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Un seul regard ne suffit pas…

Par Dominique Foucart

3d-view-master

Les plus expérimentés d’entre nous se souviennent sans doute de ce merveilleux jouet qui a bercé notre enfance: le 3D ViewMaster. Je me souviens d’avoir visité de nombreux monuments historiques, traversé des contrées fantastiques, partagé les jours de Bambi et de Mowgli, tout cela en 3 dimensions, en faisant tourner les merveilleux petits disques blancs dans leurs drôles de lunettes, et en cherchant toujours la meilleure luminosité.

Le principe de fonctionnement du ViewMaster était d’une simplicité étonnante: offrir simultanément à chaque oeil une vision légèrement différente de la même scène. Les images étaient pourtant statiques, mais déjà plus réelles que celles que l’on trouvait dans les albums de couleurs racontant les mêmes histoires.

C’est en rajoutant différentes dimensions à un récit que nous lui permettons de se rapprocher d’un modèle de réalité. La photo ou le dessin nous donnent une première image de ce que pourraient être les faits. Ils en sont une première interprétation. La seconde image du viewmaster photographie la même “réalité” avec un léger décalage dans l’espace. C’est en demandant à nos deux cerveaux de se concerter pour construire une vision commune que le ViewMaster transforme ces deux images en un seul univers tridimensionnel.

En regardant l’image en 3D à côté de sa sœur en 2D, nous nous rendons compte que nous sommes plus proches de “la réalité”. Une autre approche plus fine de la réalité nous est donnée en nous présentant une succession d’images fixes et en jouant sur la capacité de notre cerveau à les interpoler pour obtenir une “image mobile”. Fondamentalement, le cinéma nous semble une meilleure approximation de la réalité que l’image fixe. Combiner la vision stéréoscopique avec la succession d’image nous donne le cinéma 3D. La même démarche peut se faire au niveau du son: muet, commenté, monophonique, stéréophonique, 3D, Surround, que sais-je encore. Plongez vous au coeur du gouffre de Helm Deep au moment de la bataille dans le “Seigneur des Anneaux” et vous “croyez y être”.

Et pourtant, vous y êtes moins que jamais. Helm Deep est une pure fiction, aucune réalité ne correspond à ce modèle. En sophistiquant nos méthodes pour approcher de la réalité, nous avons créé une plus grande fiction.

Lorsque nous communiquons en essayant de donner une image aussi vraie que possible de la réalité (que nous avons perçue), nous ne faisons que construire un modèle toujours plus réducteur de la réalité – car c’est celui de notre réalité, qui éclipse celle des autres. Pour avoir une conversation enrichissante avec quelqu’un d’autre, une des conditions essentielles est de pouvoir se détacher de notre perception de la réalité pour embrasser celle de l’autre. Ce n’est qu’alors que nous pouvons commencer à coopérer.

Si deux personnes sont chacune d’un côté d’un même mur et le poussent pour qu’il “tienne debout”, au plus elles poussent (elles défendent leur perception de la réalité) au plus elles risquent si l’une des deux faiblit, de faire s’écrouler tout le mur. Si chacune d’entre elles relâche la pression pour essayer de coopérer au travail de l’autre, alors la médiation entre les deux peut aider à grandir ensemble.


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