Magazine Culture

Poezibao a reçu n° 138, dimanche 29 août 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
°Yves Bonnefoy et Patrick Née, Poésie, arts pensée, Hermann
°Jacques Guyomar, serres, Edith Azam, le mot il est sorti, Al Dante
°Angèle Paoli, Carnets de marche, Les Éditions du Petit pois
°Joumana Haddad, Miroirs des passantes dans le songe, Al Dante
°Novalis, Grains de Pollen, publie.net
°François Lallier, Vita Poetica, L'Arbre à Paroles
°Cyrille Martinez, Chansons de France, Al Dante
°Benoît Ritt, Nation, Al Dante
°Gaëlle Guyot, Bruissant, Amandier
°Josep M. Sala-Valldaura, Bouleversements, L'Arbre à Paroles
°Ysabel Lorans, Corail de patience, Jacques Renou, Atelier de Groutel
°Jonas Ekhr, Résidence, L'Arbre à Paroles
°Myriam Boisaubert, Les Mordicantes, Al Dante
°Françoise Lison-Leroy, On s'appelle, Rougerie
et la revue
° Il Particolare, n° 21&22, cahier Christian Prigent
notices détaillées de ces ouvrages en cliquant sur " lire la suite... "

*Yves Bonnefoy et Patrick Née
Poésie, arts, pensée
Carte blanche donnée à Yves Bonnefoy
Textes rassemblés par Yves Bonnefoy et Patrick Née
coll. Savoir Lettres, Hermann, 2010
30 €
Tours, ville natale d'Yves Bonnefoy, a offert au poète " carte blanche " pour susciter autour de lui, un approfondissement de la question de la poésie. Sont ici rassemblés, des propos sur les arts (musique, architecture, photographie et peinture) et sur divers modes de rapports à l'être (philosophie, psychanalyse et mystique) tous mis en relation avec la recherche propre du poétique ayant fait appel, pour ce faire, à des spécialistes de ces diverses démarches d'art et de pensée : Michela Landi, Didier Laroque, Jérôme Thélot, Bernard Vouilloux, Marlène Zarader, Patrick Née et François Trémolières.
On trouvera donc " rassemblés dans ces actes sept conférences et deux tables ronde réunissant les conférenciers autour d'Yves Bonnefoy qui les invitait, à l'occasion de deux journées situées lors de deux années consécutives, à réfléchir aux rapports qu'entretien la poésie avec d'autres manifestions de l'esprit humain. [...] Ainsi se prolonge le désir qui n'a cessé d'être le sien - depuis son enseignement au Collège de France et les rencontres annuelles qu'il a suscitées dans le cadre de la Fondation Hugot du Collège de France - de favoriser, autour de sa réflexion fondamentale sur la poésie, le colloque des disciplines interrogeant le souci humain, dans son affrontement au fait qu'il y ait quelque chose plutôt que rien, et que nous sommes ainsi responsables de l'Être - en tant qu'il n'est rien d'autre que notre communauté de parole. " (Dos du livre et prière d'insérer).
Jacques Guyomar
le mot il est sorti
Éditions Al Dante, 2010
18 €
" Je me suis réveillée et j'ai réveillé : avec moi.
Le mot il est sorti. Des bouts de fer dans le
gosier, et puis les yeux, les yeux c'était le
débris des images que je suis pas : une prin-
cesse. Et tout mon corps froissé, il est avec
des éclats, des coupures toutes en lignes
droites. Alors le mot il est parti, monté en
parallèle de quelque chose. Il est parti
comme un flêchon, en m'arrachant la gorge,
et je n'ai rien pu : serrer les dents. Le mot il était
grand, il faisait le ciel en déglingue avec de la
ferraille. Et tout le ciel je l'ai plus su du tout,
c'est trop la lumière et le fer ce que ça m'a
réveillé, le ciel, dans le mot : " Toi. "

Autour de photos de Jacques Guyomar, serres dévastées par la tempête, textes d'Edith Azam.
Angèle Paoli
Carnets de Marche
Les Éditions du Petit pois, 2010
sur le site de l'éditeur
" Météo, météo,
le petit coquelicot n'est plus.
