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Les différents types de curation

Publié le 06 janvier 2011 par Lilzeon

Citoyens !

Ca y est : la curation, notion poussée en France par Pearltrees; est désormais entrée dans les moeurs comme application-type de nouveaux usages du web social.

Première question : y a-t-il des consommateurs finaux de curation ?

La réponse est normande : à la fois oui et non. Dans une situation d’urgence informative (voir à ce sujet l’étude que nous sortirons dans quelques semaines avec L’Express), l’enjeu de la synthèse de l’information est clé. La “curation” n’a pas qu’un impact sur la simple aggrégation (trouver à un seul endroit les ressources utiles à la compréhension du sujet) mais bien sur le contrat de lecture et sur le traitement des différentes problématiques. On voit d’ailleurs pointer dans les médias “professionnels” de plus en plus d’articles qui intègrent la notion d’historicité. Pas seulement via des dossiers spéciaux mais aussi à l’intérieur même d’articles dans le fleuve de news : un rappel des faits, des liens vers les ressources utiles, un historique rapide. On achète donc pas de “curation” en tant que tel mais on aura tendance à acheter les conséquences de ces nouveaux “services lecteurs” : une information amplifée.

Dès-lors, quels sont les différents types de “curation” ?

  • l’archivage “classique” : un peu comme les 1ers blogs lancés au début des années 90, il s’agit de trouver sur un même article les liens pertinents avec un sujet ou avec une semaine. Certains blogueurs continuent d’ailleurs à faire ce type de posts, qui sert a priori à structurer une pensée. Beaucoup de gens continuent à “bookmarker” leurs liens préférés. Cette pratique a une limite : la construction de l’archive est forcément limitée par l’ergonomie des signets. Dès-lors l’explication texte de pourquoi on a archivé tel ou tel lien prend un temps affreux
  • le “mapping” : il s’agit d’augmenter les synergies dans l’acte d’organiser les archives afin de visuellement montrer les cheminements de la pensée. Et de pouvoir revenir en arrière facilement, de déplacer les territoires. Une limite : on n’est pas dans la prospective dans ce genre de dynamique mais bien dans la structuration d’une pensée et d’idées ou liens déjà existants pour un individu ou un groupe d’individus
  • l’organisation sociale du web : lire à ce propos toute la littérature autour de Pearltrees (ainsi que sur les arbres sur le sujet). L’idée étant que “Pearltrees fonctionne sur un principe communautaire. Selon François Rocaboy, co-fondateur de la start-up, « chacun peut garder ce qu’il aime sur le web et ainsi se connecter aux gens qui partagent leurs intérêts. Cela permet de découvrir de nouveaux contenus, de rencontrer des gens en fonction de leurs intérêts“. En clair : cette organisation sociale permet non seulement de structurer sa propre pensée, de récupérer les logiques d’autres individus, de créer des “consensus” au sein d’une équipe de curators ou au contraire de montrer les différences de logique. Cette organisation permet d’amplifier

Plus intéressant : quels seront les types futurs de curation ?

  • une anticipation des chemins de pensée ? sur certains sujets plus populaires, on peut imaginer que certains agents / robots intelligents suggèrent des bribes de raisonnement déjà pensés par d’autres. Sur certains sujets légers ou routiniers, on peut imaginer un peu comme ce que façonne Google des suggestions (ex : pour une série TV, la suite des épisodes, le casting, les bio des acteurs). Mais surtout certains domaines plus pointus, scientifiques, on peut imaginer qu’en entrant des mises en relation de bases de données complexes, on puisse à terme résoudre certains grands problèmes
  • une curation “in real life” : on peut d’un point de vue marketing imaginer qu’une fois que vous entrez dans un magasin, on vous propose un mapping d’objets susceptibles de nous intéresser; dans un musée, on peut imaginer tout un tas d’accès à des ressources complémentaires. Une forme de mix entre géolocalisation, curation et CRM
  • une rétribution pour curation : ce qui rare est cher; l’acte de “curation” demande du temps. On peut imaginer toute une série de rétribution pour ce travail : débloquage de bages donnant accès à de nouveaux types de contenus ou de mise en relation; argent; mise en avant de la modélisation. On pourrait par exemple imaginer des travaux d’étudiants qui, pour “gagner des points”, devraient débloquer des stratégies de curation qui leur permettraient d’avoir accès à plus de temps dans un laboratoire etc.

L’enjeu étant désormais complexe : continuer à devenir “mainstream” afin de faire partager l’accès au savoir. Faire en sorte de ne pas sombrer dans les dérives de la “popularité” sur lequel se base Google mais bien plutôt sur la “pertinence”, au risque d’une destruction à la fin de la valeur : n’avoir plus qu’un oligopole de sujets forts facilement accessibles et devoir avec peine se noyer dans les profondeurs du web pour avoir accès à la vraie info recherchée. Mettre en place les outils de contre-pouvoir afin de ne pas propager qu’une seule vision du monde. Ne pas sombrer dans un futurisme robotique qui viserait à croire qu’on remplace le cerveau humain.

J’aime bien faire l’analogie avec le conservateur de musée, avec cet extrait d’un entretien avec Daniel Roger :

“Le conservateur de musée est l’intermédiaire entre le public et les œuvres. Cette mission comporte des activités très diverses, parfois contradictoires, qui nécessitent une vigilance constante : il faut bien sûr veiller à la conservation des objets, mais en même temps les exposer au public, alors qu’ils seraient bien mieux dans le noir, sans personne autour !”

Un jeu de pouvoir en somme où les historiens vont jouer un rôle clé…


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