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Poezibao a reçu, n°98, dimanche 18 octobre 2009

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
Semaine riche, notamment en raison du Salon de la revue de Paris. Les revues reçues récemment ou données au Salon feront l'objet d'un " Poezibao a reçu spécial revues ", dans le courant de la semaine.
L'évènement éditorial incontestable de ce mois d'octobre est la parution, chez La Nerthe, de la traduction de l'intégrale du Maximus du poète américain Charles Olson. Ce livre fera bien entendu ultérieurement l'objet d'une note détaillée dans Poezibao.
°Charles Olson, Les Poèmes de Maximus, La Nerthe
°Caroline Sagot Duvauroux, Le Vent chaule, suivi de l'Herbe écrit, José Corti
°Daniel Delbreil (dir.), Raymond Queneau et le corps, Calliopées
°Ariane Lüthi, Pratique et poétique de la note chez Georges Perros et Philippe Jaccottet, Éditions du Sandre
°Luce Guilbaud, Feuillée de verts avec retouches, Tarabuste
°Pascale Lemler, Pages de Garde, BF éditeur
°Jean Maison, Araire, Rougerie
°Chantal Dupuy-Dunier, Saorge, dans la cellule du poème, Voix d'encre °
°Pierre Garrigues, Le jeune Homme, la mort et le jeu et Odyssées, Lambert-Lucas
°Jean-Albert Guénégan et Jean-Claude Tardif, Conversation à voix rompues, Editinter
°Agnès Gueuret, Souffles, Le corridor bleu
°Juan Manuel Roca, Voleur de nuit, Myriam Solal
Fiches détaillées de tous ces livres en cliquant sur " lire la suite de.... "

*Charles Olson
Les Poèmes de Maximus
Traduction Auxeméry
coll. Classique, La Nerthe, 2009
915 pages - 40 €
ndlr : très important évènement éditorial que cette édition des poèmes du Maximus de Charles Olson. Se voit ainsi comblé un trou flagrant dans la bibliographie française. C'est une somme que publie aujourd'hui la Nerthe, dont il faut saluer le courage éditorial, avec ce très gros livre de près de 1000 pages qui comporte la traduction intégrale par Auxeméry des poèmes de Maximus, ainsi qu'un important appareil de notes, glossaires et annexes, absolument indispensables à la compréhension de cette somme que beaucoup considèrent comme au moins aussi importante que le Paterson de William Carlos Williams.
Charles Olson (1910-1970, après avoir travaillé pour l'administration Roosevelt, publie son essai sur Melville ( Appelez-moi Ismaël, Gallimard, 1962) et fait du port de Gloucester, au nord de Boston, lieu qu'il découvrit enfant avec son père, le lieu de son vaste poème, Maximus, le lieu de sa création. Il poursuivra par ailleurs l'écriture de nombreux autres poèmes, essais, manifestes (dont son célèbre Vers projectif, également disponible dans une traduction d'Auxeméry, chez Ulysse fin de siècle).
D'Auxeméry, très présent dans Poezibao, on peut rappeler ici qu'il a traduit notamment Reznikoff, H.D., Robert Creeley, Nathaniel Tarn et bien d'autres poètes américains. Il travaille depuis trente ans sur Charles Olson.
*Caroline Sagot-Duvauroux
Le Vent chaule, suivi de L'Herbe écrit
José Corti, 2009 - sur le site de l'éditeur
17 €
" Un jour on s'arrête, saisi par la foison des pistes. On s'arrête au bord de quelque chose. C'est peut-être un mot, c'est peut-être la première lettre d'un mot. Qu'on ne comprend plus. Tant il y a de directions qui s'échappent d'un angle. Les directions ce sont les moments, l'angle c'est ici le deuil avant ses divers seuils. Il y a tant de seuils, tant de moments co-errant qu'une stupidité vous prive de la cohérence apparente d'un récit. Car il est commencé le récit, depuis longtemps. Ce que nous voyons : la broussaille des sensations, analogies, formes ... devant... La broussaille brouille le lien. Les moments se côtoient. Ne se pénètrent pas. Ils vont avec leurs circonstances, chopés par des rythmes, des rythmes qui ne dépendent que des moments, des vents. Je n'ai pas voulu négliger, n'ai pu souvent le dépasser, le premier mot des questions, qu'est-ce ? ?, ni l'écart vertigineux où voudrait s'inscrire quelque chose si chose savait le faire, ni la butée de toute la pensée sur un mot, donc ou loin ; qu'est-ce que loin ? que c'est loin !, ni la détresse nerveuse qui sépare le même, ni l'infinie nostalgie de surgissement du surgi.
C'est un livre pour toutes mes sœurs dont certaines sont des hommes. "(Caroline Sagot-Duvauroux, dos du livre)
*Daniel Delbreil (sous la dir.)
Raymond Queneau et le corps
Calliopées, 2009
25 €
Actes du colloque international " Raymond Queneau et le corps " qui s'est tenu à Nancy, au Théâtre de la Manufacture, les 5, 6 et 7 octobre 2006, direction scientifique Daniel Delbreil.
*Ariane Lüthi
Pratique et poétique de la note chez Georges Perros et Philippe Jaccottet
Éditions du Sandre, 2009
36 €
" L'écriture de la note, la réflexion sur sa pratique chez Georges Perros et Philippe Jaccottet, tel est l'objet de ce livre. Ces deux écrivains ont, parallèlement à leur œuvre poétique, publié plusieurs recueils de textes brefs qu'ils ont eux-mêmes qualifiés de " notes ". Les textes discontinus - Papiers collés, Carnets ou Semaisons - qu'on a retenus ici ont paru entre 1960 et 2001. En dégageant les caractéristiques formelles de leurs énoncés brefs - usages, valeurs et enjeux variés qui, d'un recueil à un autre, leur sont spécifiquement attachés -, cet essai examine la manière dont les différents textes se donnent respectivement à lire, comme autant d'instantanés poétiques à part entière. Si la note partage certaines de ses caractéristiques apparentes avec d'autres formes brèves (l'aphorisme ou le fragment), sa spécificité réside néanmoins dans sa nature éphémère, transitoire, fugitive. Elle est trace, germe menant vers d'autres formes, d'autres agencements du discours poétique, induisant ainsi un large éventail d'interprétations. Montrer comment, parce qu'elle donne force et valeur autant au provisoire qu'à la spontanéité de l'expression, la note ouvre de nouveaux chemins de traverse dans le paysage contrasté de la littérature des dernières décennies du xx e siècle, voilà le projet de cette étude. (Dos du livre)
*Luce Guilbaud
Feuillée de verts avec retouches
Peinture Jean-Louis Gerbaud
Tarabuste, 2009
11 €
Nous étions entrés dans la forêt entrés à même le vert
le vert silence froissé d'odeur de boue et d'ombre
vert fouillé multiplié verts mystères et secrets
feuilles pourries sourd tapis d'appréhension
mon père me guide et me parle sur le sentier
qu'il taille à même les herbes et les fougères
[...]
*Pascal Lemler
Pages de garde
BF éditions, 2009
12 €
Dans les mots et les silences de mon enfance
se cachait l'infans :
l'enfant que j'avais été
mais que je ne connaissais pas
l'enfant qui savait
ce que je ne savais pas
l'enfant qui avait déjà lu cette histoire-là
(dos du livre)
*Jean Maison
Rougerie, 2009
11 €
Ainsi tout est fragile
Qu'un peu de suie touche le drap
Et tout tremble et se tait
Maintenant la nuée tend le jour
De son poids incertain
Répandant sans mesure
sa marne sa presure

