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Notes sur la poésie : Joë Bousquet

Par Florence Trocmé

Il y a une relation très profonde et très secrète entre la sensation et la pensée. La philosophie se fait forte de l’ignorer. Je l’ai observée d’abord dans l’exfoliation de certaines idées auxquelles il n’avait manqué, pour poser leurs termes, que de prendre soudain modèle, comme j’y assistais justement, sur la façon qu’avait un sens sûr de s’appuyer sur une donnée qu’il n’aurait pas pu recueillir et à laquelle, partant, il ne comprenait rien. Et je voyais ainsi les traces dans une pense d’une vie défasciculée. Retrouvant l’odeur amère d’un coquillage ramassé au soleil.... Faculté impartie au corps de se connaître à travers ses parties... 
Mais rien ne vaut s’il n’est pas aussitôt élevé à la puissance du songe : et la parabole attend de développer ton intuition. 
Ni rien ne vaut s’il ne peut servir à ce bonheur de tous.  
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La pensée est de pure lumière, comme le rêve ; mais elle s’épuise à nous animer. 
Vie à recommencer sur les inébranlables assises de ce dont on ne peut douter. L’image doit brûler la parole. 
La plus grande découverte poétique a été annoncée par Rimbaud. Il a compris que les images n’étaient pas intérieures à la pensée, mais qu’elles étaient attachées aux mots et filles de leur sonorité. 
La pensée est fille de l’homme, la poésie est fille de l’esprit. 
La rime éveille la vision, parle à la rêverie. 
La poésie fait du voir avec de l’entendre.  
Joë Bousquet, Mystique, Éditions Gallimard, 1973, p. 31 et 117. 


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