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Vers de Dieu (Carlos Drummond de Andrade)

Par Arbrealettres
Vers de Dieu (Carlos Drummond de Andrade)


Vers de Dieu

I

Si tu ressens chez les oiseaux
autant de liberté
et d’aérien pouvoir,
imagine un oiseau
supérieur à tous les autres
et invisible à ce point
que son vol laisse
une impression de rêve.
Avec légèreté et grâce
l’homme pense Dieu.

II
Sur la plus haute branche
Dieu est posé
sur une seule serre perché,
et il fixe le monde.
De la plus haute branche
il déploie son vol
et s’en vient au hasard
becquetant les choses,
indifférent aux choses
becquetées,
enchantées.

III
Dieu me becquette
doucement aux yeux,
référence plutôt
que remontrance.
Il s’y polit le bec.
Et ça fait mal.
En disparaissant il croasse:
«Aujourd’hui je te pardonne.»
Ce que Dieu pardonne
Dieu seul le sait.

IV
Dieu rumine
que faire, par hasard.
Encore un tremblement de terre?
De quelle proportion?
Une nouvelle guerre?
De combien de nations?
Quelle marge accorder
au caprice de l’homme?
Est-ce un artiste qui va naître?
Des idiots naîtront-ils?
Des robots surgiront-ils ?

V

En fin de compte
tout s’accommode
à sa volonté.
Nul autre Dieu n’est
projeté, ni plusieurs.
Lacets entrelacés,
gémissements, crépuscule
toujours continué.
Homme, je me repens
de la création de Dieu,
mais il est trop tard maintenant.

(Carlos Drummond de Andrade)



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