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La durée du trouble d’adaptation et les traits narcissique

Publié le 05 décembre 2012 par Veritejustice @verite_justice

Capture d’écran 2012-12-05 à 10.30.47 La durée du trouble d’adaptation et les traits narcissique. Un grand mystère!

Au cour d’un article précédent nous avons abordé le trouble d’adaptation dont fut victime une infirmière suite à 3 agressions au travail.

Le premier incident soit ou l’employée s’était fait dire de ne plus laisser de message sur le répondeur téléphonique du docteur car cela le faisait chier datait d’environs une semaine après 11 septembre 2008 et le dernier événement survient le 30 octobre 2008 alors que cette fois le même docteur en était rendait à dire à la travailleuse qu’il « veut donner un coup de pied dans le ventre.

La travailleuse fut victime de 3 évènements par le même docteur sur une période totale d’environs 30 jours.

Ce n’est qu’en juillet 2009 que la travailleuse est revenu de façon progressive à son travail.

[43] Le 20 octobre 2009, madame C… se rend au bureau du psychiatre Gilles Chamberland afin d’obtenir une expertise psychiatrique.

[44] À l’historique des faits, le docteur Chamberland rapporte, en plus du suivi médical, le résultat du rapport du médecin examinateur désigné pour traiter la plainte de la travailleuse. Ce dernier indique que les propos du docteur F… n’avaient pas leur raison d’être et portaient le poids des tensions se déroulant au département A.

[52] Il stipule ensuite que l’événement crucial est le dernier puisque c’est à compter de ce moment que surgit le sentiment de crainte. Il s’agit clairement, à son avis, d’une menace physique totalement gratuite [..]

LE PREMIER MYSTÈRE

Nous allons maintenant nous attarder sur l’évolution de la médecine sur une période de 23 mois alors que dans cette histoire le travailleur fut victime d’une agression verbale.

[45] Le travailleur, qui pleure à plusieurs reprises lorsqu’il relate l’événement, indique que la rencontre avec monsieur Beaudoin a commencé à 9 h et qu’elle a duré exactement 45 minutes puisqu’il pouvait voir une horloge située devant lui. Il ne peut se rappeler les termes exacts utilisés par monsieur Beaudoin, mais il relate que, dès son entrée dans son bureau, il constate que « les veines lui sortent du cou », « qu’il est enragé rouge ». Il témoigne avoir fait l’objet d’une démolition systématique durant toute la rencontre.

[46] Selon sa version, monsieur Beaudoin « ne se contrôlait plus, au point qu’il a eu peur pour sa sécurité ». Il affirme n’avoir rien dit « j’étais gelé bien dur, il voulait pas que je parle, il n’y avait pas de place pour parler de toute façon ». Il indique à un moment de son témoignage que le ton était peut-être moins élevé durant les cinq à dix premières minutes de la rencontre, mais que le ton a levé par la suite. Il a cependant constaté dès le départ que cela risquait de s’envenimer. Le travailleur s’est demandé ce qui pouvait justifier ce comportement aussi violent à son égard. Il se demande s’il s’était trompé, s’il avait fait une erreur dans son travail de président pour subir une violence aussi importante.

[..]

[75] Le 26 juillet 2011, le travailleur est évalué à la demande de l’employeur par le docteur Gilles Chamberland, psychiatre. Après avoir révisé le dossier et évalué le travailleur, il conclut à un diagnostic de trouble d’adaptation avec humeur anxieuse et dépressive en rémission complète. Au cours de son examen mental, il constate que le travailleur ne présente pas de trouble de perception et qu’au niveau du contenu « on ne note pas d’autodévalorisation ni de culpabilité inappropriée ». De plus, il constate que les capacités d’attention et de concentration ne sont affectées d’aucun déficit et que « la mémoire est bien préservée autant lorsque testée de façon immédiate, qu’à court terme ou à long terme ». Il est d’avis que le travailleur ne présente aucun trouble de personnalité pathologique dans son diagnostic sous l’axe II et il ajoute que le travailleur « présente toutefois certains traits de la personnalité narcissique ».

[..]

[77] Ce psychiatre est aussi d’avis que selon les informations dont il dispose, il est possible que le travailleur ait été débordé par les épisodes de pleurs et de culpabilité au cours de la première semaine qui a suivi l’événement. C’est ce qui fait qu’il était inapte au travail pour environ une semaine à son avis. Enfin, le docteur Chamberland répond ainsi à la question suivante :

QUESTION 5 – Est-il plausible qu’une altercation verbale unique entre un travailleur et un dirigeant syndical puisse déterminer une incapacité au travail de presque trois semaines et que cela puisse être attribuable à un « accident de travail » ?

Tel que mentionné, dans le cas qui nous préoccupe, il faudrait plutôt parler d’une incapacité au travail qui aurait dû s’échelonner sur environ une semaine au maximum. Cette évaluation est faite en prenant en compte la version de Monsieur quant à ses symptômes et ce qu’il a vécu. 

Il serait toujours possible d’imaginer une situation où une altercation verbale unique entre un travailleur et un dirigeant syndical entraînerait une incapacité prolongée au travail. Toutefois, une telle altercation devrait contenir des éléments tels qu’une menace de mort sérieuse ou une intimidation face à la personne ou sa famille. L’altercation devrait contenir des éléments objectivables traumatiques. Une telle agression pourrait avoir pour effet d’entraîner chez la personne une anxiété légitime après les événements. Il n’y a rien de tel dans le présent dossier. 

Dans l’événement dont il est question, nous ne retrouvons pas d’éléments justifiant une incapacité au travail pouvant s’étendre sur plus d’une semaine ni même d’éléments qui relèveraient d’un accident du travail. 

[..]

[79] De son côté, le représentant du travailleur a obtenu une expertise psychiatrique rédigée le 2 mai 2012 par le docteur Michel Grégoire qui a évalué le travailleur la veille, après avoir révisé le dossier et pris connaissance de l’expertise du docteur Chamberland. Le travailleur lui mentionne qu’il lui est arrivé souvent dans ses fonctions syndicales de rencontrer « des gens mécontents, qui grognaient, qui étaient insatisfaits, qui pouvaient sacrer, mais il n’a pas souvenir d’avoir été confronté à des situations de violence ou de s’être senti menacé ». Il lui rapporte aussi ne jamais avoir éprouvé de problèmes lors d’assemblées contradictoires.

[..]

[82] Au terme de la révision du dossier et de son examen objectif, le docteur Grégoire constate que le travailleur n’a pas d’antécédents génétiques ou personnels de maladie psychiatrique et que l’histoire longitudinale ne donne pas d’indices objectifs qui permettraient de poser un diagnostic de trouble de la personnalité. Il note cependant au plan du caractère la présence de certains traits de la lignée narcissique qu’il rencontre «chez de nombreux individuset qui ne constitue pas en soi un trouble de la personnalité ».

SELON LA CLP

[86] De l’avis du tribunal, il ne fait aucun doute qu’il est survenu un événement imprévu et soudain le 11 avril 2011 alors que le travailleur a été agressé verbalement par un collègue de travail.

[88] Un événement imprévu et soudain dans le cadre d’une lésion psychique est donc celui qui, objectivement, possède un caractère possiblement traumatisant au plan psychique

[..]

[92] Par ailleurs, le fait que le travailleur ait pu ressentir une certaine culpabilité, comme le souligne le docteur Chamberland, ne peut, selon le tribunal, expliquer à lui seul le trouble d’adaptation qu’il a vécu, puisque cette pathologie découle en premier lieu des gestes de monsieur Beaudoin. D’ailleurs, même si le travailleur a un certain sentiment de culpabilité, les notes évolutives colligées par la CSST à l’occasion de la collecte de données contemporaine à l’événement font ressortir que le travailleur a été traumatisé par un comportement agressif et violent de monsieur Beaudoin et qu’il a craint d’être attaqué à cause de sa violence verbale et de son comportement

[93] Enfin, bien que le travailleur présente, comme bien des personnes, un certain trait de la personnalité narcissique, cette condition ne peut expliquer à elle seule sa réaction.

[94] À cet égard, il y a lieu de rappeler que la fragilité d’une personne ne peut constituer un obstacle à la reconnaissance d’une lésion professionnelle lorsque, comme dans le présent dossier, il survient un événement imprévu et soudain qui peut avoir un rôle significatif dans la genèse de la pathologie diagnostiquée.

Lire l’intégralité du jugement: Cliquer ici

Commentaire: Mon premier commentaire suite à la lecture du jugement fut de me demander comment la médecine pouvait changer aussi rapidement alors qu’en 24 mois ce qui ne semblait pas avoir sa place et justifiait les effets sur la travailleuse sur une période de pratiquement 9 mois était rendu maintenant sujet à ce qui aurait dû s’échelonner sur environ une semaine au maximum


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