver en Irlande

Le diable s’est installé de nuit
dans le confessionnal du brouillard
et parle aux désespérés.
Au matin, il prend la forme
d’une pie
qui s’envole, sans bruit, au-dessus du chemin creux.

Dans les oubliettes de l’hiver,
l’or cassant des morts,
aux drageons de chêne.
La lumière essarte le froid.
Le visage familier des toits
de nouveau paraît.

Les exercices spirituels
du vent sur la mer,
le premier braiment.
L’ombre planante d’un oiseau,
remonte la falaise à pic.

Le ressac,
barrière mobile d’eau et de lumière,
la mer d’Irlande ne dit pas si la pluie
sera la tombe de Midi.

Peter Huchel, traduction inédite de Maryse Jacob et Arnaud Villani, extrait du recueil La Neuvième Heure

Bio-bibliographie de Peter Huchel

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Subiaco

 

Stadt,
verschwistert
der heiteren Klarheit der Berg,
am Rand der Felsen der Klosterhimmel.
Unter den schrundigen Stämmen
die Maulbeerbäume im Hof
der harte Glanz einer Schaufel,
er will die Toten ausgraben

 

An der weißen Mauer
schreitet der Mönch die Treppe hinauf,
Schweiß sickert durch seine Augenbrauen.
Alles verblaßt in Licht und Hitze,
der große Ocker der Wände,
das spröde zerbrechliche Moos auf den Steinen,
das spärliche Grün am Fluß.
Der Glöckner geht in zerrissenen Leinenschuhen,
bald wird der Mittag hallen.

 

Die Ziege stößt
Mit den Hörnern die Sonne fort
und sucht den dünnen Schatten.
Die Schüssel des Pilatus ist ohne Wasser,
Er kann seine Hände nicht waschen.

 

Peter Huchel, Gezählte Tage

 

 

Wintermorgen in Irland

Der Teufel sitzt nachts
im Beichtstuhl des Nebels
und spricht die Verzweifelten an.
Am Morgen verwandelt er sich
in eine Elster,
die lautlos über den Hohlweg fliegt.

Im Winterverlies
das brüchige Gold der Toten
am Eichengesträuch.
Licht rodet die Kälte.
Die vertrauten Gesichter der Dächer
erscheinen wieder.

Die Exerzitien
des Windes über dem Meer,
der erste Eselschrei.
Der Schatten eines Vogels schwebt
am hängenden Felsen die Klippe hinauf.

 

Die Brandung,
der gleitende Wall aus Wasser und Licht,
die irische See verrät nicht, ob Regen
den Mittag begraben wird.

 

Peter Huchel, Die neunte Stunde

 


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