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Poezibao a reçu, n°127, vendredi 21 mai 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
°Roberto Juarroz, Poésie et création, José Corti
°Guillevic, Ce Sauvage, Érès
°Benoît Casas, Il était temps, suivi de Cap, Wharf/Nous
°Manuel Joseph, La Tête au carré, P.O.L.
°René Crevel, Elle ne suffit pas l'éloquence, Les Hauts-fonds
°Coll., Disputation XXI , Hapax
°Revue Po&sie n° 130
°Abbas Kiarostami, Havres, Érès
°Nadine Cabarrot, Deltas, Érès
°Fatima Rodriguez, Oblivionalia, Les Hauts-Fonds
°Jacques Lacarrière, Méditerranées, Cahiers Jacques Lacarrière 2, Christian Pirot
°Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne éditeur
°Fanny Gondran, Depuis ces lieux épars, La Passe du vent
° Cahiers Robert Rius, n° 1
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur " lire la suite de.... "

Ibériques, José Corti, 2010 *Roberto Juarroz
Poésie et création
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Fernand Verhesen
coll.
19 €
Peut-on définir la poésie ? Le poème comme organisme incomplet. La parole et le silence. Renoncements de la poésie moderne. Nécessité et intensité de la parole dans le poème. La poésie est reconnaissance de l'absurde et de l'anti-absurde. Le poème devant l'abîme de la condition humaine. La reconnaissance totale du réel. Poésie et philosophie. Disponibilité du poète. Poésie et expérience de la mort. La poésie comme forme périssable et comme présence. Poésie et art. Le poète et sa vision du monde. Poésie, connaissance et sagesse. Le bouddhisme Zen. La mystique. Possibilité d'une synthèse des possibilités humaines. Science et humanités. Nécessité d'un penser majeur. Poésie, reconnaissance et création de réalité. Poésie et métaphysique. Poésie et idéalisme. La poésie comme regard à partir des limites et le poète comme voyant. Heidegger. La fondation de l'être par la parole. Revers, antithèse et recherche d'une troisième dimension poétique. L'irrationnel et le plus que rationnel. La poésie devant l'éthique, l'esthétique et la gnoséologie. Toute poésie est une éthique profonde. La poésie est-elle une "consolation"? Une aventure nécessaire.
C'est en 1987 que Jean-Pierre Sintive publia aux éditions Unes cette réflexion intemporelle qui fit beaucoup pour la découverte de Roberto Juarroz en France, et que les éditions Corti reprennent aujourd'hui.
*Guillevic
Poème
Coll. Po&Psy, éditions Erès, 2010
10 €
Sur la collection :
" Une fois n'est pas coutume, avec le printemps, nous souhaitons vous faire partager une expérience poétique ! Peut-être n'avez-vous pas noté " la douce utopie " (Pascale Janot) à l'origine de la création en 2009 d'une collection de poésie chez Érés... Trois premiers titres La ballade de l'ancien asile de Paolo Universo, traduit de l'italien par Pascale Janot et Danièle Faugeras, Lenteur des foudres de François Migeot, Pas simple en ce monde d'être né humain de ISSA, suivis en 2010 de trois nouveautés Ce sauvage de Guillevic, Deltas de Nadine Cabarrot et Havres d'Abbas Kiarostami traduit du persan par Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser.
" La poésie est ce qui permet de tenir.
Elle est en moi un courant vital, fondamental, qui agit à la façon d'un sixième sens et me met en communication avec les choses tangibles et non tangibles de ce monde. Pour un peu je dirais : avec l'essence de ce monde.
Besoin de faire naître et de recueillir en moi ce courant. Quand il ne passe pas, je suis sans énergie, absent de moi-même, quand il circule, la vie me devient présence. Je communique avec le courant du
monde extérieur et celui du monde intérieur. Je communique et je communie.
Le poème est l'accumulateur qui transmet, révèle ce courant, à la fois pour moi et pour ceux qu'il touchera. " (Guillevic)
L'œuvre poétique de Guillevic (1907-1997), reconnue en France comme l'une des plus originales de la seconde moitié du XXe siècle, a poursuivi pendant des décennies un " creusement " persévérant de l'exploration de l'" ici-maintenant " d'un réel concret et palpable. Couronnée par le Grand prix national de poésie en 1984, son rayonnement est international.
