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Anthologie permanente : Nelly Sachs

Par Florence Trocmé

CHŒUR DES NUAGES 
 
NOUS SOMMES PLEINS DE SOUPIRS, pleins de regards, 
Nous sommes pleins de rires 
Et parfois portons vos visages. 
Nous ne vous sommes pas étrangers. 
Qui sait combien de votre sang monta 
Et nous déposa son éclat ? 
Qui sait combien de larmes par nos pleurs 
Vous avez versées ? Combien de nostalgie nous forma ? 
Nous sommes des joueurs de mort. 
Vous accoutumons doucement à la mort 
Vous si peu entraînés et qui dans les nuits n’apprenez rien. 
Beaucoup d’anges vous sont donnés 
Mais vous ne les voyez pas 
 
 
CHOR DER WOLKEN
 
Wir sind voller Seufzer, voller Blicke
Wir sind voller Lachen
Und zuweilen tragen wir eure Gesichter.
Wir sind euch nicht fern.
Wer weiß, wieviel Tränen ihr durch unser Weinen
vergossen habt? Wieviel Sehnsucht uns formte?
Sterbespieler sind wir
Gewöhnen euch sanft an den Tod.
Ihr Ungeübten, die in den Nächten nichts lernen.
Viele Engel sind euch gegeben
Aber ihr seht sie nicht. 
 
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CHŒUR DES ARBRES 
 
Ô VOUS TOUS, LES BANNIS du monde ! 
Notre langue est mêlée de sources et d’étoiles 
Comme la vôtre.  
Vos lettres sont notre chair. 
Nous les migrants vers les hauteurs 
Nous vous reconnaissons –  
Ô vous les bannis du monde ! 
Aujourd’hui l’humaine biche fut pendue à nos branches 
Hier dans la clairière le chevreuil laissa l’éclat des roses à l’entour de notre souche. 
L’ultime peur de vos pas s’éteint dans notre paix 
Nous sommes la grande aiguille des ombres 
Que fait tourner le chant des oiseaux – 
Ô vous tous les bannis du monde ! 
Nous pointons vers un secret 
Qui commence avec la nuit 
 
 
Nelly Sachs, Éclipse d’étoile, traduction de l’allemand et postface de Mireille Gansel, Verdier, 1999, pp. 60 et 61  
(attention, cette édition n’est pas bilingue – pour le deuxième poème, version originale non trouvée) 
 
 
Nelly Sachs dans Poezibao :
Note bio-bibliographique,
extrait 1Dans le crépuscule du matin
extrait 2Si loin dans le sommeil
extrait 3Traverser la mort comme l’oiseau traverse l’air
extrait 4, Déshérence, peau
extrait 5, chaque jour s’approcher d’un pas
extrait 6peuples de la terre, vous qui avez la force des astres inconnus
extrait 7, Chœur des choses abandonnées
extrait 9 (correspondance avec Paul Celan)
rencontre autour de Nelly Sachs
un entretien épistolaire avec Lionel Richard (1968)
extrait 10, et tu as traversé la mort / comme en la neige l’oiseau 
extrait 11 
 
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