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Vigne (J.J. Grandville)

Par Arbrealettres
Vigne (J.J. Grandville)


Vigne

Les vendangeuses sont parties pour la vendange,
elles vont cueillir le raisin mûr.
Écoutez leurs cris et leurs chansons,
maintenant qu’elles reviennent;
voyez leurs yeux comme ils brillent;
la chaleur des grappes vermeilles s’est répandue sur leur visage.
Elles se tiennent par la main, et elles chantent en choeur
la chanson de la vigne, la jolie chanson du vigneron.

Je suis le mari de la vigne.
Alerte, bon vigneron!
J’étais bien jeune quand je l’ai épousée, et elle aussi,
la pauvre petite vigne;
elle n’était pas plus haute que ma main.
Je lui suis resté bien fidèle, pourtant.
C’était ma maîtresse, mon trésor le plus précieux.
Le dimanche, je le passais auprès d’elle;
j’écartais les cailloux de son chemin,
j’arrachais les mauvaises herbes de ses pas,
je passais de longues heures devant elle à la regarder.
Hiver, été; par le chaud, par le froid; par le vent, par la pluie,
c’est pour elle que je travaillais.
Il ne faut pas rester les bras croisés quand on est le mari de la vigne.

Toujours nous avons fait bon ménage.
Voyez les jolis enfants qu’elle m’a donnés!
Leur troupe couvre le côteau, et puis là-bas, dans la plaine,
voilà mes petits-enfants.
Chantons la vigne, la femme du vigneron.
Le vin n’a jamais fait de lâches ni de traîtres; le vin attire
le coeur sur les lèvres. C’est la vigne qui nous donne le vin!
Aussi, quand au printemps elle livre à la brise
le parfum pénétrant de sa petite fleur verte,
tout le monde est heureux,
tout le monde se sent renaître, et l’on attend l’automne
pour célébrer le mari et la femme,
la vigne et le vigneron.

(J.J. Grandville)



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