*Chantal Dupuy-Dunier
Saorge, dans la cellule du poème
Gouaches Michèle Dadolle
Préface Bernard Noël
Voix d'encre, 2009
18 €
Ce livre est né d'une résidence de l'auteur au couvent franciscain de Saorge, dans l'arrière-pays niçois. " Votre simplicité a un pouvoir étonnant, comme aurait un dessin figuratif qui se métamorphoserait dans nos yeux en signe héraldique ou en icône symbolique, tout en demeurant aussi simplement suggestif " (Bernard Noël, dos du livre)
*Pierre Garrigues
Odyssées
Essai sur les figures d'Ulysse et de l'exil
&
Le jeune Homme, la mort et le jeu
Essai sur le fragment 52 d'Héraclite
Éditions Lambert-Lucas, Limoges, 2009
10 € chaque volume
Deux méditations poétiques de Pierre Garrigues. Né à Oran, agrégé de lettres classiques et docteur ès Lettres, l'auteur enseigne à l'Université de Tunis.
*Jean-Albert Guénégan et Jean-Claude Tardif
Conversation à voix rompues
Avant-propos de Gilles Baudry
Coll. Correspondance & Dissonances, Editinter, 2009
15 €
" Une conversation épistolaire entre deux écrivains qui reconnaissent ″n'être pas entrés en poésie dans le même costume″. Pour l'un la poésie fait partie d'un patrimoine génétique commun. Pour l'autre au contraire, elle n'est nulle part à l'état naturel mais bien plutôt patient apprentissage. [...] Tous les thèmes sont ici abordés, qu'est-ce que l'inspiration ? Pourquoi écrit-on ? Pourquoi publie-t-on ? " (Dos du livre)
*Agnès Gueuret
Lectures d'Actes d'Apôtres
Le Corridor bleu, 2009
14 € - sur le site de l'éditeur
Agnès Gueuret poursuit ici ce qu'elle a commencé dans Le Pas du temps et Sur les sentiers de Qohéleth : inscrire dans l'aujourd'hui d'une écriture les questions que suscitent en nous la lecture du Premier et du Second Testament. Dans Souffles, A. Gueuret s'attache particulièrement au second livre attribué à Luc : Les Actes des Apôtres, dans lequel le terme de ″communauté″, employé avec insistance, est tissé de tous ses aléas : ententes, partages, remises en cause, contradictions, conflits, parfois même fratricides. Naît ainsi une réflexion sur un sujet présent plus que jamais à notre humanité en devenir : les liens entre aspirations personnelles et volonté de vivre ensemble. Par autant de touches que l'alphabet contient de lettres, A. Gueuret égrène ses textes poétiques, oscillant entre le temps des premières communautés chrétiennes et celui de notre époque, non moins bouleversée que n'était la leur.
*Juan Manuel Roca
Voleur de nuit
Traduit de l'espagnol (Colombie) par François-Michel Durazzo
Préface de Jean Portante
Myriam Solal, 2009
14 €
Ce livre est une anthologie de la poésie de Juan Manuel Roca. " Évoquer le pays, celui qui est le sien, la Colombie, un ″chaos de rues et de blessures″ où la mort rôde, cette immense hospice dans lequel l'aveuglement est roi, et où partout guettent des pièges, revient à parler d'abord du lieu symbolique, juché quelque part dans les plaines de l'ailleurs. Pas trop près, comme le serait le Macondo de Garcia Marquez, mais plus insaisissable, de l'autre côté de la frontière. Dans la bibliothèque silencieuse. " (Extrait de la préface de Jean Portante.)


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