Nulle autre fleur ne l'a remplacé. Les pétales gelés du petit " coqueli " de
novembre sont tombés. Roulés, broyés par la tempête. Un vent glacial transit l'espace. La mer semble avoir pris du volume et s'être rapprochée. Elle gagne sur la montagne. Bleu vert foncé.
Elle pense au coquelicot de Zanzotto. Que sait-elle du Papavero ? Elle lui plante le coquelicot de Zanzotto dans le cœur. Météo, météo.
"
A propos de ce livre, lire cette note de Christiane Parrat et cette autre note
Joumana Haddad
Miroirs des passantes dans le songe
Traduction de l'arabe (Liban) par Antoine Jockey
Éditions Al Dante, 2010
17 €
Dans Miroirs des passantes dans le songe, Joumana Haddad convoque des poétesses suicidées, des femmes qui ont joué leur peau en poésie, tout en se sentant dans leur quotidien formaté, prisonnière de leur corps de femme. Elle les convoque en "amie", sœurs de combat venant de tous les pays (Venezuela, Argentine, Suède, France, Allemagne, Italie, Portugal...)
Comme René Char, Joumana Haddad a de la difficulté à se reconnaître sur le fil des évidences. Sa parole soulève des questions comme de la terre qui procure au regard trouble et lucidité. Sa poésie ne respire pas avec allégresse, je veux dire qu'elle ne respire pas dans le confort. Elle fait haleter, va aux limites et rejoins la nuit de ce qu'on peut traduire.
Tahar Ben Jelloun, sur le site de l'éditeur, où l'on peut lire des extraits de ce livre.
Grains de Pollen
traduction nouvelle et notes de Laurent Margantin
publie.net, 2010
5,99 € - lien vers le livre
Le collectif d'édition numérique publie.net poursuit son travail de pionnier en créant une collection réservée aux traductions du domaine étranger. Voici une nouvelle traduction, avec notes, de Laurent Margantin, des Grains de Pollen de Novalis.
François Lallier
Vita Poetica
Coll. Résidences, L'Arbres à Paroles, 2010
10 €
Cette collection permet de faire connaître à un public plus large que celui touché par les animations et lectures les créations qui résultent du passage de l'un, de l'une ou de l'autre poète, en la Résidence de la Maison de la Poésie d'Amay. Ainsi chaque auteur(e) est convié à proposer son manuscrit, selon des délais non contraignants, afin d'offrir un prolongement naturel à ce séjour et à son rayonnement.
A travers ces deux essais, François Lallier propose un retour aux sources de la poésie occidentale mais aussi une lecture précise, et renouvelée d'auteurs latins tels que Catulle, Virgile et Horace.
François Lallier est à la fois poète et critique, il a publié chez Deyrolle et a travaillé sur Poe, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Jouve, Michaux.
Cyrille Martinez
Chansons de France
Éditions Al Dante, 2010
15 €
Cyrille Martinez réécrit des séquences politiques en utilisant comme matériau l'histoire du rock'n roll, pervertit son texte de ritournelles, s'amuse à décrypter des techniques musicales qu'il prête à des personnalités politiques, jongle et mixe allègrement diverses vedettes et leurs scènes - scène parlementaire et/ou scène musicale...
Chanter le rock anglais en français dans un jaune sous marin, en cinquième république française, avec escale en inde du nord, liverpool, hambourg - passages obligés par paris, l'algérie, une île déserte - jamais très loin des studio d'abbeyroad, avant ou après de fêtes qui s'achèvent à pas d'heures, le tout dans un méchant retour de trip soixante-huitard... Je parle de gggggénération...
