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Rome, entre mémoire du fascisme et images de mode

Par Memoiredeurope @echternach

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J’ai eu l’occasion d‘écrire ailleurs un compte rendu un peu transversal du Festival de la littérature de voyage qui s’est déroulé à Rome, il y a un peu plus de huit jours. Comme toutes les étapes de mon parcours heurté de ces trois dernières semaines, cet arrêt dans la capitale italienne a été court : un peu plus d’une journée. Mais ce court séjour m’a pourtant permis de m’installer pour quelques heures dans un aparthoteld’un quartier que j’ai toujours longé sans y pénétrer : le quartier dit EUR dont j’avais toujours cru qu’il désignait la présence d’institutions liées à l’Europe. 

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Sa modernité est étonnante et ne de déprend pas d’un siècle à l’autre car on continue d’y construire. Mais la signification réelle de l’abréviation est plus étrange et plus mémorielle à la fois :Esposizione Universale di Roma. LE QUARTIER en majuscule voulu par Benito Mussolini pour une exposition universelle qui n’a pas eu lieu, pour des raisons évidentes d’entrée en guerre.

On y a cependant réinscrit les Jeux Olympiques de 1960. Plusieurs musées et les archives nationales y sont abrités. Il résume une ascension impérialiste qui se poursuit des année vingt aux années trente, avant d’entrer dans la chute inéluctable du Prince, puis dans une suite de moments troubles où la démocratie renaît sans toutefois renier cette expérience, mais au contraire en la poursuivant, en la rendant plus expérimentale encore, en la colonisant et en la domestiquant de l’intérieur.

Dans l’humeur où je me trouvai, entre des lieux éphémères, reliant en quelque sorte des morceaux d’histoire et de géographie disparates, dont la cohérence était purement mienne, j’ai vécu là comme un habitant du quartier à la recherche d’un café ouvert et d’une supérette où faire mes courses pour le dîner du soir. Heureusement, je m’adapte vite, n’ayant plus que des repères domestiques épars ! 

Dans la lumière du couchant, puis du matin, il était vraiment question d’une autre planète, d’autant plus que j’avais commencé la lecture d’Ouragan et esquissé les premières pages de l’Enquête de Philippe Claudel. Je n’aurais pas été autrement surpris de voir se déplacer des foules mécaniques, des personnages de Métropolis poussés par une mécanique extérieure ou bien encore, d’apercevoir des armées en déroute.

Toute étrange qu’ait été l’impression somme toute très fugitive d’habiter ce quartier, je peux dire que c’est ce quartier qui m’a pourtant lui même habité ; qu’il s’est insinué avec insistance dans mon regard. Un peu comme la ville construite par Jacques Tati pour Playtime ; mais une ville de week-end, sans activités, que ses habitants auraient fui dans la peur d’une guerre atomique.

Rationnelle, certes et comme embaumée dans des entrelacs de pins pignons et de parcs déserts. Et au loin, comme une borne posée sur une colline, une sorte de silhouette fantomatique qui souhaite faire écho à Saint Pierre, la basilique Saint Jean et Paul.

Une troisième Rome qui veut faire la liaison avec la mer… J’en recommande la visite comme celle des cimetières de Rome, pour l’ombre portée qu’elle propose de la ville sanctuaire.

En repartant vers de nouvelles aventures, j’ai été de nouveau confronté à l’identité italienne. L’aéroport Fiumicino est décrit dans tous les bons guides, comme une vitrine de la mode. De ce point de vue, celui de Milan peut lui faire concurrence dans le domaine de la distinction.

Mais entre Armani et Sermoneta gloves, j’ai reçu comme un hommage le pied de nez de Roberto Begnini.

Un adieu ; une dérision. Un petit morceau de sourire.Rome autrement. Même si la prochaine fois, j’espère que je pourrai prendre le temps.

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