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Comment dissimuler 50 milliards d'euros !

Publié le 29 janvier 2008 par Guy Deridet
Comment dissimuler 50 milliards d'euros ! Jérôme Kerviel, le trader accusé d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société générale, a affirmé aux policiers qu'il avait obtenu la garantie d'un bonus de 300 000 euros pour son année 2007 record. Il avait demandé le double. Un joli pactole pour ce cadre subalterne qui émargeait à 50 000 euros de salaire annuel. En 2006, sa prime n'avait été "que" de 60 000 euros.

En garde à vue depuis samedi 26 janvier, dans les locaux de la brigade financière, il a narré ses belles années de trader, à la division chargée des arbitrages. Et il a crânement assumé ses prises de positions risquées. Oui, depuis 2005, il avait créé des opérations fictives, afin de dissimuler ses positions spéculatives de grande ampleur, de l'ordre de 50 milliards d'euros.

Mais il a nié tout enrichissement personnel, estimant avoir agi dans l'intérêt de la banque qui l'employait. Il a aussi assuré que ses prises de positions auraient pu être gagnantes, à terme, et que la Société générale avait elle-même creusé les pertes abyssales de 4,9 milliards d'euros, en mettant, trop tôt, un terme à ses investissements.

Il a enfin déclaré, lors de son audition devant les policiers, qu'il avait pu agir dans une relative liberté, car il connaissait bien le système de contrôles en vigueur. Dès 2000, sa date d'entrée dans la banque, il avait travaillé pendant cinq ans dans les "middle-offices", ces départements chargés de vérifier l'activité des traders. Il a d'ailleurs estimé, devant les policiers, qu'il n'était pas le seul à agir ainsi à la Société générale.

Sa garde à vue devait se terminer lundi 28 janvier. Le parquet de Paris, saisi de deux plaintes, pourrait ouvrir dans la foulée une information judiciaire, confiée à un juge d'instruction. Reste à caractériser les faits. De source judiciaire, on indique que, faute d'enrichissement personnel avéré, les faits d'escroquerie ne semblent pas constitués.

En revanche, les qualifications de "faux en écriture" et d'"abus de confiance" et de "tentative d'escroquerie" pourraient être retenues. Les avocats de M. Kerviel, Mes Elisabeth Meyer et Christian Charrière-Bournazel, se sont exprimés dimanche 27 janvier. A cette occasion, ils ont expliqué que leur client n'avait commis "aucune malhonnêteté".

"ÉCRAN DE FUMÉE"

Selon eux, M. Kerviel, "au contraire, a réalisé au profit de la Société générale des bénéfices considérables, qui s'élevaient au 31 décembre 2007 à près d'1,5milliard d'euros". Les enquêteurs vont s'atteler à vérifier ce dernier point. Il est jugé essentiel dans la mesure où des gains aussi importants signifieraient que le trader avait depuis longtemps pris des positions très importantes sur les marchés, bien au-delà des limites autorisées. Toute la question est de savoir si le fait que la position ait été gagnante n'aurait pas pu inciter les supérieurs de M. Kerviel à fermer les yeux.

Les deux avocats ont dénoncé tout particulièrement la stratégie de la Société générale lors de la découverte de la fraude. Selon eux, la banque aurait choisi "dans des conditions tout à fait anormales de liquider des positions [50 milliards d'euros selon la banque] qui auraient pu se redresser avec le temps. Elle a ainsi provoqué elle-même des pertes de 4 milliards et demi d'euros". Et d'ajouter qu'"en s'acharnant sur M. Kerviel, la banque croit pouvoir élever un écran de fumée qui détournerait l'attention du public de pertes beaucoup plus substantielles qu'elle a accumulées ces derniers mois, notamment dans l'invraisemblable équipée des subprimes".

Dans un long communiqué diffusé le 27 janvier, la banque a précisé les actes reprochés au trader. Elle a estimé que M. Kerviel avait usurpé "les codes d'accès informatiques appartenant à des opérateurs pour annuler certaines opérations" et falsifié "des documents lui permettant de justifier la saisie de ses opérations fictives".

Pour éviter d'être repéré, il aurait "donné à ses opérations fictives des caractéristiques limitant les occasions de contrôle". C'est un mail de confirmation de contrepartie, reçu vendredi 18 janvier, qui aurait intrigué la banque. Le lendemain, le trader aurait reconnu avoir commis des irrégularités. La Société générale aurait alors décidé de déboucler la position frauduleuse dès lundi 21 janvier, dans un marché particulièrement défavorable.

Le Monde du 28/01.08
Gérard Davet et Elise Vincent

NDLR

L'important la dedans, à mon sens, c'est le chiffre ahurissant de 50 milliards d'euros de positions dissimulées. ! Le monde entier a fait des gorges chaudes au sujet de 5 milliards de pertes mais cela ne représente que le dixième des sommes "spéculées" par le trader.

J'ai beau prêter l'oreille, je n'ai trouvé ce chiffre que dans le Monde et je m'étonne que la presse n'ait pas rebondi sur une telle information. Par ailleurs j'ai écouté notre ministre du budget hier soir et jamais ce chiffre de 50 milliards n'a été évoqué. Selon le trader il n'était pas le seul à effectuer de telles opérations. Ça promet !

Moralité : n'écoutez plus les infos à la radio, ne les regardez plus à la tv. Ce ne sont que mensonges, omissions et dissimulations. Si vous voulez être informé allez sur Internet, informez vous à plusieurs sources différentes, faîtes des recoupements etc. Car désormais le journaliste, c'est vous !
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