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Etre marraine en khâgne

Par Gmcp13

Je n'aurais jamais pu dire un jour une chose pareille, mais c'est grâce au latin si je suis aussi heureuse d'être marraine aujourd'hui. Enfin, quand je dis aujourd'hui, jusqu'au 5 septembre, quoi. Donc si si, le latin, ça peut parfois servir à quelque chose, je vous assure. Ou du moins, ça peut parfois servir à autre chose qu'à vous pourrir votre moyenne avec des notes en dessous de 6, et à vous imposer 8 heures de travail hebdomadaire. Jusqu'à mon arrivée en khâgne, je ne voyais pas trop l'intérêt du système parrain/filleul (qui d'ailleurs, dans 80% des cas, est un système marraine/filleule). C'est aussi un système plus ou moins perpétué par la tradition khâgnale qui veut que le jour de son intégration, un Deuxième année prenne en charge un ou deux Première année pour le(s) guider, le(s) conseiller, faire connaissance, faire partager son expérience, etc. 

En hypokhâgne, je trouvais ça vraiment cool (une amie déjà khâgneuse m'avait parlé de ce système), et j'attendais avec impatience de rencontrer mon futur parrain ou ma future marraine. Ce fut un parrain, qui avait l'air sympa, mais assez timide. Il me fut désigné par une sorte de tirage au sort lors de l'intégration. Chaque hypokhâgneux devait boire une sorte de breuvage dégueulasse en guise de premier bizutage, et au fond du verre se trouvait le nom de mon parrain. On s'est présentés, puis on a discuté cinq minutes, et n'étant pas spécialement locace, la conversation s'est vite épuisée et afin d'éviter un long silence gênant pendant une soirée aussi "cool", nous avons tacitement décidé de retrouver chacun nos potes, et nous ne nous sommes plus jamais reparlé depuis ce jour. Même si on se croisait parfois dans les couloirs, il ne m'a jamais saluée, ni rien. J'ai trouvé ça assez dommage, et ça m'a un peu déçue.

Malheureusement, après m'être renseignée auprès de mes potes hypokhâgneux, j'ai découvert qu'en fait, les relations parrains/filleuls en khâgne se terminaient souvent ainsi. Même si quelques hypokhâgneux sont potes avec quelques khâgneux, globalement, les promos ne se mélangent pas, et les khâgneux apparaissent comme des "grands", intouchables, aux yeux des hypokhâgneux. Et les hypokhâgneux comme des "petits" aux yeux des khâgneux. Ce qui est idiot, évidemment. Nous n'avons qu'un ou deux ans d'écart tout au plus. Et nous partageons les mêmes intérêts. Mais bon, nous ne sommes pas dans la même classe, et forcément, nous ne pouvons pas tisser les mêmes liens qu'avec nos compagnons de galère...

C'est pour cela qu'en arrivant en khâgne, je me suis dit que les choses DEVAIENT changer. Bref, j'me suis fait un scénario de révolution, pour que les relations parrains/filleuls en khâgne soient de vraies relations humaines. Entre nouveaux khâgneux, en septembre 2011, nous avons organisé notre intégration. Nous avons décidé que l'attribution des parrains aux filleuls se ferait de la manière suivante : sachant qu'il y a deux fois plus d'hypokhâgneux que de khâgneux, chaque khâgneux a en moyenne deux filleuls. Chaque khâgneux a donc amené deux livres de son choix. Tous les livres ont été mélangés et disposés au hasard sur les gradins. Les hypokhâgneux devaient ensuite rentrer et choisir leur place en fonction du livre qui les attirait le plus. C'était au tout début de l'année, mon déménagement n'était pas encore terminé, j'avais donc très peu de livres (uniquement ceux du programme et quelques autres). J'ai donc choisi d'amener mon fidèle exemplaire du Latin pour les Nuls (dont je recommande la lecture au passage, il m'a beaucoup servi, surtout en hypokhâgne). Et ma filleule a choisi de s'asseoir à l'endroit où il avait été déposé ! Depuis ce jour, nous sommes toutes les deux unies par les liens de la nullité en latin.

Evidemment, j'ai eu beaucoup de chance de tomber sur une fille ouverte, généreuse, sympa, drôle et vraiment adorable. On a tout de suite discuté, on a tout de suite sympathisé et on s'est tout de suite adorées. D'ailleurs, elle a adoré que je la bizute. Elle a tout fait avec un ravissement exemplaire. C'était vraiment génial, comme inté. Le soir-même, pendant l'apéro géant, on a échangé nos numéros, et le lendemain, on mangeait ensemble, au RU. Et de nombreuses fois dans l'année, on se donnait rendez-vous pour manger ensemble. Et chaque fois qu'on se voyait dans les couloirs, on prenait 5-10 minutes pour discuter. On s'envoyait des textos réguliers pour se donner nos notes, partager nos angoisses et nos joies, et d'ailleurs la plupart du temps, c'était plutôt elle qui me rassurait et me consolait. Et ainsi, on est devenues trop potes. Son groupe de potes hypokhâgneux s'est plus ou moins greffé à notre groupe de potes khâgneux et il nous est arrivé de faire la fête ensemble, promos mélangées (surtout à la fin de l'année). 

Le truc qui est trop cool, c'est que nous sommes les seules dans ce cas là. Dans ma khâgne, personne n'a tissé de lien amical aussi fort avec ses filleuls. J'en suis ravie, car j'ai l'impression (peut-être un peu égoïste) que notre amitié est unique ! Mais en tout cas, ce qui me réjouit vraiment, c'est qu'elle passe en khâgne, et que moi je khûbe, ce qui veut dire que cette année, nous serons à notre tour des compagnes de galère...


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