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Visite ORL #13 : Sorry seems to be the hardest word

Publié le 05 octobre 2012 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Visite ORL #13 : Sorry seems to be the hardest wordS’il est bien quelque chose qui est compliqué sur cette terre, c’est le pardon, tant le demander que l’accorder. Il faut parfois un long cheminement personnel, la conscience que tel ou tel acte peut blesser l’autre… Il arrive aussi que la personne blessée puisse en retour ajouter une blessure plus grave. Dans ce cas, le pardon semble impossible. Je crois même qu’avec je t’aimepardon soit la chose la plus dure à dire à quelqu’un.

J’avais trouvé intéressant dans le cadre de mes études de disserter sur la régulation et la surenchère de la violence dans la France féodale. Je m’étais appuyée pour cela sur la chanson de geste Raoul de Cambrai, où on répondait aux coups par d’autres et où le seul qui avait osé pardonné était finalement le grand perdant de l’histoire. Autres temps, autres mœurs… Tout cela pour dire qu’il est plus facile de taper en retour plutôt que d’arrêter les frais et de se dire que ce serait plus sain d’en discuter tranquillement.

Comme toute chose compliquée, le pardon a aussi inspiré les artistes. S’il est vrai que la plupart des chansons sur le pardon sont niaises ou sirupeuses – un peu comme les chansons qui parlent d’amour, finalement –, certaines gardent quand même une force de persuasion extrêmement forte. Voici donc ma petite sélection graduée, parce que, moi aussi, j’ai à me faire pardonner :

Tiziano Ferro, Perdono

Visite ORL #13 : Sorry seems to be the hardest word

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Une chanson en italien adaptée pour le public francophone, déjà, c’est suspect. Mais en plus, cette musique R’n'B à deux balles et cette voix de canard… A vrai dire, ça, c’est la chanson du kéké de base pour se faire pardonner. Si la personne en face n’arrive pas à voir au-delà de la superficialité de la demande de pardon, cette chanson ne peut que l’impressionner. Personnellement, j’aurais du mal à pardonner à une personne qui me chante cette chanson pour me demander pardon. Je lui en voudrais toujours, mais pour avoir des goûts de chiotte.

Bryan Adams, Please forgive me

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Là, on est dans le concept tout à fait anglo-saxon de la fabrication du bon sentiment. Je n’ai absolument rien contre Bryan Adams – il a composé la chanson-phare du film culte de mon enfance, à savoir Robin des Bois, prince des voleurs –, mais il est vrai qu’en termes de démonstrations de sentimentalisme à la dégoûlinade, on se situe là. Passer Please forgive me, cela revient pour moi en gros à acheter une rose au pakistanais quand tu es au resto avec ta copine. Voilà. C’est tellement obvious et attendu qu’on ne prête même pas attention.

Feist, So sorry

Visite ORL #13 : Sorry seems to be the hardest word

Visite ORL #13 : Sorry seems to be the hardest word
Comme toujours, chez Feist, on est dans le sobre et l’essentiel. Pas de grandes envolées lyriques, jusque quelques mots susurrés, comme pour avouer un secret honteux. Non pas que je dise que c’est honteux de demander pardon, mais je trouve que Feist, sur ce coup, est l’archétype de la demande de pardon responsable, sans mot plus haut que l’autre. Tiens, ça me fait penser que je n’écoute pas assez souvent The Reminder. En même temps, cet album se réfère à une partie de ma vie, donc il me faut la maturité pour pouvoir le réécouter sans pleurer…

Elton John, Sorry seems to be the hardest word

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Là encore, on est dans la débauche de lyrisme et de bons sentiments, mais malgré tout, je pense qu’Elton John touche un point précis qui me caractérise en particulier : il est très difficile de trouver le ton juste, les mots justes pour demander pardon. Parfois, cela arrive au mauvais moment, ou alors la personne à laquelle on a à demander pardon n’est pas réceptive à notre supplique. C’est bien pour cette raison que pardon reste le mot le plus dur à prononcer.

Christophe Miossec, L’infidélité

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Quand la personne qui demande pardon se heurte à un refus, c’est là que vient le plus dur : avoir à justifier sa faute, avoir à ramper pour justifier de sa bonne foi… Christophe Miossec, avec sa plume tellement affûtée, donne du relief à cette situation tellement précaire qu’est l’humiliation face au refus du pardon – ici dans un cas d’infidélité. Il explique tout le mécanisme de torture mentale quand l’autre refuse d’ouvrir son cœur blessé. Et ça reste pour moi la plus belle chanson pour demander pardon.

Bref, ces chansons nous montrer que demander pardon ne se fait pas à la légère. Il faut d’abord avoir conscience que l’autre est blessé. Il faut ensuite comprendre ce qui, dans notre comportement, a blessé l’autre. Dès lors, la demande de pardon ne peut être que sincère. Cela peut demander du temps, mais au final, demander et surtout accorder le pardon sont les choses les plus courageuses qui soient, et par conséquent, les plus dures à faire.



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