La bibliographie de Guillevic compte une centaine d'ouvrages en collaboration avec des peintres, dont Dubuffet, Léger, Manessier, Bazaine, Cortot, Pouperon, Sylvère, Baltazar... Son œuvre est mise en musique par un nombre croissant de compositeurs en France et à l'étranger. Elle est traduite en une cinquantaine de langues et diffusée dans plus de soixante pays. Guillevic était lui-même traducteur de l'allemand (Hölderlin, Heine, Trakl, Stadler, Rilke, Brecht...) et co-traducteur de nombreux poètes hongrois, russes, macédoniens, roumains, finnois, arabes... ( sur le site de l'éditeur)
*Benoît Casas
Il était temps (Sonate pour mégaphone) suivi de Coédition Wharf, Centre d'Art contemporain de Basse-Normandie et Nous, 2010
14 €
il était temps est une version courte (pour la scène) de la cinquième séquence-livre de Di.e. C'est à la fois un livre de poésie visuelle et un livre de poésie sonore, le livre est une sorte de poème-partition en vue de son exécution publique. Subjectivation, érotisme, langage, captation, répétition, spectralité, voix : il était temps est un poème qui se pose la question de son impact, de son adresse. (Prière d'insérer)
Benoît Casas est poète, plasticien, éditeur. Il travaille et expérimente plusieurs champs artistiques qui vont de la poésie écrite et performée, à la pratique de la peinture et photographie. Le voyage et le déplacement sont des données fondatrices de sa pensée et d'une situation géographique " instable ". Il poursuit actuellement son triptyque de voyage en Italie, Talia tour. L'édition d'ouvrages philosophiques et de textes inédits est une de ses occupations journalières.
*Manuel Joseph
La Tête au carré
P.O.L., 2010
18 €
Plus que dans aucun de ses précédents livres, Manuel Joseph se montre dans La Tête au carré un écrivain du montage. Le film, le texte, ce serait celui du monde violent, le nôtre tel qu'il tue et mutile, tel qu'il expulse et déplace, de Gaza aux banlieues. Ce texte est fait d'éléments en principe hétérogènes que le montage, précisément, associe, fait résonner, oppose et juxtapose non pas au hasard mais selon une logique de la sensation et de la prise de conscience, tandis qu'un personnage récurrent, Elsa, sorte de surperwomen tueuse et cruelle prend en charge une narration bousculée.
Pour lire les premières pages, suivre ce lien
*René Crevel
Elle ne suffit pas l'éloquence
Gravures de Jean-Pierre Paraggio, postface de Michel Carassou
Les Hauts-Fonds, 2010
sur le site de l'éditeur
13 €
S'il est une figure du groupe surréaliste qui n'a pas filé d'œuvre poétique spécifique, c'est bien René Crevel. À tel point que ses poèmes en vers ou en prose semblent se couler dans une œuvre narrative prégnante tout à la fois inventive et discursive. Sans doute Crevel n'a-t-il pas souhaité donner à sa poésie davantage d'éclat que ce reflet mat et dur privé de ciel que charrient les fleuves des villes. Mais c'est précisément cette présence physique du temps dans ses poèmes, toute de violence existentielle, qui a instillé l'idée de ce volume. La trame éditoriale en est on ne peut plus simple. Il s'est agi de ne rien forcer. Le livre suit les publications séparées de Crevel de façon chronologique. Ce sont pour l'essentiel des textes de création, sans objet théorique ou réflexif : ses poèmes en vers (aisément identifiables, certains ont été prélevés dans des narrations), quelques autres en prose, tous textes qu'il a publiés à part en revue ou isolés de son œuvre narrative parfois sous forme de " bonnes feuilles ". Tant René Crevel, fidèle en cela à la révolution surréaliste, a fait oeuvre poétique et non une œuvre poétique ... ( site de l'éditeur)
*Collectif
Disputation XXI
coll. Langage critique, Hapax
15 €
" Seul un dieu ou un diable pourraient déclarer définitive la péremption des genres : " La poésie, c'est le roman, à jamais ".
