Magazine Juridique

La quête du sensationnel n’est pas protégée par la liberté d’expression.

Publié le 12 juillet 2010 par Gerardhaas

La quête du sensationnel n’est pas protégée par la liberté d’expression.Les faits sont atroces. Un magazine a publié la photographie prise par les tortionnaires d’un jeune homme, bâillonné et entravé, le visage entouré d’un ruban adhésif laissant seulement apparaître son nez ensanglanté et tuméfié, un pistolet braqué à bout touchant sur sa tempe.

Cette affaire a fait grand bruit dans la presse écrite et fit même l’objet d’une émission télévisée à laquelle a participé l’avocat de la famille de la victime.

Cependant, cette dernière a demandé à ce que soient retirés de la vente tous les exemplaires du magazine en cause en raison de l’atteinte à leur vie privée que cette publication a causé.

La société éditrice lui a répondu :

  • Que l’atteinte à un sentiment provoqué par la publication d’une photographie d’un proche victime d’un crime, qui ne peut être assimilé à une intrusion dans la sphère de la vie privée, ne saurait, en raison de son caractère éminemment subjectif, exclusif de toute prévisibilité, justifier qu’il soit apporté quelque restriction à la liberté d’expression et d’information ;
  • Que la publication de la photographie qui montre le calvaire de la victime d’un crime ne fait que révéler l’atteinte à la dignité subie par celle-ci du fait des violences qui lui ont été infligées et ne saurait donc être considérée comme constituant intrinsèquement ladite atteinte ;
  • Qu’enfin, la liberté d’expression ne peut être soumise à des ingérences que dans les cas où celles-ci constituent une mesure nécessaire, dans une société démocratique, notamment à la protection des droits des tiers ; qu’en l’espèce, ce n’était pas le cas.

Prenant le contrepied de cette argumentation, la Cour de cassation a estimé que la publication de la photographie, « qui dénotait une recherche de sensationnel, n’était nullement justifiée par les nécessités de l’information ». Qu’elle était contraire à la dignité humaine en ce qu’elle constituait une atteinte à la mémoire ou au respect dû aux morts et donc portait atteinte à la vie privée des proches de la victime. Cela justifie, selon elle, une telle atteinte à la liberté d’expression et d’information.

Source :

Arrêt du 1er juillet 2010, n°09-15479, Cour de Cass. ; -Voir le document.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gerardhaas 406 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine