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PS : du droit d’inventaire au droit d’héritage

Publié le 11 mai 2011 par Hmoreigne

 Le 30ème anniversaire de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république marque la fin d’un cycle et peut être le début d’une nouvelle aventure pour la gauche qui a fait la paix avec elle-même. Le droit d’inventaire des années Mitterrand a cédé le pas au droit d’héritage. La nostalgie voire la tontomania de ces derniers jours témoigne d’une aspiration forte de la société à une nouvelle bouffée démocratique.

Beaucoup retiennent de François Mitterrand une vision, un sens aigu de la stratégie et une audace alliée à une volonté inaltérable. Dans les colonnes de Mediapart, Pierre Joxe livre un témoignage intéressant qui ne se résume pas, comme on peut le lire ici ou là, à une compilation d’anecdotes.

A l’aube de 2012, trois enseignements selon l’ancien proche du président sont à tirer. Tout d’abord, un postulat de base qu’avait oublié le candidat Jospin: “En France, les chances de gouverner pour la gauche sont faibles, et avec une gauche divisée, elles sont nulles”. “Seul un rassemblement des forces de gauche peut donner une chance d’accéder au pouvoir” rappelle Pierre Joxe. Au moment où chacun est tenté de compter ses troupes au premier tour, l’avertissement est clair d’autant qu’entre-temps a émergé le phénomène Marine Le Pen.

Deuxième leçon à retenir toujours selon l’ancien Président de la Cour des comptes “ne pas hésiter à affirmer des positions de gauche. Le Front populaire n’a pas gagné sur un programme tiédasse. Mitterrand n’a pas été élu avec son drapeau dans sa poche”. “Une élection sur des positions ambiguës finit par se retourner contre le faux vainqueur“. La mise en garde ne devrait pas échapper au candidat qui sortira vainqueur des primaires et qui devra, outre donner une âme au projet des socialistes, se positionner clairement sur les sujets sensibles du moment (Europe, flux migratoire, fiscalité…).

Enfin, l’ancien ministre de l’Intérieur évoque la préoccupation de François Mitterrand à s’entourer de personnalités issues de milieux différents de façon à ne pas avoir une perception déformée de la société. Le constat dressé à cet égard par un Mitterrandiste historique est terrible pour le PS actuel : “Mitterrand rappelait que la politique ne devait pas être une affaire de professionnels. Mitterrand était un très bon avocat, Mauroy était professeur, Jospin diplomate, Estier journaliste. Pour ma part, j’étais magistrat… La plupart des responsables socialistes d’il y a trente ans avaient un métier et n’avaient pas besoin de la politique pour vivre. Un des problèmes du PS aujourd’hui est qu’il s’est professionnalisé, en partie grâce aux nombreux succès dans les élections locales“.

Au-delà de ces conseils qui s’adressent à l’appareil socialiste, l’héritage essentiel, les images d’époques sont parlantes à ce sujet, réside dans une capacité à avoir su incarner un temps une espérance et une foi collective dans des lendemains qui chantent.



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