Le jour où l'abeille disparaîtra…

Demain sort en librairie un livre qui, pour moi, vient de loin. Des profondeurs de la forêt guyanaise, pour être précis. J'étais alors grand reporter au Point (je vous parle là d'une "vie antérieure"...), et j'étais allé assister à une vaste opération de sauvetage des animaux menacés par le barrage EDF de Petit-Saut. La retenue allait noyer un immense territoire de jungle. C'est mon ami Jean-Christophe Vié, vétérinaire spécialiste de la faune sauvage, qui avait en charge cette opération difficile, qui était aussi une occasion unique d'étudier cet écosystème complexe. J'avais eu le coup de foudre pour cette forêt majestueuse, véritable cathédrale végétale peuplée d'aras, de singes hurleurs, de caïmans, d'une multitude d'insectes spectaculaires …  J'avais surtout pris conscience de sa fragilité face au développement des activités humaines, à la chasse, à la pollution (notamment par le mercure utilisé par les orpailleurs) – et vu les terribles répercussions pour les populations indiennes qui vivaient jusque là en harmonie avec leur environnement.

Alors sans doute est née l'idée de pousser un jour Jean-Christophe à témoigner de ses expériences et de son parcours personnel hors du commun, pour contribuer à faire connaître ces richesses naturelles et les moyens que nous avons, en tant que citoyens et consommateurs, d'aider à les préserver. Cette idée est ressurgie lors d'une discussion avec mon agent, Sandrine Paccher, il y a deux ans. Jean-Christophe, entre temps, était devenu le coordinateur, à Genève, de la liste rouge des espèces menacées, qui établit chaque année l'état de la biodiversité sur la planète pour l'Union mondiale de la Nature. Nous avons bouclé le projet. Un éditeur, Arthaud, nous a suivi. A l'été 2007 j'ai travaillé avec Jean-Christophe pour l'aider à accoucher de son manuscrit. Le livre, à la fois parcours d'un scientifique globe-trotter et réflexion sur l'état de la nature sauvage, est maintenant à la disposition du public. Mon voeu est qu'il contribue à faire apprécier aux lecteurs, jeunes et moins jeunes la valeur inestimable de la vie sous toutes ses formes, et je lui souhaite, ici, bon vent !