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Beaufort

Par Rob Gordon
BeaufortMême si c'est assez vrai, on évitera de clamer que Beaufort est un film beau et fort (la facilité n'est pas l'apanage de ces lieux). Ce serait pourtant rendre idéalement justice à ce film israélien d'une sobriété et d'une puissance assez imparables. Ni film de guerre traditionnel (quelques explosions, oui, mais aucun coup de feu) ni pamphlet anti-militariste, Beaufort vide apparemment un objectif plus modeste mais finit par en dire davantage que des films plus orientés et appuyés. Décrivant l'attente et l'ennui d'une poignée de soldats israéliens tapis dans une base militaire en attendant de pouvoir la quitter, le film de Joseph Cedar dresse le portrait d'une jeunesse salie par des impératifs militaires vains et souvent ridicules. Le metteur en scène compose habilement avec les contraintes du sujet (huis-clos, couleurs ternes) pour livrer une mise en scène discrète, épurée mais travaillée. Malgré l'enfermement, Beaufort n'a rien d'oppressant. Si l'on étouffe un peu, c'est parce que dans cette guerre comme dans les autres, la mort peut surgir à n'importe quel instant malgré le calme apparent.
Même s'il diffère de par son ton (il y a ici peu d'occasions de rire, même jaune), le film fait penser à No man's land de Danis Tanovic, où déjà les moments d'attente et de répit étaient les plus inquiétants. Ce choix du profil bas donne une réelle efficacité au film et permet à Cedar de lui donner une dimension politique sans se faire trop édifiant ou lourdingue. Malgré quelques longueurs çà et là (l'ennui de ces pauvres soldats est parfois communicatif), Beaufort s'impose comme une oeuvre mineure mais assez essentielle, qui n'a pas volé sa nomination à l'Oscar du film étranger.
7/10
(également publié sur Écran Large)

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