(Cyrille Martinez) - sur le site de l'éditeur où l'on peut feuilleter quelques pages du livre
Benoît Ritt
Éditions Al Dante, 2010
13 €
Nation : entre fable contemporaine et récit futuriste, ce texte nous raconte la naissance, la vocation, l'apogée, le déclin, la fin et la disparition de Nation, état global et totalitaire où chacun est un fragment une pièce du puzzle nation. Nation, où tout savoir est enfermé, géré par une personne ne sachant rien lire d'autre que des chiffres et est interdit au public, où la transmission de la mémoire se fait par rituels et par des œuvres iconographiques et statuaires... Dans les écoles de Nation, une seule discipline est nécessaire et suffisante : la Traduction. Nation nous est relaté par les traces écrites retrouvées : Actes de Nation, Histoire de Nation, Livret d'explication de la pratique de Traduction... ou encore des bribes d'enregistrements de ministres ou de présidents. Émergeant de cette froide littérature propagandiste, les fragments d'un journal intitulé Souvenirs de Nation, qui semble écrit par un vagabond, un errant appelé Le Poète... et si ce vagabond était le grain de sable, la gravier à l'origine du dérapage de la machine ? Un superbe récit de science-fiction d'une contemporanéité et d'une actualité rare.
( Site de l'éditeur)
Gaëlle Guyot
Coll. Accents graves, accents aigus, Amandier, Poésie, 2010
10 €
Bruissant est le deuxième ouvrage poétique de Gaëlle Guyot, auteur, par ailleurs, de travaux sur la littérature du XIX e siècle.
Les poèmes de Bruissant proposent deux parcours enchevêtrés, à travers les souvenirs de l'enfance à la montagne auprès de la grand-mère, et à travers Paris. Le regard de Gaëlle Guyot est curieux, affûté, attentif au détail des êtres et des choses, dont elle cherche à restituer " la présence précaire ". C'est, en définitive, un parcours de vie qui est dessiné et dont on devine les étapes à travers une voix discrète, qui évoque le monde sur le mode du constat, sans jugement, mais non sans émotion. L'évocation passe par une écriture très personnelle, à la fois simple, dans le dépouillement de ses phrases, et recherchée, pour la disposition sur la page et la typographie qui en scandent le rythme singulier. ( sur le site de l'éditeur)
Josep M. Sala-Valldaura
Bouleversements
Traduit du catalan par Nathalie Bittoun-Debruyne
coll. Résidences, l'Arbre à Paroles, 2010
10 €
" La poésie de Josep M. Sala-Valldaura " se donne comme une conscience mise à nu puisque désemparée face à un monde qui nous laisse non seulement sans refuge mais tout autant étranger à soi-même. [...] Et pourtant elle résiste à toute perte de sens et de soi. Elle dit son refus en s'attachant aux lignes de fracture au cœur de la vie, non pour apaiser, mais bien pour engager plus de lucidité s'il est possible encore
Poète, critique littéraire et traducteur, l'auteur enseigne la littérature espagnole moderne et contemporaine à l'université de Lleida. Il a publié une quinzaine de livres de poésie, des essais sur le théâtre du XVIII e siècle et sur la poésie catalane et espagnole actuelles. " (dos du livre)
Ysabel Lorans
Corail de Patience
coll. Choisi, Jacques Renou, L'Atelier de Groutel, 2010
" Certains jours je tremble, parfois je chante des arias
Rossignol parle dans le bois une voix neuve que j'écoute.
Le silence s'installe. Je vais aimer vous voir paraître. "

Dans cette collection, Jacques Renou choisit dans les écrits encore non publiés de certains auteurs de très courts textes " afin de les parer de la sensualité d'une typographie au plomb profondément encrée dans le papier ".
coll. Résidences, L'Arbre à Paroles, 2010
10 €
Tu résideras avaient-ils dit. Tu résideras en résidence avaient-ils dit. Ils n'avaient pas dit surveillée seulement résidence avaient-ils dit. Heureusement pas surveillée je m'étais dit. C'est déjà ça je m'étais dit. Tu résideras donc avaient-ils dit. Tu résideras en résidence avaient-ils dit. En résidence chez nous avaient-ils dit. Chez nous à Amay en Belgique avaient-ils dit. Entre Liège et Namur avaient-ils dit. Plus près de Liège que de Namur c'est vrai avaient-ils dit. Une dizaine de kilomètres d'Huy avaient-ils dit. Sur les rives de la Meuse avaient-ils dit. La rive gauche avaient-ils dit. A la Maison de la poésie avaient-ils dit. Place des Cloîtres avaient-ils dit. Derrière l'église avaient-ils dit. Dans l'appartement au dernier étage avaient-ils dit. Tu y seras bien avaient-ils dit. Je serai bien je m'étais dit. Je résiderai je m'étais dit.

