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[feuilleton] Antoine Emaz, « Planche », 5/20

Par Florence Trocmé


Fin de la taille des rosiers, et lecture des poèmes berlinois envoyés par Benoît Iochum. Je n’ai jamais rencontré ce jeune poète, mais son travail est intéressant. On sent que la langue flotte un peu, mais on sent tout autant une volonté de la mener, sans se laisser embarquer par elle. Il y a certes un peu trop de neige dans les derniers poèmes, et l’influence de du Bouchet est peut-être un peu forte par endroits. Mais une voix tient et s’affirme, ce qui n’est pas si fréquent. 
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Attente des retours après l’envoi d’un nouveau livre : une sorte d’anxiété diffuse : ça passe, mal, pas ? Ce moment d’exposition n’est pas vraiment facile, mais c’est ce qui rend aussi précieuses les lettres amicales et chaleureuses, quand elles arrivent. 
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J’aime bien chez Sarré le côté Jules Renard : butiner le quotidien. Ne pas chercher l’admirable mais le notable, telle cette femme qui sort de l’immeuble avec son cabas de poireaux alors qu’il aurait été plus normal qu’elle  rentre dans l’immeuble, après le marché. Ce n’est pas le mystère de la chambre jaune, cette dame va peut-être livrer des poireaux chez une amie qui n’a pu aller au marché. Mais j’aime cet éveil du regard. La poésie comme étonnement, et les plus fréquentes surprises, au quotidien, sont minimes. Viser le relief du banal. 
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Dans le journal, ce midi, un article de Martine Larouche : « La souffrance psychique au travail peut se manifester sous différentes formes : stress, syndrome anxio-dépressif, ulcère, problèmes de sommeil, troubles psycho-somatiques comme le mal de dos. Elle peut conduire à l’alcoolisme, voire au suicide. » Jusqu’ici, j’ai tout bon, sauf ulcère et suicide. Et la journaliste ajoute : « Elle peut être générée par l’entreprise ou provenir de problèmes personnels amplifiés par les contraintes professionnelles. » Encore tout bon. Vraiment, ne me manque que l’ulcère suicidaire pour devenir un cas d’école. 
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Il a une intelligence si brillante que lorsqu’on le croise, on a envie de lui demander de passer en code. 
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Accepter aussi que la critique me touche, voire me blesse. Ou bien je ne serai plus capable d’écoute, de mise en doute du boulot. Je ne dis pas obéir, simplement entendre ce qui rend pour l’autre le poème fragile ou médiocre.  
Les livres faits parfois encombrent, faussent l’œil qui voit déjà un entassement, une œuvre : au mieux, cela permet de s’autoriser à se risquer plus loin, au pire, cela valide n’importe quoi de plus. On ne va pas se plaindre de cette situation, elle facilite la vie. Encore faut-il entendre ce qui se dit en coulisses : « un bouquin de trop », « cela fait longtemps qu’il est mort », etc… 
épisodes 1, 2, 3, 4,
suite le vendredi 18 janvier 2013  
©Antoine_Emaz 


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