Seul un homme pourrait dire l'éternelle valeur des genres : " Le roman, c'est le roman, et la poésie, la poésie, à jamais ".
Seul un démon ambivalent pourrait décréter : " L'histoire n'existe pas ".
Seule bête, fleur ou pierre pourraient penser : " Les genres n'existent pas ".
Dieu, diable, démon, bête, fleur, pierre, ne commettent pas d'erreurs. Ils peuvent seulement être dans l'erreur. " (Philippe Beck)
Deux querelles ont surgi récemment dans le microcosme poétique, l'une relative à la critique, l'autre à propos de la rivalité entre poésie écrite et poésie scénique.
Jean-Marc Baillieu, Jean-Pierre Bobillot, Philippe Boisnard, Eric Houser, Samuel Lequette, Jean-Claude Pinson, Fabrice Thumerel, François Vaucluse, précisent les enjeux de la polémique et prennent du recul sur quatre problèmes fondamentaux : le vers, les genres, la voix et la scène, enfin le discours critique.
Lire en avant-première Disputatio XXI avec Calaméo.
Voir aussi sur libr.critique et ici aussi
20 €
Au sommaire de ce numéro 130, deux importants dossiers l'un consacré à Ingeborg Bachmann et l'autre à Giuseppe Ungaretti. Avec aussi des textes de Jean Metellus sur Haïti, Michel Deguy.
Poezibao reviendra plus en détail prochainement sur ce numéro, dans la rubrique Le livre du jour.
*Abbas Kiarostami
coll. Po&psy, éditions Erès
10 € - site de l'éditeur
Sur la collection, voir plus haut note sur le livre de Guillevic.
Abbas Kiarostami est né à Téhéran en 1940, où il vit et travaille en tant que réalisateur, scénariste et producteur de cinéma ; il a signé plus de 40 films, parmi lesquels Où est la maison de mon ami (1987), Close-up (1990), Et la vie continue (1991), Au travers des oliviers (1994), Le goût de la cerise (1997 - Palme d'or festival de Cannes), Le vent nous emportera (1999 - prix de la Mostra de Venise), Ten (2002). C'est aussi un photographe reconnu, dont les œuvres sont exposées dans le monde entier. Deux recueils de ses poèmes ont été publiés en version française : Avec le vent, P.O.L. 2002 ; Un loup aux aguets, La Table ronde 2008.
" Pourquoi la lecture d'un poème excite-t-elle notre imagination et nous invite-t-elle à participer à son achèvement ? Les poèmes sont sans doute créés pour atteindre une unité malgré leur inachèvement. Quand mon imagination s'y mêle, le poème devient le mien. Le poème ne raconte jamais une histoire, il donne une série d'images. Si j'ai une représentation de ces images dans ma mémoire, si j'en possède les codes, je peux accéder à son mystère. L'incompréhension fait partie de l'essence de la poésie. [...] Une image ne représente pas, ne se donne pas en représentation mais annonce sa présence, invite le spectateur - le lecteur - à la découvrir. " (A. K.)
Toute l'œuvre d'Abbas Kiarostami est tendue vers le retrait et l'épure : soustraire pour mieux montrer, s'abstraire de la contrainte de la narration pour inventer des formes d'écriture en résonance plus grande avec la nature, qu'il associe au sacré dans la droite ligne des poètes et des peintres persans.
*Nadine Cabarrot
Carnets de voyage
coll. Po&psy, éditions Erès
10 € - site de l'éditeur
Sur la collection, voir plus haut note sur le livre de Guillevic.
" Cela commence en Camargue. Contre-jour du soir. Jeu d'approche entre l'œil, le soleil, les brindilles et l'eau. Quelque part avant le noir, les herbes deviennent des signes fugaces. Concrétion d'imaginaire. Rêverie sans grammaire. Désir d'ascèse. " Ainsi le rendez-vous photographique de Nadine Cabarrot va devenir une aventure calligraphique qui se poursuivra, de delta en vallée, de désert en delta sur les lieux de quatre destinations mythiques (des Saintes Maries de la Mer à Port Saïd, de Saigon à Tibériade) .