L'auteur prévient. Il s'agit d'un texte/journal. On serait tenté de dire qu'il anticipe sur l'éclatement des genres, puisqu'il s'agit, en principe d'une poésie. Or, si l'on reconnaît une spécificité de chaque forme d'expression, ici nous sommes en présence d'une prose. Cependant qu'elle est construite de manière à faire sentir un rythme, à faire voir sa narrativité, par et à travers la répétition systématique. Mais selon une démarche qui inscrit la présence de l'événement, son déroulement, selon une volonté qui conjugue sous tous les angles les circonstances d'une résidence d'auteur. Un souffle étonnant court tout au long du texte, alors que la résidence est l'occasion offerte pour découvrir, et pour conduire le lecteur sur tous les terrains les plus sensibles de notre existence, pour nous ouvrir à ce que la vie dissimule dans les rapports les plus singuliers comme les plus courants qui sont ceux du quotidien.
Né en 1969, à Tübingen (Allemagne, Bade-Wurtemberg), de père français et de mère allemande, Jonas Ekhr vit en France, près de Paris. Il a fait des études en sciences sociales et politiques. La plupart de ses livres sont parus aux éditions de L'Arbre à paroles depuis 1998. Sous le nom de C.J. Sandher, il a fait paraître aux éditions L'Amoirier deux livres : Les Archipels (2000) et Périples (2002). Derniers livres publiés : Te Terrorisait (2005) ; Plus vite (2006) ; et Dois beaucoup (2008) aux éditions de L'Arbre à paroles.
Myriam Boisaubert
Les Mordicantes
26 recettes qui plairont à tout le monde
Éditions Al Dante, 2010
23 €
" Myriam Boisaubert signe ici un livre étrange, publication d'artiste à la fois drôle et dure, d'une provocation teintée parfois de cynisme, qui mêle légèreté et sauvagerie, brutalité et délicatesse, sensualité et dignité farouche.
Ce livre se présente comme un livre de recettes (recettes iconoclastes et "terroristes"), illustrées de photographies représentant un corps de chasseresse (ou cueilleuse, ou carnassière, ou pêcheuse...) en lutte à la nature, ou encore une femme dont la sauvagerie la sauvera d'un univers ou l'on ne sait plus trop qui est le prédateur de qui... " ( site de l'éditeur)
Françoise Lison-Leroy
On s'appelle
Éditions Rougerie, 2010
11 €
" On a retrouvé des légendes
aux cendres froides
tapies
dans des urnes sans nom
"
(p. 28)
Françoise Lison-Leroy vit en Belgique. Elle y est née en 1951, dans un village du Pays des Collines. Elle habite près de Tournai et participe à la page culturelle du journal Le Courrier de l'Escaut.
Six titres ont vu le jour chez Rougerie, dont deux en collaboration avec Colette Nys-Mazure. Rougerie a édité notamment L'incisive en octobre 2005, un livre qui a obtenu le prix de littérature Charles Plisnier. ( site de l'auteur)
n° 21&22
Cahier Christian Prigent
22 €
Ont participé au Cahier Christian Prigent de ce fort numéro de la revue Il Particolare Hervé Castanet, Roger-Michel Allemand, Alain Farah, Samuel Lequette, Sophie Simon, Pascal Commère, Agnès Disson, Alain Frontier, Muriel Pic, Fabrice Thumerel, Bénédicte Gorrillot, Jean-Pierre Bobillot, Stéphane Bérard, avec des images de Charles Pennequin.
Egalement au sommaire Eric Clémens, Pierre Ouellet, François Warin, Daniel Roth, Sylvie Quesemand-Zucca, Jean-Rémi Mantion, Guido Cavalcanti (traduit par Danièle Robert), Christian Tarting, David Christoffel.


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