Une dynastie de maçons et tailleurs de pierre : les Fargues, à Limoux (11)

Une nouvelle fois Christophe Marty nous fait partager ses découvertes toujours aussi intéressantes. C'est dans le cimetière Saint-Martin de Limoux (Aude) que se trouve le caveau de Pierre Fargues et de sa famille.

La haute stèle sculptée nous montre une croix voilée surmontée d'une statue de saint Pierre (prénom du défunt), porteur de ses attributs traditionnels, les clefs.

Le devant du caveau est sculpté d'une couronne mortuaire et des outils du métier de Pierre Fargues. On distingue un têtu à deux pointes, une équerre, une règle, un compas d'épaisseur pointes en haut, une massette, un fil à plomb et deux ciseaux. Il s'agit d'outils de maçon et de tailleur de pierre. La disposition du compas d'épaisseur et de la massette rappelle ceux qui figurent sur deux stèles de sculpteurs à Tours (voir l'article).

Suite:

Pierre Fargues est né le 11 février 1834 à Limoux et décédé dans cette ville le 13 novembre 1897). Il était tailleur de pierre et entrepreneur. Son frère Bertrand, né le 30 octobre 1827, l'était également avant de s'établir comme banquier et négociant à Tébessa (Algérie). Leur soeur Marie-Anne (née en 1825 à Capendu (Aude) et décédée en 1898 à Paris) avait épousé en 1846 un nommé Jean Cau. Celui-ci, né à Carcassonne en 1820 et décédé en 1874 à Limoux, était aussi maçon, tailleur de pierre et entrepreneur à Carcassonne. Il était lui-même issu d'une dynastie d'artisans de ces métiers à Carcassonne.

Pierre et Bertrand Fargues étaient les fils de Jean (dit Jacques) Fargues (Capendu, 1802-Limoux, 1885), maçon, tailleur de pierre, entrepreneur. Ses ancêtres, originaires de Capendu, figurent déjà au milieu du XVIIIe siècle comme maçons et journaliers.

Vue générale de la tombe de Pierre Fargues.
© Photographies Christophe Marty, D.R.

Après Pierre Fargues, l'entreprise dut se poursuivre avec ses descendants puisque l'Annuaire administratif, commercial, industriel, etc. de l'Aude, pour 1923, mentionne les monuments funéraires Fargues, route d'Alet et ceux de la maison Fargues, rue des Cordeliers.

En conclusion : encore une lignée de maçons et de tailleurs de pierre qui se prolonge sur trois siècles et au sein de laquelle on constate l'endogamie professionnelle. A-t-elle compté des compagnons ? Les outils du caveau, dépourvus de tout autre emblème, ne permettent pas de l'affirmer.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)