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Anthologie permanente : Hilde Domin

Par Florence Trocmé

Les Éditions L'Oreille du Loup publie Aucun chat avec sept vies Mais toi Avec un si léger bagage, mit leichtem Gepäck, une anthologie poétique bilingue de la poète allemande Hilde Domin, décédée en 2006. Présentation de ce livre
[...]
aucun lézard ni étoile de mer
qui le rencontres
dans chaque rue,
qui avec lui
partages le pain,
penche-toi et caresse,
sans la rompre,
la mousse tendre sur le sol
ou un petit animal
sans qu'il ne tressaille
sous ta main.
Mets-la protectrice
sur la tête d'un enfant,
laisse que la bouche affectueuse
de l'aimée
l'embrasse
ou garde-la
comme sous une grue
sous l'or fluide
du soleil du soir
pour qu'elle se fasse transparente
et sans aucune utilité
dans n'importe quelle manœuvre
construisant
des enfers de fils barbelés
publics
ou intimes,
et pour que jamais,
si la panique
distribue ses armes destructrices,
elle n'appelle " Ici ",
et jamais
ne doive retenir
la grande verge de fer
qui par l'autre forme
traverse
comme l'écume.
Et qu'elle ne te revienne jamais,
aucun soir,
à la maison
comme un chien de chasse
avec un faisan
ou un petit lièvre
telle une proie de son instinct
te mettant la peau
d'un Toi
sur la table.
Pour que,
si le dernier jour
elle se tient devant toi
sur la couverture,
comme une fleur pâle
si faible
pourtant pas tout à fait si légère
pas tout à fait si pure,
mais comme une main humaine
qui sera tachée
et lavée
et de nouveau tachée,
tu la remercies
et dises
Adieu
ma main.
Tu étais un membre
aimant
entre moi et le monde.
Hilde Domin, extrait de ″Qui est touché″ , Avec un si léger bagage, Mit Leichtem Gepäck, anthologie poétique, Sämtliche Gedichte, traduction de Stéphane Chaumet, L'Oreille du Loup, juin 2010, p.30-39.
(
à qui repousse
le membre perdu,
aucun ver de terre coupé
n'est aussi résistant que l'homme
qu'on place au soleil
de l'amour et de l'espoir.
Avec les traces de brûlure sur son corps
et les cicatrices des blessures
sa peur s'évanouit.
Défeuillé
son arbre de joie
bourgeonne à nouveau,
même l'écorce de la confiance
qui repousse lentement.
Il s'habitue à l'image
transformée, labourée
dans les miroirs,
il huile sa peau
et recouvre la Mort
impertinente
d'une nouvelle couche de graisse
jusqu'à ne plus avoir pour
personne une odeur bizarre.
Et complètement imperceptible,
peut-être un jour de fête
ou d'anniversaire,
il ne s'assoit plus
seulement au bord
de la chaise offerte
comme pour fuir
ou si le meuble avait
les pieds vermoulus,
mais il s'assoit
à table avec les siens
et il est à la maison
et presque
sûr
se réjouissant
des cadeaux
préférant ce qui est prêté
à une possession
et chaque jour
est pour lui
un ici surprenant
si légèrement lumineux
et clairement limité
comme la paume de la main
entre les rémiges
déployées
d'un oiseau qui plane.
Le repos terrible
de la preuve
s'enfonce.
À toutes les frontières
les barrières seront
déplacées dans le transparent.
Mais la substance du moi
est si autre
comme le métal qui sort du haut fourneau.
Ou comme s'il était
du dixième ou du vingtième étage
- la différence est dérisoire
dans le saut mortel
sans filet -
tombé sur ses pieds
au milieu de Times Square
échappant à grand-peine
avant le changement du feu rouge
au museau des voitures.
Pourtant, une certaine légèreté
comme celle
d'un oiseau
lui est restée.
Texte allemand en cliquant sur " lire la suite de..."bio-bibliographie, décès (février 06)
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Une de Poezibao

[...]Du aber
Keine Katze mit sieben Leben,
der Du ihm
auf jeder Sraße begegnest,
der Du mit ihm
das Brot brichst,
bücke Dich und streichle,
ohne es zu knicken,
das zarte Moos am Boden
oder ein kleines Tier,
ohne dass es zuckt
vor Deiner Hand.
Lege sie schützend
auf den Kopf eines Kinds,
lasse sie küssen
von dem zärtlichen Mund
der Geliebten,
oder halte sie
wie unter einen Kranen
unter das fließende Gold
der Nachmittagssonne,
damit sie transparent wird
und gänzlich untauglich
zu jedem Handgriff
beim Bau
von Stacheldrahthöllen,
öffentlichen
oder intimen,
und damit sie nie,
wenn die Panik
ihre schlimmen Waffen verteilt,
"Hier" ruft,
und nie
die große eiserne
Rute zu halten bekommt,
die durch die andere Form
hindurchfährt
wie durch Schaum.
Und dass sie Dir nie,
an keinem Abend,
nach Hause kommt
wie ein Jagdhund
mit einem Fasan
oder einem kleinen Hasen
als Beute seines Instinkts
und Dir die Haut
eines Du
auf den Tisch legt.
Damit
wenn am letzten Tag
sie vor Dir
auf der Bettdecke liegt,
wie eine blasse Blume
so matt
aber nicht ganz so leicht
und nicht ganz so rein,
sondern wie eine Menschenhand,
die befleckt
und gewaschen wird
und wieder befleckt,
Du ihr dankst
und sagst
Lebe wohl,
meine Hand.
Du warst ein liebendes
Glied
zwischen mir und der Welt.
keine Eidechse und kein Seestern,
denen das verlorene Glied
nachwächst,
kein zerschnittener Wurm
ist so zäh wie der Mensch,
den man in die Sonne
von Liebe und Hoffnung legt.
Mit den Brandmalen auf seinem Körper
und den Narben der Wunden
verblaßt ihm die Angst.
Sein entlaubter
Freudenbaum
treibt neue Knospen,
selbst die Rinde des Vertrauens
wächst langsam nach.
Er gewöhnt sich an das veränderte
gepflügte Bild
in den Spiegeln,
er ölt seine Haut
und bezieht den vorwitzigen
Knochenmann
mit einer neuen Lage von Fett,
bis er für alle
nicht mehr fremd riecht.
Und ganz unmerklich,
vielleicht an einem Feiertag
oder an einem Geburtstag,
sitzt er nicht mehr
nur auf dem Rande
des gebotenen Stuhls,
als sei es zur Flucht
oder als habe das Möbel
wurmstichige Beine,
sondern er sitzt
mit den Seinen am Tisch
und ist zuhause
und beinah
sicher
und freut sich
der Geschenke
und liebt das Geliehene
mehr als einen Besitz,
und jeder Tag
ist für ihn
überraschendes Hier,
so leuchtend leicht
und klar begrenzt
wie die Spanne
zwischen den ausgebreiteten
Schwungfedern
eines gleitenden Vogels.
Die furchtbare Pause
der Prüfung
sinkt ein.
Die Schlagbäume
an allen Grenzen
werden wieder ins Helle verrückt.
Aber die Substanz
des Ich
ist so anders
wie das Metall, das aus dem Hochofen kommt.
Oder als wär er
aus dem zehnten oder zwanzigsten Stock
- der Unterschied ist gering
beim Salto mortale
ohne Netz -
auf seine Füße gefallen
mitten auf Times Square
und mit knapper Not
vor dem Wechsel des roten Lichts
den Schnauzen der Autos entkommen.
Doch eine gewisse Leichtigkeit
ist ihn
wie einem Vogel
geblieben.


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