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Personnage de Normandie: L'Abbé Philippe, curé de Breuilpont de 1907 à 1950

Publié le 02 septembre 2011 par Jeunenormandie

L'abbé Joseph Philippe, curé de Breuilpont de 1907 au 30 mai 1950 date de sa mort, avait trouvé, dès son ordination en 1899, cette passion d'archéologue qui ne le quitta plus.

Il est né à Plasnes le 12 avril 1876. âgé de 23 ans, il rencontra à Rugles lors de son premier poste, l'abbé Deshayes, dont les fouilles de Manneville-sur-Risle ont enrichi le musée d'Evreut.

En 1901, il devint le curé de Boisset-les-Prévenches, il rencontra alors un érudit, P. Chedeville, insperteur des Chemins de Fer, qui guida ses premiers travaux à Boisset, mais aussi à Orgeville et au Plessis Hebert.

En 1906, l'Abbé Philippe s'attacha à Fort-Harrouard, où P. Chedeville avait entrepris des fouilles dès 1897, et depuis cette date jusqu''à sa mort, dans ce coin de terre qu'on a pu appelet « l'acropole de la préhistoire », il y fit des fouilles exceptionnelles.

Evoquant cette oeuvre poursuivie sans relâche pendant 45 ans, Monsieur Maurice Marais, qui fut son élève après l'avoir souvent rencontré aux séances de la Société Normande d'Etude Préhistoriques et qui devait être associé à ses recherches et les poursuivre.les quelques traits que nous glanons dans ses souvenirs justifient les éloges unanimes rendus à l'Abbé Philippe au moment de sa mort.

Parmi ceux-ci nous citerons celui de Monsieur Marcel Baudot, alord attaché au Département de l'Eure et celui de Monsieur Raymond Lantier, membre de l'Institut etConservateur en chef du Musée des Antiquités Nationales.

Marcel Baudot dans «Paris Normandie » Juin 1950

« Nul mieux que lui n'a su ressuciter les conditions de vies, les habitudes, les coutumes et jusqu'à l'âme de ces très lointains ancêtres. Savant d'une modestie légendaire, historien d'une conscience scrupuleuse, homme de droiture et d'une intelligente honnêteté, l'Abbé Philippe non seulement ne recherchait jamais les honneurs, il eût plutôt cherché à y échapper. Sa renommé scientifique avait dépassé les bornes non seulement de la Normandie, mais de la France et son nom était honoré parmi les hommes de sciences du monde entier. Il était un guide, un éveilleur de vocation archéologiques; ses ouvriers devenaient rapidement des fouilleurs aussi compétent que passionnés pour la recherche. »

Raymond Lantier dans « Nouvelles » Juillet 1950

« Ce que nou devons à l'Abbé Philippe, c'est d'avoir ressuscité la vie lointaine d'un petit coin de notre sol national depuis les temps où, au second millénaire avant J.C, l'homme y installa ses premiers foyers.

À l'abri d'un rempart et d'un glacis rendu abrupt par un remblayage de craie calcinée, six villages se succédèrent au Fort-Harrouard. L'apogée de son histoire se place au moment où s'instaure la civilisation du métal, à la base du troisième niveau. L'agglomération connait alors son plus grand développement, avec des ateliers de fondeurs spécialisés dans la fabrication de tel ou tel instrument. Des relations, déjà commencées au Néolithique, introduisent des objets appartentant à d'autres civilisations. Puis au coeurs du premier millénaire, les groupes d'agriculteurs et de pasteurs, installés sur la hauteur, descendent peu à peu dans la plaine et la vallé. Mais l'insécurité qui s'étend sur la Gaule à partir de la fin du 11ème siècle avant J.C, oblige les laboureurs et bergers à chercher de nouveaux refuges sur les hauts-lieurx. Après un horizon stérile, M.Philippe a retrouvé le petit village de la Tène III. La prospérité des trois premiers siècle de l'Empire Romain amènera un nouvel abandon, et il faudra le drame des invasions germaniques pour que de nouveau on vienne chercher un refuge au Fort-Harrouard. »

Il falair la science et la ténacité de l'abbé Philippe pour arracher à la terre le secret de notre histoire.

Il ne se cantonnait par à Fort-Harrouard. À Breuilpont, à Merey, à Villégats et à Gadencourt, il a fait des trouvailles intéressantes/ ses églises ont été bien aménagées et il a remis en valeur des statues dont plusieurs ont été découvertes par lui à La Neuville-des-Veaux et dans le cimetière de Gadencourt.

Prêtre, il était très aimé non seulement de ses paroissiens, mais aussi de tout les citoyens malgré son ton bourru.

Pendant l'Occupation, rappelle Monsieur Baudot, il sut donner l'exemple du courage civique. En chaire, dans ses sept paroisses, il n'hésita pas à stigmatiser les crimes allemands. Lorsqu'on réclamait le cuivre des églises, il fit murer tous les objets de métal et il répondit crânement qu'il n'avait rien à fournir pour l'usage qu'on en ferait. Il ranimait sans cesse le moral de tous, les réfractaires au STO en Allemagne savaient qu'ils pouvaient trouver refuge auprès de lui.

L'injustice le révoltait, il y avait chez lui à la fois l'amour pour la vérité et une ardeur juvénile et apostolique pour toutes les causes justes. Il ne travaillait ni pour la gloire, ni pour l'argent, à sa mort l'huissier venu de Pacy pour mettre les scellés trouva un livret de caisse d'épagne où il n'y avait que 300 francs de l'époque. L'Abbé Philippe n'a pas fait fortune malgré ses découvertes archéologiques qui ont enrichi le musée de Saint-Germain-en-Laye.


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