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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 41ème et dernier épisode

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
41e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Oxymore, dans son exil, doit encore subir les assauts d’un époux qui ne lui est rien. À sa haute fenêtre elle se tient tout le jour échevelée, l’œil fixe, les bras le long du corps. Les châteaux disparaissent un instant derrière l’enroulement des arbres (une tem-pête ? Fernand Reynaud ?), leur grand entortillement mortel. 
 
Noirs, de météorites suspendues. Et la cime balayant le sol l’a 
Évidé, elle a creusé le socle de la forêt, au point que la TERRE 
(La planète) même en vient à paraître manquer sous les pieds 
.Des châteaux, il n’est plus question — coins de pierre, pentes 
D’ardoise, briques vieux rose, carreaux noirs des grandes croi 
Sées... Tout a disparu, dans le temps, peut-être. Peut-être bien 
Dans le temps. – De ce bois, la grande bouilloire a sifflé, posée 
Oui, sur son feu de bûches... elle a bronché sur le grand feu et 
De toutes ses forces a sifflé, la grande bouilloire de la forêt.  Et 
On se demande aussi si ce si ‒ fflement... on l’a ouï réellement   (2090) 
‒ Ou bien s’il ne s’agissait pas seulement... c’est qu’il ne reste i 
Ci dans l’oreille pas même un fossile de ce bruit —  et serait-ce 
Que la vision, alors, la visi.on a suscité  – par sa propre striden 
Ce... ...Mais, bien présent dans la mémoire, maintenant que le 
Bois a repris son aplomb son assise ; que juste la pointe de hau 
Tes branches oscille un peu dans l’après-midi –  le Cri du couc 
Ou et son écho aux quatre coins (sept coins, en fait, puisqu’il y 
A sept nains oh putain !  je devrais penser un peu à mes futurs 
Traducteurs), n’a pas cessé. ‒  N’a pas cessé un seul instant d’ê 
Tre entendu. Sans la moindre altération,  sans le moindre chan      (2100) 
Gement de vitesse ou d’intensité ce chant — ce chant-là tout le 
Temps a persisté. La véhémence du fantasme (ce faux typhon)
N’a rien pu contre lui. Oui, Coucou partout trouve « son » nid 
Même si ici est démence, furie,  il s’en saisit et il s’y juche pour 
Placer son œuf et poser son cri : dans la clairière de l’être. – Et  
Les châteaux entre branches et feuilles se sont rétablis, parâtre 
S de ces bois... Châteaux sans souci, de l’être (ni des hêtres !)... 
Manoirs honnis maîtres implacables des coupes et abattis. Les 
Cognées recommencent, et scies aussi. — Qu’est-ce pour vous,  
Châteaux, vicomtes, marquis... que cent arbres en vie jetés bas ‒  (2110)   
Et ces clairières de mort ? quand d’un beau cabriolet on a telle 
Ment envie, ou d’une semaine à Las Vegas, à Hawaï – Hawaï ! 
‒ Et qu’on a croqué l’héritage ? Par chance pour se remplumer 
Restent les bois,  oui,  les grands bois dont on a interdit l’entrée 
Aux pedzouilles du village.  –  Leur marmaille venait en troupe 
Cueillir les jonquilles, les morilles...   sans la moindre vergogne. 
Et moi, Ivar (de la troupe), j’étais là, j’ai pleuré la mort de ces a 
Rbres.  
   Désormais tel oiseau coucoue qui sait où, et passe entr 
E les barreaux des arbres.. Les grandes brumes déboulent et dé 
Ambulent partout – et les cerfs réent dans un monde réifié. Oh,      (2120) 
Tout file et rien n’est retenu ‒.  Ils peuvent être vus de très haut, 
Les bois, depuis les vaisseaux intergalactiques ou même des au 
Tres planètes ‒  ou ne serait-ce aussi que des satellites artificiels 
Dont l’homme a hérissé le ciel... De très haut, on voit que les fo 
Rêts sont éclaircies et clairsemées. Purée, j’aurais pu appeler ce 
Poème Écobuage! ç’aurait eu plus de gueule que Mont-Ruflet. Ô 
Mes petites égéries, là vous avez eu du retard à l’allumage... Et 
Vous ne m’êtes pas d’un grand secours non plus pour conclure 
‒ Comment vous le reprocher ?  Je vous vois toutes alignées sur 
Le canapé, dans la pièce obscure, Alice, Alix et Claudie, la Cam      (2130) 
Arade, Mouchette et Oxymore... Toutes raides et blêmes, et sur 
Vos visages filent  et reviennent les reflets hypercolorés de la tél 
....   .....   .....   .....   .....   .....   .....   .....   .....   .....      .....  
 
Mon Reflux, Amiens, 23/09—02/11/2011.    
    
Pour écrire ce texte je me suis beaucoup pillé moi-même — directement ou via quelques-uns de mes hétéronymes : Vincent Nombreux, Alix Tassememouille (qui interviennent également comme personnages), Sylvaine Goret, le tandem Billoy Lefebvre et Jacob Loëdrich, Marie-Élisabeth Caffiez. 
J’ai pris aussi à Alain-Fournier, Christophe Petchanatz, Georges Bernanos. 
Et, mais sans être retourné voir les textes, à Charles Perrault et à Lewis Carroll. 


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