Les quatre carnets de voyage réunis ici sous le titre-lettre de Deltas rapportent la pérégrination de l'auteure en quête de ces " écritures d'eau " : atmosphères de terrain, saisies au hasard de la rencontre des gens et des choses. Aucunement une légende. Une profondeur de champ. Et l'on ne s'étonnera pas si Nadine Cabarrot a recours à la forme exigeante du haïku, dont le travail est si proche du cadrage photographique, pour restituer cette expérience poétique de la présence au monde et à soi-même.
Nadine Cabarrot est née en 1953 dans le sud-ouest de la France. Photographe et comédienne, cofondatrice de la Cie l'Albatros qui se consacre exclusivement à la mise en scène de poésie. Deltas est son premier recueil publié.
*Fatima Rodriguez
Oblivionalia
traduit du galicien par Vincent Ozanam, préface de Maria osa Lojo, gravures d'Anne-Sophie Gilbert.
Les Hauts-Fonds, 2010 - site de l'éditeur - lire un extrait
13 €
" Musique dans le vide, celle de ces poèmes qui déchirent et suturent, qui ouvrent la porte arrière du temps, la mansarde du désir, les secrets et les trésors obscurs, pour faire jaillir le clair écho de la voix la plus primitive. "
*Jacques Lacarrière
Méditerranées
Cahiers Jacques Lacarrière 2
Coll. Chemins faisant, Christian Pirot, 2010
10 €
Consulter la rubrique Le livre du jour, où ce Cahier a été longuement présenté.
Iro mo ka mo, la couleur et le parfum
Coll. Grands Fonds, Cheyne Éditeur
15 €
Contrairement à ce qu'on serait tenté de croire, il ne s'agit pas ici d'un rapport ethnographique sur le Japon, sa culture, ses mœurs, ses coutumes, mais d'un regard tendre, patient et souvent amusé, ouvert à la poésie de l'infime et du subtil dont les Japonais font leur quotidien. L'enchantement que fait partager Ito Naga, l'auteur de "Je sais", ne procède nullement de la démonstration : il naît de l'observation simple, de l'attention gourmande à la surprise de l'instant, dessin d'un geste, forme d'une feuille, lointain déconcertant d'un mot... Ainsi, selon sa manière propre, suggestive et allusive, l'auteur de "Iro mo ka mo, la couleur et le parfum", suscite chez le lecteur un trouble heureux en lui offrant d'atteindre, sous les apparences, le secret que révèle la rencontre avec l'autre. Carnet de bord d'un périple amoureux, ce livre restitue l'émotion intime, et comme étonnée d'elle-même, qui nous saisit quand s'ouvre à nous l'inconnu. (Jean-Pierre Siméon, dos du livre)
*Fanny Gondran
Depuis ces lieux épars
3 poèmes / 3 nouvelles
La Passe du vent, 2006
8 €
Fanny Gondran publiera prochainement un livre aux éditions Tarabuste. Elle avait publié Depuis ces lieux épars, en 2006.
C'est depuis toujours une voix rare, où se mêlent continuellement, avec pudeur et délicatesse, prose poétique et poésie narrative. Fanny Gondran publie peu, mais les nouvelles et les poèmes épars qu'elle nous offre ici interrogent non seulement nos émotions immortelles mais encore, et singulièrement, notre pensée en mouvement. Fanny Gondran n'est pas, malgré sa haute discrétion, un écrivain consensuel. De son œuvre se dégage un féminisme, certes revenu de toutes les utopies des années 70 mais un féminisme à la voix tendre et claire. Son chant, humblement, nous rappelle à l'ordre ou au désordre le plus insensé, donc le plus profond. (Dos du livre)
édités par l'Association pour la Mémoire de Robert Rius
n° 1, hiver 2009-2010
pour en savoir plus, consulter ce site


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