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Temps au soleil (Carlos Drummond de Andrade)

Par Arbrealettres
Temps au soleil (Carlos Drummond de Andrade)


Temps au soleil

Assis sur leur seuil prennent le soleil
de vieux commerçants sans clients.
C’est un soleil fait pour eux: mitigé,
peu empressé de brûler. Le soleil des vieux.

Il n’entre plus personne dans la boutique obscure
ou si l’on y entre, on n’y achète rien. Tout est cher
ou bien les marchandises ont oublié
de se montrer. Les vieux commerçants
ne veulent-ils plus les vendre? Une araignée
commence à tisser sur la pendule
murale. Et cette poussière sacrée sur les rayons.

Le soleil vient leur rendre visite. Le chapeau
sur la tête ils le reçoivent. S’il surgit
un acheteur inhabituel, quelle corvée.
Devoir se lever, prendre le mètre,
les ciseaux, déballer la pièce de toile,
répondre, informer, faire l’article.

Assis sur leur seuil, simples statues,
en savates et la barbe non rasée,
leur blanche tête ils remuent lentement
quand passe une connaissance. Qu’il ne s’arrête pas
pour parler des choses du temps. Le temps
est une chaise au soleil, et rien de plus.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration



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